"Russia Today dénigre l'Occident, mais les médias occidentaux font la même chose envers la Russie"

"Russia Today présente une vision assez négative du monde occidental"

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Que peuvent apporter les médias russes aux journalistes et citoyens occidentaux ? Nina Bachkatov, spécialiste de la Russie, était invitée sur La Première ce matin pour en parler. 

La Russie est souvent accusée de produire des "fake news". Est-ce qu’il s’agit d’une stratégie d’État ?

"Probablement que dans certains cas, oui, mais alors il faut que ça s’inscrive dans une situation de politique internationale particulière. Pour le restant, je crois qu’il y a à la fois des informations fiables, comme chez nous, et qu’il y a les informations qui apparaissent dans les réseaux sociaux, qui ne sont pas contrôlées. Un problème que l’on connaît très bien chez nous aussi. Pour le reste, par définition, c’est toujours très difficile de prouver que c’est une 'fake news', surtout quand on l’a déjà publiée".

Au cœur du dispositif médiatique russe, il y a Russia Today, c’est une chaîne de télévision qui émet depuis Moscou. Est-ce que vous pouvez nous la présenter ? C’est une sorte de CNN ou de France 24, version russe. Peut-on lui faire confiance ?

"C’était, au départ en tout cas, une volonté de présenter la position russe dans le monde en produisant une chaîne d’information en continu qui semblait, à l’époque, le comble de la mode, la chose qu’il fallait avoir si on était une grande puissance. Et donc la Russie a lancé cette télévision. Puis il y a eu une évolution, c’est-à-dire qu’au départ, je la trouvais d’ailleurs relativement intéressante parce qu’on avait accès à des informations, ou simplement des images qu’on ne voyait pas ailleurs, puisque, par définition, les journalistes russes s’intéressent à différentes choses et vont à des endroits où on n’a pas toujours l’accès.

Puis, il y a eu un changement où c’est devenu carrément une volonté de présenter, non seulement, la position russe, ou la vision russe du monde, mais aussi de plus en plus présenter une vision assez négative du monde occidental.

Et donc ils sont tombés un peu dans un travers - qui existe chez nous aussi, c’est-à-dire que je ne sais pas quand vous vous souvenez d’avoir vu la dernière fois un reportage ou un article sur quelque chose qui allait bien en Russie.

Russia Today est un miroir qui nous déplaît souverainement et qui permet de montrer, en tout cas d’essayer de montrer, que la Russie aussi peut présenter une vision noire du monde occidental, ce n’est pas uniquement les Occidentaux qui présentent une vision négative de la Russie. Il y a un objectif politique certainement, mais c’est aussi une façon de se projeter dans le monde médiatique actuel".

Vous trouvez donc une information libre, indépendante et crédible en Russie ?

"Oui, tout à fait. Il faut savoir ce qu’on lit, il faut savoir qui l’écrit, il faut savoir sur quel sujet aussi, parce que finalement les médias russes fonctionnent beaucoup plus sur l’autocensure que sur la vraie censure, ou ce qu’on appelle chez nous la propagande.

Il y a quand même très peu de journalistes qui se lancent dans la propagande, dans laquelle ils ne croient pas. Donc c’est pour ça qu’il est important de connaître l’identité du journaliste, le média.

Mais il y a des choses intéressantes parce que ça nous permet quand même de voir comment les Russes fonctionnent de l’intérieur, ce qu’ils pensent, ce qui les intéresse, comment ils voient le monde. Et après qu'on les trouve sympathiques ou pas, qu'on dialogue avec eux ou pas, on a une base que l’on n’a pas actuellement".

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