Belgique

Réveillons : comment éviter le gaspillage alimentaire en toute solidarité ?

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Les réveillons de Noël et de Saint Sylvestre sont souvent synonymes de longues préparations culinaires. Des repas élaborés, des tables richement décorées, des mets raffinés sous leurs plus beaux jours présentés. Mais que faire pour ne pas gaspiller lorsque l’on a prévu plus de quantités de nourriture que le nombre d’invités ? De plus en plus de particuliers se demandent s’ils peuvent donner à des associations leur surplus de denrées alimentaires. Que peuvent-ils donner et dans quelles conditions ?

Une solidarité alimentaire soumise à des normes sanitaires

À la suite des différentes crises liées à la pandémie, à la guerre en Ukraine et à la hausse vertigineuse du prix de l’énergie, de plus en plus de personnes sont confrontées à la précarité. S’alimenter convenablement est devenu un luxe pour une partie de la population. Pour tenter de pallier ce manque, de nombreuses associations récoltent des denrées alimentaires afin de les redistribuer aux plus nécessiteux. Pour la plupart des structures, le stock est constitué d’invendus de commerçants et de grandes surfaces.

Néanmoins les dons provenant de particuliers, qui se veulent solidaires, sont également acceptés mais sous certaines conditions. Valérie Saint-Martin, chargée de communication des Restos du Cœur, nous livre la liste des produits acceptés et refusés : " Tout dépend du type de denrée alimentaire. Tant que la date de péremption n’est pas dépassée, les gens peuvent ramener tout ce qui est produit sec. Cela peut aller du sucre, du café, du thé, des pâtes, du riz, etc. Tant que le produit n’est pas ouvert, ils peuvent aussi donner des confitures et des conserves en tout genre. Nous acceptons aussi les fruits et légumes qui sont évidemment dans un état propre à la consommation. Nous refusons les plats préparés même emballés, et les produits frais comme la viande ou le poisson par exemple. Comme nous n’avons pas de visibilité du parcours de ces types de produits, on ne peut pas prendre le risque de les accepter car on ne sait pas si ces produits ont été correctement conservés au frais. De plus, vous vous doutez que nous sommes soumis aux règles de l’AFSCA. "

Rien que depuis septembre, on a augmenté de 40% le nombre de clients

Il existe différentes formes de structures qui luttent contre le gaspillage et la précarité. Parmi celles-ci, les épiceries sociales œuvrent également tout au long de l’année à rendre accessible des denrées alimentaires de qualité à celles et ceux qui rencontrent de plus en plus de difficulté pour manger à leur faim au quotidien. Certaines de ces épiceries dépendent d’organismes publics tels que les CPAS qui subventionnent en partie ou à raison de 50% le coût des aliments. D’autres qui sont soutenues par une banque alimentaire fonctionnent avec un prix d’accès forfaitaire extrêmement bas pour un colis. Il y a également des épiceries sociales non subventionnées qui fonctionnent comme un vrai magasin. C’est le cas de l’épicerie " Les Capucines " située au cœur des Marolles à Bruxelles. Celle-ci a pour partenaire une grande surface qui lui livre régulièrement des invendus, mais aussi des produits de premier choix revendu plus ou moins à moitié prix. Valérie Martin, la directrice de cette épicerie, nous donne quelques précisions quant au fonctionnement et aux conditions d’accès : " Toutes les personnes qui sont en difficulté peuvent venir aux Capucines, si elles ont une attestation d’accès d’un service social partenaire. On a des gens qui sont pensionnés, qui sont chômage, qui sont sur la mutuelle, qui sont sans papiers qui peuvent venir s’approvisionner aux Capucines. On constate que le nombre de gens qui ont besoin d’une aide alimentaire est en très forte croissance. Rien que depuis septembre, on a augmenté de 40% le nombre de clients. Donc la question de l’approvisionnement en 2023 va être extrêmement déterminante. "

La demande est devenue tellement importante que les dons des particuliers sont plus que jamais les bienvenus. La directrice de cette épicerie sociale précise néanmoins que : " On ne récolte pas d’alcool, mais bien tout ce qui se retrouve dans une grande surface et qui pourrait être acheté en consommation classique. Evidemment pour certains produits frais, si je n’ai pas de gage que cela a respecté la chaîne du froid, cela devient compliqué en termes de traçabilité selon les normes de l’AFSCA. Pour ces produits ou des plats préparés, un particulier peut faire une commande que nous irons chercher nous-même. Pour assurer la sécurité alimentaire, on peut toujours être créatif pour approvisionner le magasin. Pour le reste, les produits secs, conserves, légumes, etc., peuvent être déposés tant que ce sont des produits de qualité que le particulier achèterait pour lui-même. "

Les files se rallongent devant les frigos solidaires

Les frigos solidaires luttent également contre le gaspillage alimentaire et la précarité. Ils fonctionnent essentiellement grâce à des bénévoles qui récoltent des invendus auprès de commerçants de proximité et parfois de grandes surfaces. Deux à trois fois par semaine, ces frigos solidaires distribuent du pain, des fruits et légumes, des produits laitiers, de la viande et du poisson provenant directement des supermarchés, etc. Force est de constater que depuis la crise sanitaire, les files se sont rallongées de manière exponentielle. A tel point que les récoltes d’invendus ne suffisent plus pour répondre à la demande d’un public qui a de plus en plus de difficultés pour s’alimenter. Sefora Ben Moussa, responsable de permanence du " Freego " de la commune d’Etterbeek, nous explique que les dons alimentaires des particuliers sont plus que jamais nécessaires pour assurer la distribution aux personnes précarisées : " Bien que le moteur du projet soit la lutte contre le gaspillage alimentaire par la récolte d’invendus auprès des maraîchers, des boulangers, des traiteurs, et de quelques supermarchés bio situés dans la commune, nous acceptons également les dons provenant de particuliers. Leur contribution devient de plus en plus nécessaire tant la demande est importante. "

On retrouve dans la file de nouveaux profils de personnes qu’on ne voyait pas auparavant

Sefora Ben Moussa nous précise : " On constate clairement que le public est bien plus fragilisé. D’ailleurs, on retrouve dans la file de nouveaux profils de personnes qu’on ne voyait pas auparavant. Nous distribuons le fruit de nos récoltes gratuitement chaque lundi et jeudi. Notre frigo est ouvert à tous sans conditions d’accès. Comme toutes les autres structures d’aide alimentaire, nous sommes soumis aux normes sanitaires de l’AFSCA. C’est pourquoi les particuliers, qui souhaitent contribuer à notre projet, peuvent exclusivement apporter toutes sortes de denrées non périssables. Avec les insoutenables hausses des prix de l’énergie et leurs conséquences, les frigos solidaires ne pourront pas répondre à la demande croissante juste en distribuant des invendus. "

Face à une précarité qui touche inexorablement une plus grande partie de la population, les structures d’aide alimentaire acceptent volontiers de plus en plus de dons provenant de particuliers, avec comme seule contrainte les normes sanitaires de l’AFSCA.

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