Jupiler Pro League

Reprise du Standard : toujours pas de fumée blanche à l’horizon

La situation au Standard n’est pas encore claire.

© BELGA

En battant le Beerschot hier soir, le Standard a virtuellement assuré son maintien dans une première division… qu’il n’a plus quittée depuis plus d’un siècle !

Avec 9 points d’avance sur le barragiste sérésien à cinq matchs de la fin, il ne peut en effet plus rien lui arriver de fâcheux à cet égard.

Mais, dans les coulisses, c’est toujours l’incertitude quant à l’avenir "existentiel" du club. Dans une interview du début de mois de novembre 2021, le président Venanzi évoquait, déjà, l’arrivée de nouveaux investisseurs. Annoncés pour janvier, puis février, ils pourraient finalement être dévoilés à la fin du mois de mars, si tout va bien… D’aucuns se demandent si ce n’est pas finalement un peu l’histoire de l’Arlésienne, la nouvelle de l’auteur Alphonse Daudet. Un personnage qui est l’objet de toutes les discussions, dont la venue est tant attendue et espérée mais qui n’arrive jamais. Et puis, une chose est sûre, plus les repreneurs potentiels attendent, plus le club perd de sa valeur. Les dettes sont toujours là et les perspectives de rentrées financières sont assez médiocres puisqu’il n’y aura pas de coupe d’Europe la saison prochaine.

En se séparant d’Alexandre Grosjean, son très contesté CEO, Bruno Venanzi pensait avoir calmé les supporters. Les récents événements ont prouvé qu’il n’en était rien. Une frange des supporters réclame et encore et toujours la démission présidentielle.

Investissement ou rachat ?

Dans le même temps, comme tous les autres clubs de la ProLeague, le club doit répondre à une série de questions posées par l’Auditorat des Licences avant l’acceptation officielle par la Commission des Licences de la Fédération le 23 mars. S’ils n’obtiennent pas le précieux sésame, les clubs seront convoqués à partir du 31 mars pour un examen oral décisif.

Pour le reste, plusieurs scénarii sont possibles pour l’avenir du matricule 16 :

  • Le Président Venanzi vend le club et la société immobilière, propriétaire du stade, en tentant de reprendre sa mise de départ. Pour mémoire, il a payé 17 millions d’euros lors du rachat du club à Roland Duchâtelet en juin 2015 et a il a ensuite investi 10 millions, avec deux augmentations de capital de 5 millions chacune. Cette somme avoisinant les 30 millions fait-elle reculer de potentiels acheteurs et /ou investisseurs ? L’écart est-il trop grand entre l’offre et la demande ? Il faut bien considérer en effet que le Standard acheté par Venanzi à Duchâtelet se portait beaucoup mieux, tant financièrement que sportivement.
  • Voilà ce qui pourrait expliquer l’important retard pris par rapport aux déclarations de novembre dernier. En achetant le club et l’immobilière, les nouveaux propriétaires du Standard pourraient alors faire revenir le stade dans le giron du club. Ceci leur imposera de rembourser les différents actionnaires et les prêts consentis avec des intérêts significatifs (on parle d’un taux de 6%) par certains d’entre eux, dont Axel Witsel.
  • Le Président Venanzi vend le club mais conserve la société immobilière ainsi que le projet d’aménagement et d’extension du stade. Avec, à terme, un loyer de plus de 4 millions par an, ce qui plomberait assez sérieusement les finances du club détenu par de nouveaux propriétaires. Même si ce projet de rénovation du stade semble devenu fragile voire bancal ces derniers mois. Plusieurs membres du gouvernement wallon ont en effet demandé à la SOGEPA, le bras financier de la Région Wallonne, de se porter garant pour un prêt bancaire de 80 millions d’euros nécessaires au projet immobilier. Mais aussi pour entrer dans le capital du club. La SOGEPA y a opposé récemment un niet catégorique. Le projet immobilier pourrait, dès lors, être scindé ou réduit avec simplement la construction d’un " Business-Center " qu’une banque accepterait alors de financer. C’est dans ce cadre que Bruno Venanzi poursuit à l’heure actuelle ses négociations avec le monde bancaire.
  • Le Président Venanzi vend la majeure partie de ses parts mais demeure actionnaire minoritaire, tout en conservant, par exemple, le poste honorifique de président du club. C’est la piste qu’il semble vouloir privilégier depuis le début du processus. C’est-à-dire depuis le début des négociations avec les candidats déclarés auprès de la société PWC qui avait reçu mandat du Standard pour récolter les candidatures des repreneurs et des investisseurs potentiels.

Un étrange attelage américano-canadien

Pour rappel plusieurs pistes ont déjà été évoquées. Dont celle d’investisseurs russes qui étaient venus voir le match contre Charleroi. On imagine qu’au vu des événements récents, cette piste n’est plus du tout d’actualité. On a aussi parlé d’une piste dubaïote. Et, selon nos informations, un contact, peu fructueux, a également eu lieu entre le Fonds d’investissement américain "777" et le président du Standard. Les Américains auraient reculé vu le prix demandé avant de se rabattre sur le club brésilien de Vasco de Gama, eux qui sont déjà propriétaires du club de Genoa en Italie.

Restent enfin ceux qui semblent toujours en piste. Les derniers sans doute même si on continue étonnamment à évoquer des offres "liantes" plutôt qu’exclusives… Naguère, ces hommes sont venus d’outre-Atlantique pour visiter les installations du club et assister au match Standard-Bruges. Le Canadien John Chayka (32 ans) et l’Américain Jared Porter, de dix ans son aîné. Un étonnant attelage américano-canadien. John Chayka est devenu à 26 ans le plus jeune CEO d’un club de hockey sur glace de la NHL. Il s’agissait des "Coyotes de l’Arizona". Après avoir développé une société basée sur les " datas " en hockey, il était perçu comme un véritable prodige dans le monde du sport canadien. Mais son expérience en Arizona ne fut pas franchement concluante. Les résultats sportifs n’ont pas suivi. Et il a été remercié par son club pour avoir eu, à l’insu de ses employeurs, un "flirt" trop poussé avec les " Devils de New Jersey " autre club de NHL. Plus grave encore, il a été suspendu par cette même NHL jusqu’au 31 décembre dernier pour avoir enfreint les dispositions réglementaires en termes de recrutement de nouveaux joueurs.

Quant à Jared Porter, il est l’ancien directeur du "scouting" des "Red Sox de Boston" puis manager général des "New York Mets" en MLB (Major League Baseball). Il a lui aussi été suspendu en 2021 et jusqu’en 2023 pour harcèlement sur une journaliste (en 2016) à qui il avait, notamment, envoyé des photos de ses parties intimes.

Ces deux hommes seraient à la recherche de plusieurs investisseurs car ils n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour reprendre le Standard. Même si Chayka avec son épouse Kathryn, détient 13 restaurants " franchisés de la chaîne "Wendy’s" au Québec à travers leur société "JKC Restaurants". C’est la famille Vandersmissen (le père Guy, et son fils Kristof, tous deux agents de joueurs) qui a amené ces candidats à Sclessin. On chuchote même que Guy pourrait hériter d’un poste de directeur sportif dans le futur organigramme du Standard en cas de reprise du club par ces investisseurs-là.

Un retour de Lucien d’Onofrio ?

L'ancien président est souvent cité pour reprendre le club.

Pour le reste c’est la période des rumeurs, dans tous les sens. Le nom de Pierre François revient parfois. L’ancien CEO de la ProLeague, aujourd’hui sans emploi, n’a jamais caché qu’il rêvait de redevenir un jour le directeur général du Standard, poste qu’il a occupé de 2003 à 2012 mais son avenir se situe sans doute du côté de Rocourt où il pourrait devenir directeur général du Football club liégeois en cas de monté des " Sang et Marine " en D1b au terme de cette saison.

Le nom de Lucien d’Onofrio est encore plus régulièrement cité ces derniers mois. A l’heure actuelle, il est bien difficile de sonder les réelles intentions de l’ancien homme fort de Sclessin, de 1998 à 2011. Même si on sent bien que, dans l’absolu, un retour en bord de Meuse ne serait pas pour lui déplaire mais à pas à n’importe quelles conditions. Comme toujours, l’homme d’affaire italo-liégeois voudra les pleins pouvoir sportifs. Entre lui et Bruno Venanzi, ce n’est pas un long fleuve tranquille Et les imaginer travailler au quotidien main dans la main semble difficile. Mais pas forcément D’Onofrio en tandem avec son grand ami François Fornieri comme tout le monde le croit. Ou alors peut-être dans un consortium d’investisseurs plus large. D’Onofrio, ne l’oublions pas, possède un solide carnet d’adresses, notamment dans le golfe persique. Avec sans doute de sérieux investisseurs potentiels qui pourraient le suivre. Fornieri, lui, n’a jamais caché qu’il serait vivement intéressé par le rachat du Standard. Surtout depuis le "deal" avorté de novembre 2020, moment où l’ancien patron de la société pharmaceutique " Mithra " était censé injecter 15 millions pour détenir la moitié des parts de la SA Standard. Avant que le "deal" ne capote finalement pour des raisons un peu brouillonnes, convenons-en…

Fornieri, D’Onofrio, Venanzi, trois hommes d’affaires liégeois d’origine italienne. Trois hommes avec leurs caractères propres et, surtout, leurs forts égos. La fierté, l’orgueil, la rancune, autant de composantes émotionnelles et affectives qui semblent bien trop omniprésentes dans le feuilleton " Standard" de ces derniers mois…

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