On n'est pas des pigeons

Reports de soins de santé dans les hôpitaux: bilan des retards et temps de rattrapage

Près de la moitié des lits des services de soins intensifs sont occupés par des malades du Covid. En même temps, l'absentéisme des infirmiers et infirmières dans ces services est important. Conséquence : des soins chirurgicaux et de médecine interne doivent être postposés pour nombre de patients.

Une étude conjointe de l'INAMI, du SPF Santé publique et de l'AFMPS (l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé) dresse un bilan des retards et des temps de rattrapage pour les trois premières vagues.

Des choix au quotidien

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Au CHR de la Citadelle à Liège, 25% des opérations chirurgicales non urgentes sont reportées à cause notamment de l'occupation des lits de soins intensifs par des patients atteints du Covid. 

... nos coordinateurs du bloc opératoire, des urgences et des soins intensifs se réunissent pour savoir quel patient on va opérer le lendemain, pour savoir quel patient on est capable de reporter.

Tous les jours les médecins doivent faire des choix. Jean-Louis Pepin, directeur médical du CHR La Citadelle précise: "Ca fait déjà plusieurs semaines que chaque jour, nos coordinateurs du bloc opératoire, des urgences et des soins intensifs se réunissent pour savoir quel patient on va opérer le lendemain, pour savoir quel patient on est capable de reporter". Car il s'agit bien de reporter des soins. Presque tous sont non essentiels, mais tous devront finalement être dispensés. Du retard, il y en déjà eu depuis la première vague Covid.

Des années pour rattraper le retard des soins

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... les soins dit "non urgents" ou "non essentiels" mettront des mois, voire des années avant d'être récupérés.

Comment rattraper ce retard ? Jean-Louis Pepin observe qu': "il faut savoir qu'une opération chirurgicale n'est pas l'autre. Une intervention pour une cataracte, ça peut prendre plus ou moins une heure, tandis qu'une intervention de chirurgie cardio-vasculaire, ça prend plusieurs heures. Pour rattraper douze opérations de cataracte, il faut plus de temps que pour remettre une seule opération de chirurgie cardio-vasculaire. Donc les soins dit "non urgents" ou "non essentiels" mettront des mois, voire des années avant d'être récupérés"

Pour rattraper douze opérations de cataracte, il faut plus de temps que pour remettre une seule opération de chirurgie cardio-vasculaire.

Il faudra en effet des années pour récupérer ces soins. Une tout récente étude conjointe de l'INAMI, du SPF Santé publique et de l'AFMPS (Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé) estime qu'après les trois premières vagues Covid, il faudra plus d'un an pour rattraper le retard des prestations chirurgicales essentielles et plus de 4 ans et demi pour le retard des opérations non essentielles.

Conséquences sur la santé

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Il faudra donc être patient ! Tout ce temps perdu aura des conséquences sur la santé.

Ca ne peut que questionner effectivement sur cet impact indirect et non chiffré des pathologies moins bien prises en charge.

Marc Vranckx, directeur médical du CHR Namur, estime que "l'effet sur la santé des patients est aujourd'hui, non déterminé. On sait effectivement des premières vagues qu'il y a un nombre anormalement bas de dépistages de cancers, un nombre anormalement bas de diagnostics d'infarctus qui ont été posés." Et de noter que "Ca ne peut que questionner effectivement sur cet impact indirect et non chiffré des pathologies moins bien prises en charge". 

L'étude de l'INAMI précise ces pathologies. Lors de la troisième vague (avril-mai 2020), les opérations vasculaires et d'otho-rhino-laryngologie ont accusé les plus grands retards et en médecine interne, la pneumologie et la gériatrie ont été principalement concernées. 

Engager infirmiers et infirmières

Medical team walking in the corridor of a hospital
Medical team walking in the corridor of a hospital © Tous droits réservés

Une des solutions avancées : l'engagement d'infirmiers et d'infirmières.

... en engageant des infirmières, on diminue la durée de séjour, on diminue le risque d'infections nosocomiales et le taux de réadmission à l'hôpital et également, la mortalité.

Selon Arnaud Bruyneel, vice-président de l'association Siz-Nursing, qui regroupe des infirmiers des soins intensifs, on pourrait même faire des économies : "En fait, une étude publiée dans la revue prestigieuse "The Lancet" démontre qu'engager des infirmiers et infirmières coûte deux fois moins cher à la Sécurité sociale, parce qu'en engageant des infirmières, on diminue la durée de séjour, on diminue le risque d'infections nosocomiales et le taux de réadmission à l'hôpital et également, la mortalité"

En ces temps très compliqués c'est bien ce que tout le monde espère.


Retrouvez "On n'est pas des pigeons" en replay sur Auvio.

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