Rétro cyclisme 2022 : l’année "magique" de Remco Evenepoel

Tout commence en Espagne au Tour de la Communauté de Valence. Le 2 février, jour de la Chandeleur, Remco Evenepoel n’est pas venu pour manger des crêpes. Le Belge remporte la première étape de l’épreuve espagnole. Victoire en solitaire 8 jours après son 22e anniversaire.

Dès sa rentrée, le coureur de la formation Quick Step est déjà bien en jambe. Confirmation au Tour d’Algarve où il fait parler sa puissance dans le chrono. Remco gagne la 4e étape et repousse Stefan Kung à près d’une minute ! Une performance qui lui permet d’inscrire son nom au palmarès de la course portugaise pour la 2e fois de sa carrière.

Sur Tirreno, le Belge connait un jour sans. Victime d’un coup de froid dans la 6e étape, Remco Evenepoel perd 4 minutes. Sa première véritable confrontation avec Tadej Pogacar tourne à l’avantage du Slovène. Pogi gagne la course des 2 mers. Remco finit 11e mais rien d’alarmant. Le Belge n’est pas encore à 100%.

Ses premiers objectifs sont plus lointains. Le Belge a les classiques ardennaises dans le viseur. La Flèche Wallonne, mais surtout Liège-Bastogne-Liège, la course de ses rêves. La montée en puissance passe par un stage en altitude à Tenerife. 4e du Tour du Pays Basque et 6e de la Flèche Brabançonne, Remco Evenepoel peaufine sa préparation. Il se met au service de Julian Alaphilippe (Ndlr: 4e au sommet du mur de Huy) à la Flèche Wallonne avant de prendre le départ de Liège-Bastogne-Liège pour la première fois de sa carrière.

C’est avec le dossard 13 que Remco Evenepoel prend le départ de sa première Doyenne. 24 avril 2022, jour du déclic. "Ce jour-là, la pression est partie" explique son père, Patrick Evenepoel. "Il a lu beaucoup de livres sur l’état d’esprit, sur la manière de changer le négatif en positif. Le déclic s’est produit à Liège".

Sur les routes ardennaises, la formation Quick-Step perd Julian Alaphilippe sur chute. Le Français tombe violemment dans une descente. Coup dur pour l’équipe belge. La course d’Alaf s’arrête dans un fossé. Celle de Remco démarre à 29 bornes de l’arrivée. "Dans la Redoute, je voulais mettre une bombe" confessera le Brabançon après la ligne. Une attaque explosive. Tranchante. Personne ne parvient à rester dans sa roue. Remco enclenche le turbo. Il revient sur Bruno Armirail dans la Roche aux Faucons. C’est une démonstration ! Remco passe en mode chrono. Il termine en solo au cœur de la cité ardente. Remco Evenepoel remporte son 1er monument. Un succès 11 ans après Philippe Gilbert, dernier coureur belge au palmarès de Liège-Bastogne-Liège. "Mon premier Liège et je gagne, c’est incroyable. C’est un rêve qui devient réalité" déclare le Belge en larmes à sa descente du podium.

C’était mon meilleur jour sur le vélo. Je ne me suis jamais senti aussi fort

Après cette victoire à Liège, le phénomène de Schepdaal laisse le vélo au garage. Il coupe un mois et s’impose dès sa course de reprise au Tour de Norvège. Le Belge domine complètement l’épreuve. 3 étapes et le classement final. Le compteur de succès continue de tourner

Le protégé de Patrick Lefevere brille sur tous les terrains. Illustration de son appétit d’ogre. Avant de prendre la direction du Tour de Suisse, Remco fait un crochet par... Gullegem. Même dans une kermesse plate comme la main, le coureur belge impose sa loi.

Fin juin, Remco Evenepoel remporte la 8e et dernière étape du Tour de Suisse. Un chrono de 25km où il devance Geraint Thomas de 3 secondes. Préparation idéale pour le championnat national. 4 jours plus tard, il décroche le maillot noir jaune rouge lors des championnats de Belgique du contre-la-montre à Gavere.

Dans la course en ligne, à Middelkerke, sur le parcours ultra plat qui ne lui convient pas, Remco fait encore mal à tout le peloton. Dans les 10 derniers km, le petit prodige place plusieurs accélérations, mais ce jour-là le titre se dispute finalement au sprint. Un sprint massif remporté par Tim Merlier. 2e titre national pour le Flandrien qui sera l’équipier de Remco Evenepoel la saison prochaine.

En juillet, pas de Tour de France pour Remco. Un peu de repos avant un stage à Livigno. Le Belge a choisi le nord de l’Italie pour peaufiner sa condition en vue de la Vuelta. Entraînement en altitude, affutage et montée en puissance. Le coureur de 22 ans reprend la compétition à l’occasion de la Clasica San Sebastian. Comme au printemps, il s’impose dès sa course de reprise. Et de quelle manière ! Remco réalise un nouveau numéro. Le leader du Wolfpack s’échappe à 45 km de l’arrivée. Le Belge dégoute ses adversaires. Il s’impose en solitaire avec 2 minutes d’avance sur Pavel Sivakov. Après son succès en 2019, Remco s’offre un 2e béret basque et prouve qu’il est prêt pour le Tour d’Espagne.  

Une Vuelta qui s’élance des... Pays-Bas. Grand départ à Utrecht le 19 août. Objectif initial pour sa 2e participation à un grand tour? Une victoire d’étape et le top 10 ! Pas question de commettre la même erreur qu’au Giro. Ambitions mesurées. Epaulé notamment par Ilan Van Wilder et Louis Vervaeke, Remco Evenepoel aborde ce Tour d’Espagne au jour le jour.

Dès la 6e étape, le jeune Belge prend le pouvoir. C’est le début de 16 jours en rouge. Un maillot de leader qui lui colle à la peau. Au soir de la 10e étape, 1er objectif rempli ! Remco s’offre le chrono et conforte son maillot. Son plus proche poursuivant, Primoz Roglic pointe à 2’41’’ du Belge avant la 1ère journée de repos.

Remco impressionne surtout par son calme et sa maturité. Une grande sérénité. Une gestion parfaite pendant 3 semaines de course malgré quelques contretemps. Le leader du Wolfpack perd Pieter Serry (positif au covid) et Julian Alaphilippe (victime d’une chute dans la 11e étape) et il chute lui-même dans la 12e étape. Rien de grave. Juste quelques égratignures.

La 3e et dernière semaine de course débute par une grosse frayeur. C’est l’ascenseur émotionnel sur la route de Tomares. La 16e étape est marquée par une fin de course complètement dingue. Crevaison de Remco, attaque et chute de Roglic. Tout cela dans les 3 derniers kilomètres. Pendant quelques instants, l’organisation annonce que le Belge perd son maillot... Finalement, il n’en est rien. Remco reste leader et Roglic abandonne le lendemain à cause de ses blessures.

Son principal rival quitte la Vuelta. La nouvelle menace se nomme Enric Mas. Un Espagnol qui ne va jamais véritablement inquiéter le jeune cycliste de Schepdaal. Remco Evenepoel s’offre un deuxième succès. Il remporte la 18e étape à l’Alto de Piornal et assoit encore un peu plus son pouvoir.

Le Belge se rapproche du graal et assure son succès final à la veille de l’arrivée à Madrid. Prise de conscience et émotion intense. "Je n’ai pas les mots. C’était la journée la plus importante de ma vie". Des larmes de joie de Remco entouré par ses parents, Patrick et Anja.

Je vais célébrer comme si c’était mon dernier jour sur terre

Une performance historique ! Remco Evenepoel remporte la Vuelta. Son 1er grand tour à 22 ans. Le Brabançon devient le 1er Belge à inscrire son nom au palmarès d’un grand tour depuis 44 ans et le succès de Johan De Muynck au Giro.

Le lendemain de l’arrivée à Madrid, le vainqueur de la Vuelta s’envole vers l’Australie. Pas le temps de profiter. Direction Wollongong. Dernier défi de sa saison. Les championnats du monde aux antipodes. Pas à 100% en raison du jetlag, le Belge termine troisième du chrono. Le bronze comme l’an dernier. C’est la 5e année consécutive qu’un coureur belge monte sur le podium des mondiaux contre-la-montre.

Une semaine plus tard, l’équipe belge prend le départ de la course en ligne avec deux leaders. Wout van Aert et... Remco Evenepoel sous le maillot bleu azur pour chasser l’arc-en-ciel.

La Belgique est dans tous les bons coups. Maîtrise tactique et démonstration physique. A 80 kilomètres de l’arrivée, Remco Evenepoel sort de sa boîte. Le récent vainqueur du Tour d’Espagne passe à l’offensive dans le Mount Pleasant, principale côte du circuit local.

J’ai dit à Yves (Lampaert) que j’avais les mêmes jambes qu’à Liège

Le jeune coureur de Schepdaal profite de l’excellent travail de Serry, Dewulf et Hermans avant de placer une nouvelle accélération à 35 km du but. Seul, Alexey Lutsenko parvient à rester dans son sillage. Le Kazakh s’accroche, il tient 10 bornes dans la roue du Belge avant d’exploser.

Remco poursuit en solo. C’est un nouveau grand numéro ! Comme à Liège et à San Sébastian, Evenepoel fait son chrono. 26 km seul contre tous. Le Belge écrase les pédales et s’impose en solitaire. Champion du monde à 22 ans. Un exploit historique. Une performance hors norme. Christophe Laporte, 2è remporte le sprint du peloton. Le Français termine à plus de 2 minutes de Remco. La Belgique retrouve le maillot arc-en-ciel 10 ans après le succès de Philippe Gilbert à Valkenburg.

"Déjà avec la Vuelta, j’étais très heureux" concède le nouveau champion du monde. "Ma saison était réussie. Mais avoir le maillot arc-en-ciel, c’est incroyable ! C’est une saison vraiment magique".

Le retour au pays est triomphal. Ses fans l’attendent dans le hall des arrivées à l’aéroport de Zaventem. Fiesta dans son fief à Schepdaal, citoyen d’honneur à Dilbeek et hommage national sur la Grand Place de Bruxelles. Remco Evenepoel est le nouveau ‘Roi des Belges’. Un gamin de 22 ans qui règne sur son sport.

A Binche-Chimay-Binche, Remco fait sa 1ère course avec le maillot de champion du monde. Bain de foule et passage de témoin. Une passation de pouvoir avec son idole et ancien équipier, Philippe Gilbert qui dispute sa dernière course en Belgique dans la cité des Gilles.

C’est l’année de ma vie, ça va être difficile de faire mieux

2022, année magique. 16 victoires. Un premier monument. Un premier grand tour et le titre mondial. Une fin d’année marquée aussi par son mariage et une razzia de récompenses. Vélo d'or, Géant Flamand, Vélo de Cristal, Flandrien et Trophée national du mérite sportif pour le nouveau golden boy du cyclisme belge.