Cinéma

Rocky, 45 ans de boxe et de philo

L’histoire de Rocky c’est l’histoire de l’Amérique des années 70 à aujourd’hui

© United Artists

Sorti pour la première fois en salles le 20 novembre 1976, le film "Rocky" fait aujourd’hui partie d’une saga tout aussi riche que musclée. Une saga qui se confond avec l’histoire des Etats-Unis d’Amérique. Une saga pleine de philosophie aussi…

C’est pas fini tant que la cloche n’a pas sonné !

Et elle est loin de retentir cette cloche. Voilà 45 ans que le combat entamé par le boxeur Rocky Balboa, sur et en dehors du ring, continue de passionner les foules. Car oui, tout a commencé par deux avant-premières programmées à New York les 20 et 21 novembre 1976 (la sortie officielle en salles, elle, elle date du 3 décembre de la même année). Tout a commencé surtout avec une musique, un générique composé par Bill Conti

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Rocky Balboa, ça, c’est un héros. D’ailleurs sa vie se confond avec celle de son créateur, Sylvester Stallone. Nous sommes donc au milieu des années 70, Stallone, Sly pour les intimes, est un acteur qui galère. Il n’a pas réellement le physique d’un jeune premier et son visage est quasi inexpressif (enfin d’après les directeurs de casting qu’il croise) ! Un soir à la télé, il regarde le match de boxe opposant le champion du monde Mohammed Ali à l’outsider Chuck Wepner. Le Chuck, il résiste tout le match avant d’être mis en KO technique au 15e round. Stallone voit en Wepner le héros qu’il veut devenir, celui du challenger que personne n’attend. Il ne lui en faut pas plus pour écrire un scénario. Des producteurs sont intéressés par l’histoire de ce boxeur has been mais ils veulent Robert Redford pour le rôle. Stallone s’accroche à son idée, à son histoire, à son héros. Persuasif, travailleur, il l’obtient ce rôle. Le film se tourne avec derrière la caméra le réalisateur John G. Avildsen (la saga "Karaté kid" c’est lui aussi) et à sa sortie, il cartonne. "Rocky" remporte même 3 Oscars pour le meilleur film, le meilleur réalisateur et le meilleur montage.

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La suite (et il y en a des suites), vous la connaissez. En fait, la saga des Rocky est une véritable saga familiale, intime et bien d’aujourd’hui… même si tout a commencé en 1976. Cette saga est riche en philosophie et en humanité. Oui, il y a de l’humanisme dans ces combats de boxe et tout ce qu’il y a autour. Des leçons de vie aussi. Et autres thèmes pour de futurs bacs philos ! En réalité, à travers chaque épisode, telles les droites et les crochets du gauche qu’il enchaîne, comme l’expliquait le magazine français Rockyrama dans son numéro dédié à Sylvester Stallone, Rocky nous rappelle que le rêve américain est possible à tous ceux qui veulent y croire, qui se battent pour y arriver et qui donnent le meilleur d’eux-mêmes. Dans "Rocky 6", notre héros disait encore à son fils…

L’important n’est pas d’être un cogneur mais d’être cogné, d’avancer et de continuer !

Mieux encore, Rocky c’est toute l’Histoire de l’Amérique résumée en une saga cinématographique ! Reprenons donc tout depuis le début… "Rocky 1" c’est l’ascension, la lutte, les inégalités, le drame. Nous sommes à la fin de la guerre du Vietnam. À l’image de Rocky face à Apollo Creed, l’Amérique est en sang et cassée. Certes elle est battue mais elle se relève, comme Balboa. "Rocky 2" c’est une belle histoire d’amour entre le boxeur et sa femme, lui qui ne jure que par la famille et ses valeurs.

Rocky Balboa face à Apollo Creed dans le premier épisode de la saga
Rocky Balboa face à Apollo Creed dans le premier épisode de la saga © United Artists

"Rocky 3" c’est la gloire, celle de cette Amérique qui croit réussir tout ce qu’elle entreprend. Elle doute encore, elle prend toujours des coups comme Rocky face à Clubber Lang (Mister T). "Rocky 4" et ce combat titanesque contre Drago, c’est la guerre froide, celle qui oppose l’Amérique à l’Union soviétique. Notez que ce quatrième épisode ressortira bientôt en salles chez nous en version remastérisée et plus longue de 40 minutes. "Rocky 5" c’est la crise après les années fric, les années Reagan. "Rocky 6" est un film crépusculaire avec un héros et une Amérique sur la fin.

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"Rocky 7" existe sans exister. En effet, la saga est rebaptisée, non plus d’après son héros mais d’après la relève incarnée par Adonis Creed, le fils d’Apollo. Rocky devient un personnage secondaire. Pourquoi ce changement ? Parce que l’Amérique a connu le 11 septembre (2001). Il faut tout reconstruire. Il faut surtout se reconstruire. Les deux épisodes de la saga "Creed", sorte de "Rocky 7" et de "Rocky 8", marquent ce renouveau ! Et pour ceux qui doutent encore de la profondeur d’une histoire comme celle vécue par Rocky Balboa, je ne peux que leur conseiller d’être attentifs à ce monologue.

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Toi, moi, n’importe qui, personne ne frappe aussi fort que la vie !

Vous venez de l’entendre et de le lire, il y a du Hegel, du Nietzsche, du Lacan, du Camus dans le discours de Rocky. Mais derrière tout cela se cache quelque chose d’encore plus grand, notre amour des films de boxe. Avec cette question : pourquoi faut-il regarder et aimer les films de boxe au Cinéma ? D’abord, parce que le Noble Art et le 7e Art sont presque nés au même moment et que la Boxe a toujours inspiré les plus grands cinéastes et les plus grands acteurs depuis "Charlot boxeur" en 1915 à "Creed 2" (juste comme ça, "Creed 3" est en pré-production mais sans Sly) ! Depuis les origines du Cinéma, on estime à plus de 500 le nombre de films ayant la Boxe pour objet. Ensuite parce que les films de boxe ne sont pas QUE des films de boxe. Dans les films de boxe, il y a des combats certes mais il y a aussi de l’action, de la tension, du drame, de la romance, de l’humour, des coups bas sous la ceinture et de la réflexion. Les films de boxe sont d’autant d’excellents thrillers que des mélodrames en passant par des comédies. Nous sommes nombreux à le penser et à vous l’écrire, le ring c’est le théâtre de la vie où tout se joue… où tout se dit… où tout cogne là où il faut comme il faut !

Prendre des coups, c’est la vie de Rocky Balboa
Prendre des coups, c’est la vie de Rocky Balboa © MGM

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