"Ce que Novak Djokovic a fait cette année est phénoménal", commente Philippe Dehaes. "Mais on a aussi vu sa fragilité, à Tokyo et à New York. Cela m’a rassuré, parce qu’on a vu que tout n’était pas écrit d’avance, et que lui aussi pouvait avoir des difficultés à gérer ses émotions. Malgré tout, il reste le grand favori pour aller jusqu’à 21 titres du Grand Chelem".
Novak Djokovic a 34 ans. Qu’a-t-il encore de plus que les autres ? "On a l’impression qu’il joue toujours de la même façon. Il a cette capacité à ne pas jouer moins bien certains jours. Ils jouent tous très bien, les Medvedev, Zverev, Tsitsipas. Et ils sont tous capables d’élever leur niveau à un moment donné. Mais ils peuvent aussi se trouer, certaines semaines. Djokovic, lui, ne se troue pas, et c’est la grande différence. On sait qu’il a des capacités physiques incroyables, qu’il est mentalement très fort, et qu’il n’a pas de lacunes dans son jeu. Mais pour moi, sa grande force, c’est d’arriver à produire son meilleur tennis, systématiquement, dans toutes les compétitions qu’il joue."
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La défaite de Novak Djokovic en finale de l’US Open aurait pu le "traumatiser" pendant longtemps, parce qu’il est passé à côté de l’Histoire. Mais il s’en est remis très vite. "C’est une caractéristique des plus grands champions. Ils ont la capacité de rebondir après une grande victoire ou une vilaine défaite. Federer et Nadal ont souvent enchaîné les grands succès de la même façon. C’est moins vrai chez les filles, qui disparaissent régulièrement pendant de nombreux mois, après avoir gagné un beau titre. Ceux que l’on a appelés 'les membres du Big Four' sont faits d’un autre bois, ils ont toujours mieux digéré les victoires comme les défaites".
L’une des images fortes de l’année, ce sont ces larmes de Djokovic, quand il a compris qu’il ne gagnerait pas son Grand Chelem calendaire, mais que le public s’est mis à l’encourager. "Il a fallu qu’il chute pour qu’il montre un peu d’humanité, et que les gens se rendent compte de ses qualités humaines. Il souffre de ce déficit de popularité, et j’ai déjà eu l’occasion d’expliquer pourquoi il n’était pas le premier dans le cœur des gens. Ce jour-là, quand il a perdu la finale à Flushing Meadows, il s’est sans doute en partie réconcilié avec le public, et il a peut-être retrouvé de la motivation. Le fait de perdre a pu être une source d’inspiration pour continuer à s’entraîner et à progresser. Et pour continuer à garder en point de mire quelque chose qu’il ne lâchera pas : être, par les titres, le plus grand de tous les temps."