Anderlecht, terres où il se passe toujours quelque chose. Dans le bon comme dans le mauvais sens du terme. L’année 2022 ne fera pas figure d’exception à Saint-Guidon. Vincent Kompany parti tester sa cote en Angleterre, Felice Mazzu a débarqué en grande pompe, auréolé de son épopée unioniste. Sauf que rien ne s’est vraiment passé comme prévu. Et qu’à peine quelques semaines plus tard, le Sporting a (déjà) du tout recommencer à zéro. Retour sur cette année 2022 un peu folle.
Le coup d’oeil dans le rétro : la classe biberon au pouvoir
“Trust the Proccess”. Au fil des semaines et des mois, le mantra est répété à l’envi par Vincent Kompany, coach du Sporting. Pour relativiser les quelques défaites qui s’accumulent et surtout prôner la patience des supporters et faire confiance aux jeunes.
Et force est d’avouer qu’après des débuts chahutés, la mayonnaise prend tout doucement. Les renforts estivaux (Zirkzee, Gomez, Kouamé) apportent un vrai plus et Coach Kompany parvient à trouver le bon mix entre jeune garde et vétérans plus rodés.
Entre février et avril 2022, le Sporting enchaîne 7 victoires en 9 matches (22 sur 27) et se surprend à tutoyer les sommets du championnat.
Sevrés de trophées depuis 2017, les supporters se remettent, eux, à rêver. Ou plutôt à retrouver des ambitions plus dignes de leurs standings habituels. Malheureusement pour eux, les dernières marches restent trop périlleuses à franchir.
Après avoir raté son match, Anderlecht s’incline en finale de Croky Cup contre Gand. En PO1, le refrain est le même. Incapables de battre l’Union ni Bruges (2/12), les Mauves finissent à la 3e place et oscillent entre la satisfaction d’avoir concurrencé les meilleurs ou la déception légitime de ne pas être parvenus à s’immiscer durablement dans la course au titre.
Le tournant de l’année : Vincent Kompany dit bye-bye
25 mai 2022. La saison vient à peine de sacrer Bruges au bout du suspense, que, déjà, ça bouge en coulisses à Saint-Guidon. Un peu à la surprise générale, alors que les pièces de son ambitieux puzzle semblaient enfin s’imbriquer, Vincent Kompany lève les voiles. Direction la Championship et ce nouveau challenge que symbolise Burnley.
Dans son sillage, c’est tout un pan de l’ossature bruxelloise qui prend le large : Christian Kouamé et Joshua Zirkzee, les deux tauliers de l’attaque bruxelloise, sont rendus à leurs clubs respectifs, Sergi Gomez, révélation de la saison, cède logiquement aux sirènes de Manchester City alors que Josh Cullen, chien de garde de Kompany, suit son coach chez les Clarets. Ces 4 tauliers partis, c’est toute l’architecture du noyau qu’il faut reconstruire.
Pourtant, six petits jours plus tard, les supporters mauves retrouvent le sourire. Felice Mazzu, adulé chez le petit frère unioniste, est débauché pour succéder à Vincent Kompany. Sur papier, le fit est parfait.
Les transferts entrants sont, eux, peu nombreux mais avec les arrivées bling-bling de Fabio Silva et Sebastiano Esposito, le Sporting pense avoir raflé la timbale. C’est donc plutôt ambitieux qu’Anderlecht entame sa saison 2022-2023.
La tuile : Mazzu saute après 146 jours
Sauf que rien ne va se passer comme prévu pour Felice Mazzu à Saint-Guidon. Fébrile capitaine d’un navire qui cherche (peut-être trop vite) à voguer vers les sommets, le Carolo se met une pression d’enfer et tâtonne. Difficile de trouver les bons ajustements, impossible de trouver un semblant de continuité.
Erratiques, les résultats du Sporting deviennent franchement décevants une fois l’automne entamé. En dix jours début octobre, les Mauves encaissent quatre défaites consécutives sans montrer le moindre signe de révolte. Sentant que quelque chose est cassé, le front-office anderlechtois sévit directement après le cataclysme de Sclessin : 146 jours, à peine, après son arrivée en messie, Felice Mazzu est licencié sans ménagement. Et même s’il tente de garder son légendaire optimisme, le coach carolo quitte Saint-Guidon par la petite porte.
La question : un noyau insuffisant ?
Et si l’on ne retiendra sans doute du passage de Mazzu à Anderlecht que son cuisant échec, cela ne doit pas occulter la faiblesse du noyau que le Carolo avait à sa disposition. On l’a dit, les Kouamé, Zirkzee et autres Gomez ou Cullen n’ont pas été remplacés, leurs suppléants ne livrant, pour la plupart, pas du tout satisfaction.
Monstrueuse erreur de casting, le protégé de Romelu Lukaku, Sebastiano Esposito, est déjà rentré à l’Inter après une 1e moitié de saison en mode Casper le fantôme: 1 but en 14 matches.
Fabio Silva montre, lui, beaucoup de bonne volonté mais il semble bien trop esseulé sur le front de l’attaque et n’a plus marqué depuis fin octobre. Arrivé pour 3 millions d’euros, Ishaq Abdulrazak n’a participé qu’à trois rencontres (le temps de prendre un rouge) et n’a plus disputé la moindre minute depuis septembre.
Seules rares satisfactions, les arrivées conjointes de Jan Vertonghen et d’Amadou Diawara pour amener un zeste d’expérience bienvenu. Globalement cependant, ça reste bien trop léger pour espérer jouer les premiers spots en Pro League.
Le regard vers le futur : on en est où du coup ?
Mazzu licencé, c’est donc le coach des jeunes, Robin Veldman, qui a assuré l’intérim jusqu’à la Coupe du monde. Un temps cité pour définitivement prendre les rennes des Mauves, le Néerlandais a finalement mis un pas de côté, laissant le soin à la direction de trouver le vrai successeur de Mazzu.
Assistant à Brentford, c’est finalement Brian Riemer qui décroche la timbale. Il débarque pendant le stage et officie pour la 1e fois officiellement en Coupe de Belgique contre Genk. Et si les Mauves pèchent à la finition et se font punir en prolongation, les bases du Sporting Made in Riemer sont perceptibles : combativité, état d’esprit sainement agressif et vraie volonté de bien faire.
Sauf que côté face, le Sporting manque toujours de réalisme. Ce n’est pas nouveau mais les 120 minutes face aux Limbourgeois l’ont encore dramatiquement illustré. Fabio Silva qui se cherche, Benito Raman en manque de repères, Francis Amuzu toujours aussi peu précis dans le dernier geste, bref ça manque cruellement de poids offensif. Un nouvel attaquant va-t-il débarquer à Saint-Guidon d’ici fin janvier ? “Ce n’est pas dans les plans” bottait Riemer en touche après Genk. Forcément, il ne va pas déjà critiquer son noyau à peine arrivé. Rappelons quand même que, pour l'instant, les Mauves sont 11e avec 20 points sur 48. Ils ont déjà 13 points de retard sur le Top 4 qui semble quasiment inaccessible. Le chantier bruxellois est donc bien entamé. Et il va falloir cravacher. Parce qu'il y a du travail, beaucoup de travail. Le match face à Charleroi l'a bien illustré. Malgré la victoire...