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Rudi Vervoort sur la fermeture du secteur culturel : "On peut avoir des états d’âme mais la loi, c’est la loi !"

Rudi Vervoort a exprimé son point de vue sur le dernier Codeco.

© Parlement. brussels

"Moi aussi, je commence tout doucement à en avoir marre. Je ne suis pas quelqu’un qui décide en fonction de… Je ne mets pas mon doigt en l’air pour savoir ce qu’il faut faire."

Rudi Vervoort (PS), le ministre-président bruxellois n’a pas été si silencieux que cela sur la tournure des événements après les mesures adoptées par le Codeco du 22 décembre dernier, qui a imposé la fermeture des théâtres, centres culturels et cinémas. La fronde s’organise depuis lors avec une rencontre prévue ce mardi entre les acteurs concernés et le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) alors que Paul Magnette, président du PS, le même parti que Rudi Vervoort a déclaré lundi que le dernier Codeco s’était peut-être "planté".

Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne

Le point de vue du ministre-président régional, qui a participé au Comité de concertation du 22 décembre, est passé presque inaperçu. Pourtant, il l’a exprimé le 24 décembre, lors de la dernière séance de l’année du Parlement bruxellois. Face aux questions des députés, il a développé son argumentaire qui risque de trouver un autre écho désormais.

"Il faut d’abord rappeler ce qu’est la dynamique du Codeco (avec) certains qui considèrent qu’ils sont dedans et dehors. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne", a d’abord taclé le ministre-président rappelant la présence des représentants de majorités politiques différentes en fonction des niveaux de pouvoir.

L’intervention de Rudi Vervoort à partir de 1 h 18 min

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"On a travaillé un scénario en deux temps : une première série de mesures et puis une deuxième en fonction de l’évolution du taux de l’épidémie (puisqu’on) sait que le variant (NDLR : Omicron) sera majoritaire d’ici quelques jours et dominants entre 12 et 15 jours."

Personne n’a jamais dit que les théâtres étaient un secteur à 100% sûr

Concernant les lieux culturels, il enchaîne : "Personne n’a jamais dit que les théâtres étaient un secteur à 100% sûr, je ne sais où vous avez été chercher cette information-là", répondra-t-il ce jour-là aux interpellations de plusieurs députés bruxellois notamment Ecolo, One.brussels et MR.

"Ce que le Gems (NDLR : le Management Strategy Expert Group, qui conseille le Codeco) a dit, c’est qu’à partir du moment où le taux de contamination atteint un cliquet, on ferme tout. Dire qu’on ne fermerait plus jamais parce que c’est sûr", n’est pas exact a insisté le ministre-président qui rappelle qu’une note préparée par le gouvernement fédéral a été déposée le jour même du Codeco proposant la fermeture des lieux culturels.

Le système, c’est le consensus, personne ne s’est opposé

"C’était la proposition du commissariat Corona", ajoute Rudi Vervoort. Le but : "C’était d’aller en une fois, ça c’était la réalité. Donc, on a travaillé là-dessus. Qu’il y ait eu des expressions pour dire que cela allait être dur ? Oui. Mais personne ne s’est opposé. Personne ! Le système, c’est le consensus. Si quelqu’un s’oppose alors qu’il le dise, il le dit. Et c’est fini. Et la réunion s’arrête ! C’est comme ça que ça fonctionne", s’énerve le ministre-président.

Le Codeco n’est pas fait pour gérer une pandémie

L’Everois enchaîne ensuite sur le rôle du Codeco dans le cadre de la gestion d’une pandémie. Le Comité de concertation n’est pas l’assemblée la plus adéquate, selon lui.

"Est-ce que c’est le bon outil pour gérer une pandémie ? Je l’ai déjà dit : je n’en suis pas convaincu, dans sa dynamique. Le Codeco n’est pas fait pour ça, il est là pour prévoir d’éventuels conflits d’intérêts entre des entités. Il n’est pas là pour gérer une pandémie, pas plus que ne l’était le Conseil national de Sécurité qui était là pour gérer des problèmes liés au terrorisme."

Je commence tout doucement à en avoir marre

Mais, ces considérations écartées, "qu’on ne vienne pas raconter des choses qui ne sont pas, y compris dans les familles politiques. Parce que moi aussi, je commence tout doucement à en avoir marre. Je ne suis pas comme ça quelqu’un qui décide en fonction de… Je ne mets pas mon doigt en l’air pour savoir ce qu’il faut faire. J’envoie ce message-là à qui de droit. Je n’accepte plus."

Une différence entre théâtres et cinémas ?

Retour ensuite sur les discussions au sein du Codeco. "La dynamique a été celle-là et on a travaillé sur cette dynamique-là. On a passé des heures à discuter des restaurants, des cafés… pour se dire que cela, c’est faisable, cela, ce n’est pas faisable… Ce sont les mêmes discussions depuis 15 mois."

Puis, "effectivement, on a évoqué la question du monde culturel. Il a même été demandé si on allait faire une différence entre les théâtres, les cinémas… Tout cela a été discuté. Croire que c’est passé comme ça, sans une discussion approfondie, c’est faux ! Mais à chaque fois, il y avait des arguments pour dire que ce ne serait pas cohérent, qu’on opposera au sein d’un même secteur…"

Vous pouvez contaminer une personne, malgré le masque

Mais la discussion a été tranchée avec la décision prise à l’encontre des théâtres et cinémas. Rudi Vervoort rappellera également l’arrivée massive d’Omicron. Une évaluation est promise par le Fédéral mais "ne perdez pas cela de vue. Les perspectives ne sont peut-être pas négatives (même si) elles le sont en termes des contaminations. Même avec un masque chirurgical, c’est un (variant) qui se transmet. Je ne suis pas expert, c’est ce que j’entends. Si vous passez deux heures à côté de quelqu’un, vous pouvez contaminer une personne malgré le masque. Sur sa dangerosité, les choses sont moins claires. Mais sur le nombre, il y aura plus d’hospitalisations."

Théâtres : Le public présent en soutien

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Le secteur culturel gronde depuis ce Codeco et tente de faire plier le Fédéral, notamment au travers de recours au Conseil d’Etat. Vendredi dernier, Rudi Vervoort déclarait : "Je comprends le débat, je comprends l’émoi. Si au niveau du gouvernement fédéral, on estime – mais je n’ai pas le sentiment qu’il y ait un consensus à cet égard-là – qu’on demande un nouvel avis aux experts, pourquoi pas. Mais la situation, elle est celle-là. "

Il y a un arrêté royal

Dernier élément dans l’analyse du ministre-président : "Je veux aussi être très clair par rapport au Codeco : il y a un arrêté royal. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? On ne va pas décider collectivement de ne pas l’appliquer ! Cela, je suis désolé, je ne peux pas défendre ça. Même si on peut avoir des états d’âme. Mais la loi, c’est la loi", ajoutera un Rudi Vervoort remonté, évoquant aussi l’existence d’une loi pandémie dans notre pays.

Le ministre-président a enfin rassuré les secteurs : les aides pour la culture seront relancées ainsi que les soutiens financiers économiques. Un train de mesures sera présenté lors du premier conseil des ministres bruxellois de janvier 2022.

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