Retour au Far West : pourquoi un lasso high-tech de la police américaine inquiète

D’après le magazine GQ, celle-ci comporterait "beaucoup moins de risques" que le taser qui a fait plus d’un millier de morts depuis 2000.

Mais les voix s’élèvent contre son utilisation qui pourrait être élargie au-delà des forces de l’ordre.

Thomas Smith, son créateur, patron de Wrap, la société qui a également inventé le taser, souhaiterait vendre aussi cet objet aux entreprises privées, aux particuliers, et même aux écoles et hôpitaux. Pour étendre la vente de cette innovation technologique, le BaloWrap 150 ne doit pas être enregistré comme arme à feu par le Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives ATF. C’est pourquoi l’arme ne se base pas sur de la poudre à canon mais sur une technologie proche de celle employée avec les airbags.

Au pays de l’Oncle Sam, le déploiement de policiers et d’agents de sécurité dans les établissements scolaires est habituel mais plusieurs accidents ont été déplorés. Selon le Huffington Post, en 2018, on dénombrait 120 élèves tasés et 32 aspergés au gaz au poivre.

La société de Thomas Smith se targue même de pouvoir trouver un grand nombre de clients potentiels dans l’enseignement. Un document à destination des investisseurs aurait identifié "plus de 4,9 millions de professeurs de primaire, collèges et lycée" rapporte également GQ. Les personnes ciblées ? Notamment les individus "non-conformes", "perturbés émotionnellement", "les malades mentaux" et les personnes à tendance suicidaire. "Beaucoup de personnes que les forces de l’ordre rencontrent ne sont pas que des criminels" explique son inventeur Elwood 'Woody' Norris sur YouTube.

Ce lasso high tech comporte néanmoins des risques pour la santé même s’il se distinguerait par son absence de létalité.

Les petits crochets métalliques qui parcourent la corde en Kevlar "peuvent pénétrer la peau" reconnaît le site de Wrap et un étranglement n’est pas à exclure lors d’un tir au-dessus du buste.

Par ailleurs, les experts en santé mentale s’inquiètent face au côté "non menaçant" vanté par la société de Thomas Smith. "Si quelqu’un traverse une crise émotionnelle, une surstimulation, des hallucinations ou un flashback, c’est absolument une tactique punitive d’utiliser la force ou la retenue contre cette personne" s’insurge Elliot Fukui, membre du Fireweed Collective, un groupe qui offre une éducation à la santé mentale, à Motherboard. "Il est déshumanisant et cruel de supposer que les sans-abri, les neurodivergents, les handicapés et les sourds doivent être maîtrisés comme du bétail parce que nous sommes dans un état altéré ou que nous ne communiquons pas d’une manière que (les personnes handicapées) jugent valide" ajoute-t-il.

Enfin, l’entreprise Wrap déconseille d’utiliser son lasso sur une cible mouvante précise GQ. Les différentes vidéos de test montrent des personnes immobiles, n’opposant aucune résistance, qui reçoivent le projectile. Une efficacité qui interroge aussi sur son usage en situation réelle.

Parmi les autres buzz que l’on trouve ces derniers jours sur le web, Tom Salbeth a épinglé un sandwich garde à vue en France, un aquarium pour qu’un chat puisse observer les poissons, un cubi qui a explosé, Ikea qui a engagé des collaborateurs sur base de leurs t-shirts jaunes, un stade fabriqué avec des containers au Qatar, un challenge talc dans un sèche-cheveux à ne pas reproduire, un travailleur qui a automatisé son job en télétravail.