6 mois pour former un gouvernement
Les partis nord-irlandais disposent à présent de six mois pour se mettre d’accord sur la formation d’un gouvernement qui doit compter, outre le Premier ministre et le vice-Premier ministre issus des deux partis comptant le plus d’élus, 8 autres ministres originaires des autres principaux partis représentés à l’Assemblée d’Irlande du Nord.
C’est une formule mathématique qui permet de savoir à combien de ministères les partis ont droit en fonction du nombre de sièges qu’ils ont remportés. Au bout de six mois, de nouvelles élections devraient être organisées, à moins que le secrétaire d’Etat britannique pour l’Irlande du Nord propose une solution alternative. En principe, la nouvelle assemblée devrait se réunir cette semaine, pour élire un président qui demandera ensuite aux partis leur nomination au poste de Premier ministre et de vice-Premier ministre.
Y aura-t-il bientôt un référendum sur la réunification de l’Irlande ?
C’est l’objectif du Sinn Fein, et sa victoire est sans aucun doute une étape de plus dans cette direction. Mais plusieurs fois pendant la campagne, la tête de liste du parti nationaliste a expliqué que "les gens ne se réveillent pas en pensant à l’unité irlandaise" et que les questions telles que le coût de la vie et le système de santé étaient pour l’instant les véritables priorités.
Vendredi dernier, après le vote mais avant de connaître les résultats définitifs, la cheffe du Sinn Fein, Mary Lou McDonald, a fait savoir que la planification d’un référendum d’unité s’inscrirait dans un cadre de cinq ans.
Il faut savoir que l’organisation d’un tel référendum est prévue dans l’accord du Vendredi saint. Il y est stipulé que le secrétaire d’Etat du gouvernement britannique pour l’Irlande du Nord peut organiser un référendum à tout moment s’il constate qu’une majorité d’électeurs voteraient en faveur de l’unification irlandaise, ce qui ne semble pas être le cas aujourd’hui. Aucun sondage ne l’a en tout cas démontré.
La paix en Irlande du Nord reste fragile
Les armes ont été déposées, les heures sombres de violence qui ont déchiré la province britannique appartiennent au siècle dernier et des accords politiques existent pour que l’Irlande du Nord puisse s’épanouir. Mais le risque d’un dérapage est toujours présent. "La gouvernance de l’Irlande du Nord est une quadrature du cercle " conclut Jonathan Faull : "il y a une réalité constitutionnelle — cela fait partie du Royaume-Uni jusqu’à nouvel ordre — il y a la division de la population qui est à la fois identitaire et religieuse donc compliquée ; il y a une dimension nord-sud – beaucoup de Nord-irlandais ont des rapports très forts avec Dublin, et puis il y a cet accord de paix trouvé après d’immenses efforts, mais c’est un accord qui est fragile".
Fragile parce que la société reste très divisée, et surtout parce qu’il ne peut fonctionner qu’avec l’accord de tout le monde : "il faut de la bonne volonté à Belfast, dans les deux communautés d’Irlande du Nord, mais aussi à Londres, et dans une moindre mesure à Dublin, et puis enfin, il y a désormais ce nouvel acteur important sur la scène, l’Union européenne qui n’est plus un facteur externe, qui avec le Brexit, a dû entrer elle aussi sur cette scène. Et tous ces acteurs doivent faire non seulement preuve de bonne volonté et de diplomatie mais aussi et surtout de volonté de réussir".
L’équation est loin d’être simple. Les prochaines semaines et sans doute les prochains mois permettront, peut-être, d’y voir plus clair.