28+7=35. Le compte est bon ! Si Iga Swiatek remporte Roland Garros, elle égalera la plus longue série de victoires consécutives du troisième millénaire, réalisée par Vénus Williams. La Polonaise semble en ce moment invincible. Elle vient donc d’aligner 5 titres. Lors de cette série de 28 succès, elle n’a perdu que 5 sets. Un set en moyenne par tournoi! Et elle n’a concédé que 2 jeux et demi de moyenne par set. Au passage, la nouvelle reine des balles a aussi infligé 12 fois une bulle. Alors, qui est la patronne ?
Pourtant, quand l’Australienne Ashley Barty, alors incontestable numéro 1 mondiale a surpris tout le monde en prenant sa retraite, à 25 ans seulement, juste après son titre à l’Open d’Australie en début d’année, on s’est dit que le circuit féminin allait à nouveau mettre du temps avant de voir une autre joueuse assurer, assumer une domination. Mais Ashley partie, Iga s’est dit " Go ! ". La Polonaise, victorieuse quand même de Roland Garros en 2020 à 19 ans seulement, a trouvé la constance pour entourer son talent, immense. "Elle est physiquement très forte " avance Philippe Dehaes, coach de sa meilleure amie sur le circuit, la Slovène Kaja Juvan. "Elle est tellement explosive qu’elle est difficile à déborder. A fortiori sur terre battue." Notre consultant ajoute que "si son coup droit n’est pas forcément académique, il est très efficace car elle réussit à trouver des bons angles pour ensuite s’engouffrer dans l’espace vide laissé par l’adversaire."
Physiquement, techniquement, tactiquement, cela semble donc au point. Mais les points importants se jouent au mental. Et de ce côté-là aussi, Philippe Dehaes ne voit pas de point faible : "Elle a une approche mentale hyper simple. Quand on parle avec elle, elle trouve que rien de ce qu’elle fait n’est compliqué. Elle est aussi capable d’enchainer les tournois en restant loin de chez elle sans problème. Elle aime le tennis par-dessus tout et ne ressent pas forcément le besoin de repartir se ressourcer chez elle. Elle est passionnée. Comme Nadal, son idole et modèle."
Bref, tous les voyants sont au vert, avant d’attaquer l’ocre rouge. Même si Philippe Dehaes avance une inconnue : "Attention quand même à la pression. Un Grand Chelem, ce n’est pas la même chose. Mais si elle capable de se l’envoyer, de gérer ce statut, alors elle devrait s’installer comme patronne du circuit féminin."
C’est vrai que l’ancienne gagnante de Wimbledon junior s’était imposée à la Porte d’Auteuil pleine d’insouciance, il y a moins de 2 ans. On ne l’attendait pas forcément. Là, elle est la joueuse à battre.
Après 8 gagnantes différentes lors des 8 dernières éditions, Paris sera peut-être apprivoisée par la plus forte d’entre toutes. Sur sa route, elle croisera sans doute dès les huitièmes de finale une ancienne gagnante, pour un premier gros test: Halep, toujours dangereuse quand elle a les jambes ou Ostapenko, dernière adversaire à avoir trouvé la recette pour la battre. C’était le 16 février dernier.
En finale, elle pourrait ensuite croiser l’autre joueuse en forme sur terre battue : la créative Tunisienne Ons Jabeur, à qui elle vient quand même d’infliger un double 6-2 en finale à Rome. La numéro un mondiale est donc depuis 3 mois sans réelle rivale. Alors dans un coin de la tête on se prend d’une envie : qu’après avoir profité de la vie, Ashley Barty change d’avis. Le circuit féminin se trouverait alors peut-être une rivalité qu’elle cherche depuis une bonne décennie.