L’année 2022 n’a rien d’un long fleuve tranquille pour le Standard de Liège. Genèse de ces quelques mois compliqués, le 4 octobre 2021. Mbaye Leye est remercié par la direction après avoir montré toute l’étendue de ses limites en tant que coach et est remplacé au pied levé par Lukas Elsner. L’électrochoc n’a pas lieu.
Bien trop limité en qualité, le noyau traîne son spleen et ne parvient pas à enchaîner les bons résultats. Les renforts hivernaux n’apportent pas grand-chose (Peeters, Rafia, même Donnum à ce moment-là), si bien qu’entre fin janvier et début avril, les Liégeois ne grappillent que 2 victoires sur leurs 11 derniers matches. Les play-offs s’envolent, le Standard finit à une indigente 14e place, soit 8 points, seulement, devant le premier barragiste Seraing.
2e pire attaque de l’élite, incapable d’enquiller deux victoires consécutives depuis août 2021 et en quête désespérée d’identité et de leaders, le Standard navigue en eaux troubles. Et tout doucement, ça commence à gronder en tribunes. Cible des bouillants supporters liégeois ? Bruno Venanzi, l’homme fort du club, à qui ils reprochent un mercato trop frileux et une gestion trop bancale.
Le tournant de l’année : Bruno Venanzi jette l’éponge
Le tournant de l’année 2022 survient le 11 mars 2022 pour le Standard. Plus vraiment en odeur de sainteté, Bruno Venanzi décide de se retirer du board liégeois et de léguer 100% de ses parts à 777 Partners, un fonds d’investissement américain actif dans plusieurs clubs de foot, dont le Genoa en Italie.
Qui dit rachat du club dit forcément rentrée d’argent et donc regain d’ambition pour une équipe davantage habituée à squatter les bas-fonds du classement depuis quelques temps. Les supporters retrouvent le sourire, les quelques joueurs excédentaires quittent le noyau et le Standard recouvre enfin un tantinet d’optimisme.
Reste désormais à s’assurer d’une chose, et non des moindres : trouver le meilleur successeur à Lukas Elsner, coach éphémère du club, dont l’avenir en Bord de Meuse s’inscrit déjà en pointillé après une demi-saison à peine.
L’homme de la situation : Ronny Deila débarque pour secouer le cocotier
Le 13 juin dernier, le couperet tombe : c’est Ronny Deila, coach de 47 ans, qui sera chargé de relancer la dynamique du club. Un Norvégien, tout juste auréolé du titre en MLS avec le New York City FC, qui débarque en Bord de Meuse avec beaucoup d’ambition : "Je souhaite insuffler à notre équipe une nouvelle dynamique, une constance et une culture de l’effort et de la victoire qui nous permettront de renouer avec le succès."
Et très vite, force est de constater que la patte Deila se fait ressentir. Le noyau a certes été renforcé (Laursen, Fossey, Melegoni ou Zinckernagel etc sont arrivés) mais ce groupe, si amorphe quelques semaines plus tôt, se met à revivre. À se battre sur les ballons qui traînent, à s’arracher, à ne plus abandonner au moindre contrecoup. En tribunes aussi, la grinta, et l’esprit Standard insufflés par Ronny Deila plaisent aux supporters. Serait-ce le début d’une saison en mode rachat ?
Les dossiers épineux guettent : Raskin et Amallah au placard
Transformé, le Standard se met donc à tutoyer des sommets de Pro League qu’il ne connaissait plus. Aux portes du Top 4, fermement installés au chaud dans le Top 8, les Rouches retrouvent un classement plus digne de leur standing.
Sauf que, comme souvent, en coulisses, ça chauffe. Et que les épineux dossiers concernant Selim Amallah et Nicolas Raskin, qui ne trouvent pas de terrain d’entente avec la direction autour d’une prolongation de contrat, ne sont toujours pas réglés.
Le Marocain, meilleur buteur du club à ce moment-là, est le premier à valser au placard. À partir du 30 septembre, il ne joue plus une seule minute. Après une légère embellie passagère et des relations qui semblent s’être assainies avec la direction, Raskin lui emboîte le pas. Une publication incendiaire sur les réseaux sociaux sonne le glas de son avenir sportif en Bord de Meuse.
Les deux joueurs sont écartés du noyau. Et même si, face caméra, on tente de garder la face, on sent bien que les soubresauts en coulisses affectent l’ambiance du vestiaire. En panne de création et orphelin de deux de ses meilleurs joueurs, le Standard court d’ailleurs toujours après une victoire en championnat depuis le 29 octobre dernier.
La question : et maintenant, on va vers où ?
Reste désormais la grande question : à l’aube de l’année 2023, vers où va le Standard ? Difficile à dire, tant que les dossiers fâcheux Amallah et Raskin n’auront pas été réglés. À l’heure actuelle, difficile de voir les deux joueurs rester en Bord de Meuse six mois de plus. L’un comme l’autre devrait quitter le navire dès cet hiver.
L’ambiance pourrait donc s’assainir. Reste à voir si les départs conjoints de cette équipe (le meilleur buteur et le meilleur passeur) ne déforceront pas trop le noyau de Ronny Deila. À moins que la direction ne profite de ce mercato hivernal pour faire quelques emplettes et notamment renforcer un secteur offensif un peu trop léger (le Standard a la pire attaque du Top 8).
Dans tous les cas, l’objectif avoué sera sans doute de rester dans le Top 8 pour disputer les PO2 en fin de saison. Parce que même si les Liégeois ne pointent finalement qu’à deux petits points de la 4e place, on ne voit pas vraiment comment ils vont faire pour concurrencer Bruges, Genk, l’Union voire même Gand et l’Antwerp d’ici la fin de saison.
La rencontre face à Gand du weekend dernier l’a d’ailleurs prouvé. Cette équipe a des lacunes et des manquements. Mais également un coeur énorme qui lui permet, par moments, de renverser des montagnes. Reste désormais à voir dans quel sens penchera la balance.