"Fleurs" (1913), du peintre expressionniste Lovis Corinth, a été volé par le régime nazi au couple Gustav et Emma Mayer, qui a brièvement vécu à Bruxelles pendant sa fuite de l'Allemagne nazie. Le tableau avait été récupéré après la libération de Bruxelles et confié aux Musées des Beaux-Arts en 1951, faute de pouvoir en identifier les propriétaires.
"Cette restitution, la première par les Musées des Beaux-Arts, est un signal très fort: même des décennies plus tard, la justice peut triompher", a commenté le secrétaire d'État à la politique scientifique, Thomas Dermine (PS). Ce dernier a décidé de cette restitution à la mi-2021 à la suite d'un travail de recherche relancé en 2008 et qui a connu une percée en 2016.
Les ayants droits n'ont pu se déplacer en Belgique pour réceptionner l'œuvre, notamment en raison des restrictions sanitaires. "Ils sont très heureux, c'est très émouvant pour eux", a assuré l'avocate chargée de les représenter, en remerciant les autorités pour le travail fourni.
De son côté, le SPF Économie a annoncé la mise en ligne, dans une banque de données, de 2.800 œuvres obtenues par la Belgique après la Seconde Guerre mondiale et dont l'origine est douteuse, afin de favoriser l'identification d'éventuels ayants droit.
Dans le même temps, les Musées royaux des Beaux-Arts ont inauguré ce jeudi deux salles, l'une sur la contextualisation des biens culturels pillés pendant la guerre, l'autre sur les questions de colonialisme et de diversité. Cette dernière est centrée sur le tableau-étude de Rubens longtemps connu sous l'appellation tardive de "Têtes de Nègres", aujourd'hui intitulé "Quatre études d'une tête".
En précisant les faits et le contexte historiques liés à cette œuvre, le musée entend fonder le débat sur des bases plus scientifiques. Le gouvernement a approuvé récemment un cadre juridique concernant la possibilité de restituer à la République démocratique du Congo des œuvres issues de la période coloniale.
"L'héritage colonial, le sort des biens juifs spoliés, la place de la femme dans l'histoire de l'art, les modalités de ses représentations et la violence qui lui a été faite au fil de l'histoire, la question écologique et le rapport à la nature, etc. Autant de questions qui conduisent à interroger les œuvres", a commenté Michel Draguet, directeur général des Musées royaux des Beaux-Arts.
L'idée est de donner les clés au public pour mener un débat sociétal éclairé, a confirmé Inga Rossi-Schrimpf, directrice des collections et des recherches.