Quels sont les faits majeurs à retenir de l’année 2021 chez nos voisins allemands ? L’année écoulée a été agitée, et marquée par une élection, synonyme de départ la chancelière Angela Merkel, et par une catastrophe naturelle : les inondations de juillet 2020, également dévastratrices en Belgique.
Un "tsunami"
Trois jours d’intempéries bouleversent le destin de milliers d'Allemands. 184 habitants perdent la vie. Les témoins ne parlent pas d’inondations, mais d’un tsunami. Neuf mètres de crue en quelques minutes. Une villageoise, Alina, a aidé les soldats à combler les trous béants dans la chaussée de son village de Mayschoß. "Les gens de l’armée avec lesquels j’ai parlé et qui sont d’habitude en Afghanistan m’ont dit que ce n’était pas tellement différent. Alors, c’est vrai, on s’occupe bien de nous, nous avons de quoi boire et on a reçu beaucoup de dons, mais toutes ces destructions, ça ressemble à une zone de guerre, vraiment."
C’est la pire catastrophe naturelle de l’histoire moderne en Allemagne. L’État met 30 milliards d’euros sur la table pour la remise en état des régions dévastées. Pour les dernières grandes inondations de l’Elbe, en 2002, la facture s’élevait à neuf milliards d’euros. Ce qui n’a pas de prix, c’est l’aide apportée par les milliers de bénévoles qui affluent sur les lieux de la catastrophe. Ils offrent leurs compétences ou juste leur force de travail. Sur place, on ne paye rien, on partage tout. Une jeune syrienne qui a vécu dans des camps au Proche-Orient est touchée par cette solidarité. "Tous ces gens, qu’ils soient Allemands ou immigrés, sont tous ensemble. Des gens comme cela, je n’en ai pas vu beaucoup dans ma vie. Très sympas, très dévoués, ils nous soutiennent et nous essayons de rester forts."
La défaite du parti d'Angela Merkel
Mais derrière les sourires, les gens sur place sont comme en pilote automatique. Il faudra, pour tout reconstruire, au moins trois années de dur labeur. Mais l’événement a des conséquences politiques immédiates. Surpris à rire en arrière-plan d’une cérémonie officielle, le candidat du parti de Merkel, jusqu’alors largement en tête des sondages, perd pied dans la campagne électorale. L’opposition se mobilise. Début août, toujours en Rhénanie, les opposants à l’exploitation du charbon forment une chaîne humaine pour s’opposer à la destruction de villages menacés par l’avancée des excavatrices. Le 23 septembre, les résultats des élections fédérales tombent : le dauphin d’Angela Merkel est battu d’un point et demi. Un cri de joie et de soulagement à la maison Willy Brandt. Le Parti social-démocrate ouvre les négociations après 16 longues années d’opposition et dès le lendemain, le futur chancelier Scholz promet en anglais. "Nous serons très rapides pour la constitution d’un gouvernement et cela devrait être possible d’ici Noël. L’Allemagne a toujours des gouvernements de coalition qui sont toujours stables."
Pari tenu puisque Olaf Scholz est élu chancelier le 6 décembre dernier. Le neuvième chancelier allemand depuis la guerre dispose d’une majorité confortable. Alliance avec les écologistes et les libéraux, mais pas de période de grâce pour le nouveau gouvernement.