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Roméo Poirier : rêverie électronique et imagination débordante

Roméo Poirier pour son album Hotel Nota

© Charlotte Miss

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Par Maxime Vandenplas

Fasciné par l’eau depuis tout petit, Roméo Poirier sortait l’année passée l'excellent Hotel Nota, disque aux profondeurs planantes et à la surface fantasque. Un album qui vous grave un sourire sur le visage dès la première écoute. Nous avons rencontré le musicien à l’occasion de son concert du 14 septembre au Botanique. Si vous n’aviez jamais entendu parler de lui, ce papier est l’occasion idéale pour faire plus amples connaissances avec son univers électronique.

Salut Roméo, est-ce que tu pourrais nous dire comment tu as commencé la musique et nous expliquer ton parcours ?

C’est une longue histoire (rire). Alors, pour faire le plus concis possible, je viens de Strasbourg en Alsace. Je suis à Bruxelles depuis 7 ans. J’ai toujours joué de la musique. J’étais baigné dedans en étant enfant. Mon père était dans un groupe de rock, Kat Onoma, qui a eu son petit succès en France. Je suis batteur de formation. Je jouais dans des groupes orientés pop. J’ai continué à le faire en arrivant ici. Je joue avec Françoiz Breut et Marc Melià. À côté de cela, je pratique la musique électronique en solo ou parfois en collaboration avec d’autres artistes.

Je suis arrivé à toucher à l'électro via la guitare. J’en jouais énormément. J’utilisais une pédale de boucle et j’ai passé mon adolescence à emmagasiner ces dernières. Mon père avait un vieux sampleur SP 808. Toutes les boucles étaient sur les disquettes de cette machine. Ensuite, j’ai tout numérisé et j’ai commencé à extraire des bribes de ces passages de guitares pour en faire des morceaux. De ces derniers, j’en retirais à nouveau des boucles pour faire d’autres tracks. En fait, c’est un processus infini

 

On t’en a déjà souvent parlé mais d’où viennent toutes ces sonorités aquatiques dans la musique que tu crées ?

Pour moi, l’eau c’est une fascination comme une autre. Depuis que je suis petit, j’ai toujours eu ce truc pour cet élément. Ça a commencé par des cassettes VHS sur les records d’apnée de Jacques Mayol, les requins… J’étais aussi passionné par tout le matériel technique comme les scaphandres, les bouteilles… Tout est parti de là. Ensuite, j’ai commencé à développer une fascination pour les endroits et les personnes au bord de l’eau. Quand j’ai débarqué à Bruxelles, je faisais des petits boulots et j’ai fini par devenir maître nageur après avoir suivi une formation. Hotel Nota, mon dernier album, parle du littoral.


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Est-ce que tu as besoin d’être près de l’eau pour trouver ton inspiration ?

Non pas du tout. D’ailleurs, je commence à vouloir me détacher de ce lien à la flotte mais je ne sais pas encore trop comment faire. J’ai même expérimenté les concerts sous l’eau. J’ai acheté du matériel de diffusion subaquatique. J’ai poussé le truc assez loin. Comme ma musique a déjà un aspect étouffé, je me suis rendu compte que la jouer dans l’eau, c’était too much. Par contre, j’ai toujours ce haut-parleur et ce micro qui vont sous l’eau que j’ai utilisée pour mon disque Hotel Nota. Ça m’a permis de donner une belle perspective sonore sur certains morceaux.

Au final, je ne trouve pas que ma musique ait un aspect si aquatique que ça. Disons, que ce qui peut l'être, ce n’est pas forcément les sonorités mais ce qui a autour de l’album. Car finalement quand tu mets ta tête dans l’eau, ça ne ressemble pas à la musique de l’album. Comme sur mes sons, il n’y a pas de beats, c’est peut-être en fait juste une histoire de mouvement de la musique. Le nom de certains de mes morceaux rappelle la flotte mais n’est pas lié à cette dernière comme Thalassocratie. Cela ne parle pas du pouvoir de la mer mais de celui qu’on les sociétés humaines sur cette dernière. Il y a donc des rappels mais on n’est pas tout le temps dans un délire aquatique.

Au final, je ne trouve pas que ma musique ait un aspect si aquatique que ça. Disons, que ce qui peut l'être, ce n’est pas forcément les sonorités mais ce qui a autour de l’album.

 

 

Comment ont démarré tes collaborations avec les labels anglais Kit Records et Sferic ?

En fait, j’ai fait un disque : "Atelier Ferme", avec un écossais, Michael Marshall, que j’avais rencontré à Bruxelles. Puis, il est parti habiter à Londres. Il a rencontré Richard, le patron de Kit Records. J’ai fait un mix pour lui et ensuite je lui ai envoyé des morceaux qui je faisais sous mon pseudo Swim Platform. Encore un truc lié à la flotte (rire). Nous sommes devenus amis et j’ai continué à sortir des disques sur son label.

 

Pourquoi avoir sorti différents projets sous des pseudonymes avant de décider d’utiliser ton nom ?

Poirier Marshall Partner, c’était en fait juste la contraction des noms de Michael et le mien. Swim Platform, c’est le moment où ma fascination était à son apogée. J’avais envie de défendre cette musique lié à l’eau. Mais comme je te l’ai dit, je vais commencé à m’en détacher doucement.


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Est-ce que sur Hotel Nota, tu essayes de raconter une histoire ? Quand tu regardes la pochette et écoute le disque, tu te rends compte qu’il y a tout un univers en surface.

Ca me fait plaisir que tu me parles de surface parce que je trouve qu’elle est plus intéressante que les profondeurs. Si on reste dans le délire de la flotte, tous les trucs comme les sous-marins, les abysses… Et bien, cela ne m’intéresse pas du tout. Par contre, si tu passes du temps à regarder la surface de l’eau, tu peux y lire tout un tas d’informations. Il faut en avoir les clés. Tout ce qui se passe au fond de l’eau finit par remonter à la surface.

Cet album, Hotel Notal, traite plus de l’idée d’un lieu. Cet hôtel, n’existe pas, c’est un truc fantasque. Ce qui est marrant, c’est que depuis que j’ai sorti ce disque, j’ai remarqué qu’il y avait un hôtel appelé Nota. Ca à l’air d’être un truc ultra chicos, un peu naze à Belgrade.

Par contre, si tu passes du temps à regarder la surface de l’eau, tu peux y lire tout un tas d’informations.

 

C’est quoi ton processus de création quand tu fais du son ?

Quand je crée ma musique, j’aime partir d’un mouvement répétitif qui n’est pas vraiment une boucle. Dans ma musique rien n’est calé, c’est en free form. J’essaye de fabriquer des accidents qui vont faire apparaître un truc sympa. C’est ma ligne de fond et à cela je vais ajouter des éléments comme des fréquences basses et ou des sons aigus. Je crée mes morceaux avec en tête l’idée de fabriquer un système.

Dans Hotel Nota, on sent une ambiance plus introspective, une tournure plus ambient que certains tracks que tu as sorti avant. Est-ce que tu penses que c’est juste l’évolution de ta musique ou plutôt l’humeur dans laquelle tu étais quand tu créais ton album ?

Je ne souhaite pas que mes sons aient un effet bien précis sur les gens qui l’écoutent. Mais j’estime que la musique dite "planante" doit t’écarter de la réalité pour ensuite que tu y rentres à nouveau mais d’une meilleure manière. Tu retournes mieux dans le réel en essayant de voir les choses différemment.

 

 

Comment tu te sens à quelques jours de ton concert au Bota dans le cadre des Nuits ?

Je me sens super bien. En plus, j’ai déjà pu me remettre un peu en jambes. J’ai déjà fait plusieurs concerts. Le dernier en date, c’était à la route du rock à Saint-Malo. J’ai vraiment hâte d’être le 14 septembre car je vais jouer des morceaux d’Hotel Nota et puis aussi des nouveaux morceaux. Il ne faudra pas s’attendre à quelque chose de visuel. J’ai vraiment misé sur le son. De plus, les derniers concerts que j’ai donné, les gens y portaient des masques. Ici, je suis assez réjoui de savoir que les masques ne seront pas obligatoires, cela donne encore une autre dimension au concert.

Quelles sont tes prochaines actus ?

Alors, je viens de terminer un mix pour Lyl Radio avec Jan Jelinek. J’étais très honoré qu' il m’invite à faire partie de ce projet. En général, il fait les 30 premières minutes et puis il demande à un invité de faire le reste. C’était une super expérience, j’adore cet artiste et ce qu’il fait.

Niveau concert, je joue à Lisbonne au festival MIL après ma date au Bota. Puis j’ai des dates en France où j’assure la première partie de Marc Mélia. À part cela, je suis en train de bosser sur un nouvel album qui devrait sortir l’année prochaine.

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