Place l’Euro 2020 ! Pour planter le décor, la RTBF vous propose la présentation des équipes qualifiées pour la compétition. Quel a été son parcours en qualifications ? Son histoire avec l’Euro ? Sa star ? Ses chances d’aller au bout ? Vous saurez tout, c’est parti pour notre Road to Euro.
1. Le Slavia comme modèle
Et si l'équipe nationale tchèque s'inspirait du meilleur club actuel du pays pour conquérir l'Europe? Le Slavia sort en effet de deux campagnes d'Europa League très convaincantes. Les Belges de Genk ou de Leicester peuvent en témoigner.
De l'intensité dans les duels, dans les courses, l'équipe nationale met par moments les mêmes ingrédients dans son jeu que le Slavia. Les Diables Rouges s'en souviennent. Eux qui viennent d'être bousculés dans le récent match de qualification pour la coupe du monde au Qatar.
Au-delà des joueurs du Slavia, dont certains sont malheureusement blessés, les Tchèques peuvent compter sur l'expérience des quelques expatriés, acquise en Premier League (Soucek, Coufal,...), en Bundesliga (Shick,...) ou Série A (Jankto,...). Rien de tape-à-l'oeil, mais solide. Voire très solide. Les Anglais, dont la seule défaite en qualification était à Prague, sont déjà avertis, dans ce groupe E qui sent le piège, avec aussi la Croatie et l'Ecosse.
2. L’histoire à l’Euro : Panenka invente...la Panenka
Nombre de participations : 10/16
Victoires : 1 (1976)
Finales : 1 gagnée, 1 perdue (1996)
Dernière participation : 2016. Eliminés comme dernier du groupe D. Un groupe relevé avec l'Espagne (défaite 1-0 à la 87è minute), la Croatie (2-2) et la Turquie (défaite 2-0)
Le brillant passé :L'Euro, c'est la marque de fabrique des Tchèques. Enfin d'abord des Tchécoslovaques. Dès la première édition, en 1960, emmenés par le futur ballon d'or (et joueur du Crossing Molembeek) Joseph Masopust, ils se qualifient pour le Final Four en France et termine à la 3è place. Une belle performance qui annonçait la finale de la coupe du monde deux ans plus tard.
Mais l'histoire s'écrit surtout en 1976. La Tchéquoslovaquie se retouve à nouveau dans le tournoi final. En demie, elle fait face aux Pays-Bas. La victoire, 3-1 après prolongation, est déjà un exploit. Pour rappeler la force des Oranjes d'alors, il faut se souvenir qu'ils sont à ce moment-là entre deux finales de coupe du monde. En finale, place à l'Allemagne, championne du monde en titre. Les Tchécoslovaques croient avoir fait le plus difficile en menant 2-0. Mais l'Allemagne reste l'Allemagne et revient à 2-2. L'Histoire ne retiendra pas le nom des deux buteurs des vainqueurs (Svehlik et Dobias) mais bien le nom du dernier tireur de la séance de tirs au but: Antonin Panenka.
C'est la première séance de tirs au but de l'histoire de l'Euro. Tous les joueurs marquent jusque Uli Hoeness, qui manque. Uli sonne l'hallali allemand car derrière lui s'avance Panenka, pour la victoire. Pour la grande Histoire. Face à Sepp Maier, il ralentit sa course d'élan au dernier moment, feinte une frappe et pique le ballon dans un lob audacieux, astucieux. Panenka vient d'inventer la Panenka. Il vient surtout d'offrir le titre à son pays. Ce geste, il le travaillait depuis quelque temps avec le gardien de son club des Bohemians. Il le sort au yeux du monde au meilleur (Maier?) des moments.
La tchéquoslovaquie est championne d'Europe. Depuis ce jour, depuis ce geste fou, l'Allemagne n'a plus jamais perdu une séance de tirs au but.
Le souvenir qui fâche : Ne parlez pas aux Tchèques du concept du but en or. Ce règlement appliqué fin des années 90, début 2000, qui voulait que la Prolongation s'arrêtait au moment où un but était inscrit. Et les premiers à en faire les frais seront donc les Tchèques. En finale de l'Euro! La magnifique génération tchèque emmenée entre autres par Poborski (Ah, ce lob en quart de finale contre le Portugal) ouvre le score via Berger. Mais Bierhoof, déjà lui, égalise et envoie les équipes aux prolongations. Le réserviste allemand, entré à l'heure de jeu, va mettre fin à la finale. Kouba, le gardien tchèque, se troue et offre le but en or à Bierhoof. Un but en or pour venger la Panenka. 20 ans plus tard, les deux équipes sont quittes.
3. Les qualifs': une belle montée en puissance
https://footballski.fr/Bilan : 5 victoires, 3 défaites
Buts marqués: 13
Buts encaissés : 11
Après une sévère défaite initiale en Angleterre (5-0), deux succès contre la Bulgarie et le Montenegro l'ont ensuite lancée. A peine freinée par une défaite au Kosovo, elle a repris confiance en battant l'Angleterre (2-1). C'est le match référence de l'équipe de Silhavy. Un match qui sonne comme un avertissement pour tous les futurs adversaires des partenaires de Thomas Soucek.
4. La star : Thomas Soucek
On serait tenté de ressortir un bon vieux cliché footballistique quand on cherche la vedette de cette équipe tchèque: "la star, c'est l'équipe", tant les vertus collectives sont le moteur de la réussite de l'équipe de Silhavy. Mais en cherchant un peu, on constate que Thomas Soucek sort quand même un peu du lot. D'abord par sa taille. Du haut de ses 192 centimètres, le milieu de West Ham aime dominer les airs (un des joueurs qui gagnent le plus de duels aériens en Premier League...et qui commet le plus de fautes aussi). Et il est aussi redoutable dans ses infiltrations. Très intelligent dans ses courses, dans son placement, il a fini par inscrire 10 buts en Premier League cette saison. Il est un des ingrédients de la magnifique saison de son club qui a terminé 6è du championnat le plus concurrentiel du monde. Ses 7 buts en 33 sélections valident également cette belle impression.
Mais attention, comme notre spécialisite du foot tchèque nous le dire plus bas, Soucek n'a peut-être pas l'âme d'un leader.
5. L’avis de l’expert : Lazar van Parijs (Footballski) :"L'équipe tchèque n'est pas sereine"
Qui dit foot des pays de l'Est pense immédiatement au remarquable site spécialisé "Footballski.fr". Lazar van Parijs suit particulièrement de près l'évolution du ballon rond en république tchèque. Et il n'est pas forcément optimiste pour l'équipe de Silhavy.
Une 7è qualification d’affilée, comment on explique cette histoire d’amour avec l’Euro ?
Quitte à être pragmatique, il y a plus de qualifiés à l'Euro (16 puis 24) qu'à la Coupe du Monde (14/15), c'est donc in fine plus facile. A côté des chiffres, l'appétit vient en mangeant et les bonnes performances en 1996 et 2004 ne peuvent qu'inspirer les plus jeunes. Ils peuvent se reconnaitre dans des performances passées qu'ils ont vécu plus jeunes en tant que supporters.
Dans ses 6 dernières participations, les Tchèques ont franchi une fois sur deux la phase de groupe. Quelle est l'ambition cette fois ?
La République Tchèque est dans un groupe relevé avec la Croatie, l'Angleterre, et l'Ecosse. Les Tchèques ont d'ailleurs joué face aux deux dernières équipes mentionnées lors des qualifications de l'Euro (une victoire et une défaite face aux anglais) ou en Nations League B face aux Ecossais avec deux défaites pour les coéquipiers de Soucek. Il faudra essayer de renverser la tendance face aux écossais et prendre un nul face à une des grosses équipes pour essayer de se sortir des groupes. Le public local est chauffé à blanc, l'Euro arrive juste quelques jours après le Championnat du Monde de Hockey sur glace qui se tient actuellement et où l'équipe nationale fait un parcours honorable pour l'instant.
Cependant, l'équipe arrive fragilisée. Il manque trois cadres du Slavia. Ondrej Kolar est insuffisamment remis du coup reçu face aux Rangers et Kudela est lui toujours suspendu suite aux événements de ce même match. Enfin, l'ailier Provod s'est blessé il y a quelques semaines. Pour compléter le tableau, la fédération vient d'annuler son camp de base en Ecosse pour rester en République Tchèque et préfère se rendre à l'étranger à chaque match, les règles sanitaires imposées dans le nord du Royaume-Uni sont jugées trop draconiennes. C'est dire si l'équipe nationale n'aborde pas cette compétition avec la plus grande sérénité...
L’équipe tchèque a bousculé la Belgique lors du récent match de qualif pour la coupe du monde. Surpris du niveau ou c’est dans la lignée des dernières prestations ?
L'équipe est basée sur les bases du Slavia, donc il y a une base très performante. Ils ont battu l'Angleterre lors des qualifications, fait ce nul face à la Belgique. Sur le papier, il y a moyen d'avoir un 11 cohérent, malheureusement les trois absents évoqués à la question précédente vont peser dans la balance. La présence du jeune prodige Hlozek laisse espérer de belles choses. Les attaquants de pointe sont en forme et se sont distingués récemment. Michael Krmencik, prêté par Brugge a joué toute la seconde partie de saison avec le PAOK, Tomas Pekhart avec ses 22 buts en 25 matchs a été un des grands artisans du titre du Legia et enfin Patrik Schick a fait une saison convaincante avec le Bayer Leverkusen. Le style de jeu est cependant loin du jeu flamboyant et à haute intensité du Slavia. Enfin il faut noter au milieu Soucek, qui sort d'une excellente saison avec West Ham, Kral qui joue au Spartak Moscou et Darida qui est le capitaine du Hertha Berlin. De quoi construire un milieu sympa et ambitieux dans le 4-2-3-1 de Silhavy. On a vu une certaine passation de pouvoir lors de l'amical face à l' Allemagne en novembre dernier avec des schémas et des joueurs différents. La nouvelle génération l'a emporté haut la main malgré la défaite 1-0.
Le sélectionneur Silhavi a fait toute sa carrière au pays et on le connait peu. Quel est son style, sa philosophie ?
Silhavi joue en 4-2-3-1, un peu à l'ancienne. Rien de flamboyant ni très sympa ce qui ne l'a pas empêché de gagner deux titres de champions nationaux, l'un avec Liberec l'autre avec le Slavia. Il a débuté sa carrière en tant qu'adjoint de la sélection nationale de 2003 à 2009. Lors de la confrontation face à l' Angleterre, il avait tenté de jouer avec un bus en défense, ce qui ne l'a pas empêché d'en prendre cinq.
La star, c’est Soucek ou c’est plutôt le collectif, à l’image du Slavia Prague et de sa belle campagne d’Europa League ?
Soucek est surement le nom le plus ronflant, Hlozek le plus prometteur. Soucek, pour moi, n'a pas la personnalité pour être le leader de l'équipe. Ce sera plutôt Kral. Une grosse partie de l'effectif vient ou est passée par le Slavia mais la dynamique de l'entraineur est très différente.
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6. Le groupe E: les Tchèques devront créer la surprise
Les Tchèques devront certainement réaliser plus d'un exploits pour passer le cap des poules. C'est vrai qu'ils ont battu l'Angleterre lors des qualifications mais ils joueront cette fois dans le jardin anglais, devant un public en manque de sensations fortes depuis plus d'un an. Le défi est relevé.
L'Ecosse est un récent mauvais souvenir en Nations League et l'ambiance risque d'être chaude également à Glasgow. La Croatie, finaliste de la dernière coupe du monde, n'est pas un cadeau non plus. Les Tchèques ne partent donc pas favoris du tout à une qualification. Mais passer via la 3è place semble accessible quand même. Comme le Portugal en 2016...
► ► Chances de survie : 20%
7. Les chances de victoire : Panenka semble un lointain souvenir✶
Franchir le cap des poules semble déjà un fameux défi à relever, alors le titre paraît plus tenir du miracle. La bande de Silhavy peut-elle enchaîner 6 ou 7 exploits? Plus que jamais, elle devra en tout cas ressortir ce bon vieux cliché sportif et prendre "match par match". Comme la Grèce en 2004. Et espérer que la magie opère. Et gagne.
✶ Etoiles de favori : 1/10