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Réunion cruciale de l’OTAN ce vendredi en Allemagne : "Sans ce type de chars, les Ukrainiens ne tiendront probablement pas longtemps"

L'invité dans l'actu : Nicolas Gosset

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Par Renaud Verstraete sur base d'une interview de Sophie Brems

Le groupe de contact sur la défense de l’Ukraine de l’OTAN, qui rassemble une cinquantaine de pays alliés, se réunit ce vendredi à Ramstein, une base militaire américaine en Allemagne. Volodymyr Zelensky dit attendre de cette réunion "des décisions fortes", comme l’envoi de blindés lourds, pour aider son pays dans les batailles cruciales à venir contre la Russie. "Contre des milliers de chars de la Russie […], le courage de notre armée et la motivation du peuple ukrainien ne suffisent pas", a déclaré le président ukrainien.

Ce vendredi, à Ramstein, l’envoi potentiel de plusieurs dizaines de chars d’assaut allemands Leopard 2 sera au cœur des discussions. Selon Nicolas Gosset, chercheur à l’Institut Royal de Défense, il s’agit là d’une nécessité face à l’offensive russe qui se prépare pour la fin de l’hiver : "Les Russes ont monté en puissance leur dispositif militaire et il ne fait aucun doute que sans ce type de chars, les Ukrainiens ne tiendront probablement pas longtemps."

Des chars d’assaut ultra-performants

Cette réunion de l’OTAN intervient dans un contexte d’accélération du soutien matériel occidental aux forces armées ukrainiennes. Washington a annoncé débloquer une nouvelle aide militaire de 2,5 milliards de dollars, selon le Pentagone. Londres avait déjà promis 14 chars lourds Challenger 2 à Kiev, et la Pologne se dit prête à lui livrer 14 chars de combat Leopard 2 de fabrication allemande.

Si l’Ukraine doit en grande partie son matériel militaire aux Occidentaux, Kiev réclame aujourd’hui la livraison d’armement lourd. Selon Nicolas Gosset, des chars lourds modernes et de conception occidentale pourraient être un avantage crucial pour Kiev dans les batailles qui s’annoncent dans l’Est de l’Ukraine : "Jusqu’ici, les Occidentaux n’ont fourni que des chars légers. Les chars Leopard 2, d’origine allemande, sont des chars d’assaut lourds, plus gros, plus puissants, mieux équipés et plus manœuvrables. Je dirais presque qu’il s’agit de la Rolls Royce des chars d’assaut."

Charles Michel, le président du Conseil européen, s’est prononcé hier en faveur de la livraison des chars à l’Ukraine. Cette aide matérielle des Occidentaux pourrait-elle marquer un tournant dans la guerre ? Le chercheur à l’Institut Royal de Défense relativise : "La capacité totale du stock européen est d’environ 2000 chars Leopard. Il est évident qu’il n’est pas possible de céder la totalité à l’Ukraine. On parle dans un premier temps d’une vingtaine de chars, donc ce n’est pas ça qui va véritablement changer le cours de la guerre. Mais ça va en tout cas amorcer une dynamique qui, en fonction de l’évolution de la réalité du terrain, permettra aux Ukrainiens de davantage faire face parce que la situation est compliquée."

Les yeux tournés vers l’Allemagne

Jusqu’à présent, l’Allemagne s’était montrée politiquement réticente à l’idée d’envoyer des chars Leopard 2, 100% made in Germany, sur la ligne de front face aux Russes. Depuis plusieurs jours, Berlin fait l’objet d’une pression croissante de la part de plusieurs de ses voisins européens pour qu’elle autorise des livraisons de chars Leopard. Réticent, le chancelier Olaf Scholz avait déclaré à des élus du Congrès américain à Davos que son pays ne fournirait des chars lourds à l’Ukraine que si les Etats-Unis en envoyaient également.

Selon Nicolas Gosset, l’enjeu premier de cette réunion de l’OTAN à Ramstein est donc de convaincre l’Allemagne d’envoyer ses chars en Ukraine : "La réticence de l’Allemagne est légitime. Il convient de voir quelles garanties les alliés de l’OTAN peuvent donner aux Allemands dans le caractère collectif de cette décision pour que ce ne soit pas l’Allemagne qui se trouve seule à devoir assumer cette responsabilité face à Moscou."

Ce ne sont pas des chars qui vont déclencher l’apocalypse nucléaire.

Un risque de représailles russes ?

Face à ce soutien occidental, Moscou avait dressé un avertissement clair en jurant "brûler" les chars que les Occidentaux comptent livrer à l’Ukraine. "Ces chars brûlent et brûleront", a déclaré lundi Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, dans son briefing téléphonique quotidien à la presse.

Faut-il craindre que ces livraisons de chars lourds en Ukraine ne provoquent une escalade dans le conflit ? Selon Nicolas Gosset, l’escalade a déjà eu lieu. "La Russie, de toute façon, se livre à des représailles, à des frappes punitives, à des destructions d’infrastructures civiles indépendamment de ce qui est fait. Ce ne sont pas des chars qui vont déclencher l’apocalypse nucléaire. Personne à Moscou n’est déséquilibré au point de lancer un holocauste nucléaire pour la livraison de quelques chars" conclut Nicolas Gosset, chercheur à l’Institut Royal de Défense.

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