Le fantôme de la radio

Revivez la conquête spatiale à travers les voix de la Radio

Neil Armstrong descend vers l’inconnu. Il est 3h56 en Belgique, ce 21 juillet 1969.

© Hulton Archive – Getty Images

Par RTBF La Première/Eric Loze via

Les étoiles fascinent les hommes depuis la nuit des temps… Inspirés par le mystère de cette immensité qui nous entoure, des écrivains, des dessinateurs, des cinéastes ont imaginé mille et une histoires de voyages vers d’autres planètes, à la rencontre de créatures étranges et de civilisations inconnues aux confins de la galaxie. Passionnés par l’astronautique, quelques journalistes de la RTB ont couvert l’actualité spatiale pour la Radio. Décollage dans les archives !

Jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, les rêves de missions vers l’infini ne sont que chimères et utopies. Mais lorsque la guerre froide s’installe entre les Américains et les Soviétiques, la conquête spatiale devient une réalité qui se transforme très rapidement en enjeu stratégique, politique et scientifique.

Pendant plusieurs décennies, l’URSS et les Etats-Unis vont se livrer une bataille sans merci dans cette course à l’espace. La compétition amène chaque camp à se surpasser. Il faut à tout prix faire mieux que le rival qui vient tout juste de signer un exploit extraordinaire… Cette surenchère permanente engendre des progrès fulgurants : en moins de 15 ans, on passe d’un petit satellite soviétique appelé Spoutnik à l’exploration de la lune par des astronautes américains.

Passionnés par l’astronautique, quelques journalistes de la RTB couvrent l’actualité spatiale pour la Radio. Parmi eux, il y a Roger Clermont, Henri François Van Aal, et surtout José Fostier. Ses billets, commentaires et reportages sur une matière a priori hermétique sont des modèles de clarté, de rigueur et de pédagogie. Son enthousiasme à commenter les événements venus de l’espace captivera les auditeurs pendant de nombreuses années.

Le Fantôme de La Radio a retrouvé les enregistrements de ces grands moments qui nous plongent au cœur de la conquête spatiale.

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Années 60 : la compétition entre l’URSS et les Etats-Unis

Alliés face au nazisme, l’URSS et les Etats-Unis d’Amérique sont désormais rivaux pour ne pas dire ennemis. Dans ce monde en reconstruction quelques années seulement après la Seconde Guerre mondiale, les deux puissances se font face, se menacent et s’affrontent par pays interposés. Dans leur ligne de mire reste un territoire infini à conquérir : l’espace. Nous sommes en 1957, la compétition sans pitié entre Soviétiques et Américains commence…

Après avoir lancé la conquête spatiale avec son Spoutnik, l’URSS frappe un grand coup le 12 avril 1961. Le 14 avril 1961, soit 2 jours après son voyage en orbite autour de la terre, Youri Gagarine est accueilli à Moscou avec les plus grands honneurs. L’URSS lui fait un véritable triomphe…

La conquête spatiale démarre bien mal pour l’Oncle Sam. L’Histoire retiendra que le premier homme dans l’espace est un Soviétique et non un Américain. Si les Etats-Unis se sont fait damer le pion par l’URSS, ils ne renoncent pas pour autant à leurs ambitions. Le 20 février 1962, John Glenn devient le premier Américain à voler en orbite autour de la terre. Il réalise trois rotations autour de la planète bleue, en un peu moins de 5 heures, avant d’amerrir sain et sauf.

Au cours des années 60, la course à l’espace devient très intense voire impitoyable à l’image des relations entre Soviétiques et Américains qui se dégradent de plus en plus. Entre Moscou et Washington, c’est l’escalade. En 1962, le président Kennedy ne cache plus ses ambitions.

Si les Américains ont dévoilé clairement leurs objectifs, les Soviétiques eux sont restés très discrets pour ne pas dire secrets. Ce qui ne les empêche pas de poursuivre leur programme spatial sans faiblir. En 1963, l’URSS continue à innover en envoyant pour la première fois une femme dans l’espace : Valentina Terechkova.

La course à la lune

Après les missions Mercury qui lui ont permis de lancer sur orbite les premiers astronautes américains, la NASA met au point le programme GEMINI de 1963 à 1966. Un projet audacieux dont l’objectif est de préparer les futurs voyages habités vers la lune.

L’URSS et les Etats-Unis envoient à présent des sondes inhabitées sur la lune. A ce petit jeu-là, ce sont encore les Soviétiques qui gagnent. En février 1966, ils posent Luna 9 sur notre satellite naturel.

L’atout des Américains dans la course à la lune, celui qui est au cœur du programme Apollo, c’est Wernher von Braun, ingénieur allemand et ancien nazi qui a inventé pour Hitler les V2, les premiers missiles balistiques de l’histoire.

Récupéré par les Américains à la fin de la Seconde Guerre mondiale lors de l‘opération PaperClip, Von Braun met au point pour la NASA les fameuses fusées Saturn V, les lanceurs des missions Apollo.

Les astronautes américains et les cosmonautes soviétiques le savent : au cours de ces missions périlleuses, ils prennent des risques insensés. La course à la lune fait courir à ces hommes de grands dangers. Et parfois, la mort est au rendez-vous. 1967 est à ce titre une année noire.

Les Américains veulent absolument poser le pied sur la lune avant 1970. Voilà pourquoi, à partir d’octobre 1968, les missions habitées du programme Apollo se succèdent.

Apollo 7 décolle le 11 octobre 1968. C’est le vol des premières :

  • Pour la première fois dans un vol spatial américain, il y a trois astronautes à bord
  • Et il s’agit de la première mission à envoyer des images qui sont diffusées à la télévision

Le 7 février 1969, Frank Borman, le commandant de la mission Apollo 8, est chaleureusement accueilli à l’aéroport de Melsbroek, près de Bruxelles. De retour sur terre depuis seulement un mois et quelques jours, Borman effectue une tournée européenne qui passe notamment par la Grande Bretagne, la France et la Belgique. Le Bourgmestre de Bruxelles, Lucien Cooremans, ne cache pas son plaisir de recevoir l’astronaute américain à l’hôtel de ville.

La mission Apollo 10 quitte la terre le 18 mai 1969. A bord du vaisseau spatial, 3 astronautes américains. Ils se dirigent vers la lune, doivent s’en approcher au plus près et expérimenter toutes les manœuvres qu’effectuera deux mois plus tard l’équipage d’Apollo 11. Comme une répétition générale grandeur nature.

Ce n’est pas José Fostier mais Henri François Van Aal, reporter à la RTB, qui assiste au décollage depuis Cap Canaveral, aux côtés de 400 journalistes de la presse internationale. Parmi les invités triés sur le volet, on remarque le Roi Baudouin et la Reine Fabiola.

Enfin sur la lune

La fusée Saturne V décolle de Cap Canaveral le 16 juillet 1969, emportant avec elle la mission Apollo 11 dont l’objectif est de déposer le premier homme sur la lune.

Après un voyage de trois jours, le vaisseau spatial arrive à proximité de l’astre lunaire. C’est le moment pour l’équipage d’entreprendre une manœuvre délicate que José Fostier, envoyé spécial de la RTB aux Etats-Unis, raconte.

Nous sommes le 20 juillet 1969. L’équipage d’Apollo 11 entreprend enfin de se poser sur la lune. Pour le reportage diffusé ce jour-là en direct sur les Radios de la RTB, José Fostier est bien entendu au micro et fait vibrer les auditeurs belges, depuis Cap Canaveral.

Un peu plus de 6h après l’alunissage, Neil Armstrong reçoit l’autorisation d’ouvrir le sas du LEM et de descendre vers l’inconnu…. Il est 3h56 en Belgique, ce 21 juillet 1969.

Devenus héros parmi tous les héros, les 3 astronautes d’Apollo 11 effectuent durant l’automne 69 un tour du monde. Les Etats-Unis veulent ainsi affirmer qu’ils sont allés sur la lune au nom de l’humanité tout entière. Armstrong, Aldrin et Collins visitent 23 pays, en Amérique du Sud, Europe, Afrique, Asie et Océanie.

Ils font halte en Belgique le jeudi 9 octobre, dans l’après-midi. Une foule très nombreuse les attend à l’aéroport et dans les rues de Bruxelles.

Le trio est reçu par le Roi et la Reine puis, au nom du gouvernement, par le vice-Premier ministre André Cools. Neil Armstrong prend ensuite la parole, devant l’ambassadeur des Etats-Unis.

 

Le Fantôme de la Radio, une émission écrite et réalisée par Eric Loze avec les archives de la SONUMA. Les séquences entendues ici sont extraites de bandes magnétiques retrouvées en 2016 dans les archives de l’Institut royal météorologique. Merci à Pascal Mormal de l’IRM, d’avoir permis leur restitution et leur exploitation.

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