Résines d’Asie, huiles de cèdre du Liban, bitume de la mer Morte : une étude dévoile mercredi les ingrédients utilisés par les anciens Égyptiens pour leurs momies, et dont la fourniture a influencé le commerce en Méditerranée et jusqu’en Asie.
"Nous connaissions le nom des produits d’embaumement depuis le déchiffrage des anciens écrits égyptiens", a expliqué l’égyptologue Susanne Beck, dans un communiqué de l’Université allemande de Tübingen, "mais jusqu’à aujourd’hui nous ne pouvions que deviner les substances derrière ces noms".
Les fouilles menées par son collègue aujourd’hui disparu Ramadan Hussein, dans la nécropole de Saqqarah au sud du Caire, ont mis au jour en 2016 une collection exceptionnelle de poteries utilisées dans une chambre funéraire.
A Saqqarah, cette chambre funéraire appelée "wabet" se trouve au fond d’un puits, à 13 mètres de profondeur. Après l’éviscération du défunt et le retrait de son cerveau, les embaumeurs, accompagnés de prêtres dédiés, y lavaient le corps et le préparaient pour éviter la décomposition empêchant selon leurs croyances toute vie ultérieure.
Après un traitement pouvant durer jusqu’à 70 jours, certaines des momies ont transité vers un deuxième puits, profond de 30 mètres, pour entamer leur voyage vers l’au-delà.
L’équipe de chercheurs des Universités de Tübingen et Munich, aidée par le Centre national de recherche du Caire, a analysé avec des instruments de pointe les résidus dans 31 récipients du "wabet", datés de la 26e dynastie, il y a plus de 2.500 ans, et a pu les comparer à ceux identifiés dans des récipients trouvés dans les tombes adjacentes.
La découverte est exceptionnelle car des inscriptions sur les pots fournissent des instructions pour l’emploi des préparations. "Pour laver", avec un mélange d’huiles ou goudrons de conifères. "Pour rendre son odeur agréable", avec de la graisse de ruminant et de la résine d’arbuste. Ou encore pour le "traitement de la tête", la partie du corps faisant l’objet du plus grand soin, avec pas moins de trois concoctions.
Les analyses, menées par Maxime Rageot, archéologue à l’Université de Tübingen et premier auteur de l’étude parue dans Nature, révèlent "l’utilisation de substances ayant toutes des propriétés biologiques utiles à la préservation des tissus humains et à la réduction des mauvaises odeurs", a-t-il expliqué dans un point de presse.