Barbora Krejcikova a fait allusion Jana Novotna lors de chacune de ses déclarations à la presse ou au public, ces derniers jours. Elle estime devoir tout, ou presque, à l’ancienne championne tchèque, décédée d’un cancer, à l’âge de 49 ans, en 2017.
A 18 ans, la nouvelle reine de la terre battue parisienne ne savait pas si elle devait devenir professionnelle, si elle avait le talent nécessaire pour passer des tournois pour les juniores à la grande aventure sur le circuit WTA, si elle avait une quelconque chance de réussir. Elle et ses parents ont sollicité un entretien avec l’ancienne numéro deux mondiale.
Et cette conversation a changé la vie de la jeune fille.
Jana Novotna a pris Barbora Krejcikova sous son aile. Elle est devenue son mentor, sa coach, son modèle, son amie.
Quand elle est tombée malade, les rôles ont été inversés. C’est la jeune joueuse qui a accompagné l’ancienne championne de toute sa bienveillance, jusqu’à la fin.
Pour ceux qui l’auraient oubliée, ou qui ne l’auraient pas connue, Jana Novotna était une magnifique joueuse de tennis des années 80 et 90. Une joueuse comme on n’en fait plus, adepte du service-volée systématique. Elle a gagné 24 tournois en simple, et 76 en double. Son extrême sensibilité l’a sans doute privée de pas mal de titres supplémentaires.
L’image que l’on retient surtout d’elle est malheureusement consécutive à une défaite. En 1993, elle élimine Gabriela Sabatini et Martina Navratilova à Wimbledon. En finale, elle mène 4/1-40/30, dans le dernier set, face à Steffi Graf. Mais ses nerfs la lâchent, et elle finit par s’incliner.
Quelques minutes plus tard, elle fond en larmes dans les bras de la Duchesse de Kent, venue lui remettre le trophée de finaliste. Le protocole est oublié, l’humain l’emporte.
Jana Novotna a longtemps porté comme un fardeau cette réputation de perdante magnifique, d’autant qu’elle a encore cédé en finale, à Londres, en 1997, face à Martina Hingis.
Et puis, un jour, elle y est arrivée. Elle a gagné son tournoi du Grand Chelem en simple (elle les a remportés tous les quatre en double). C’était bien sûr à Wimbledon, là où son jeu d’attaquante pouvait le mieux s’exprimer. En 1998, la Duchesse de Kent lui remet cette fois un trophée beaucoup plus beau que les deux premières fois. Et cela fait plaisir à tout le monde.
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"J’espère qu’elle est heureuse", a déclaré Barbora Krejcikova, en référence à celle qui l’a si bien accueillie, un jour de 2014, et qui l’a tant aidée à conquérir un titre en simple en Grand Chelem, sept ans plus tard…