Le Parquet russe a requis lundi neuf ans de prison contre l’opposant emprisonné Ilia Iachine, ont indiqué les soutiens de ce critique de longue date du Kremlin jugé actuellement pour avoir dénoncé l’offensive en Ukraine. "Le procureur a demandé neuf ans de privation de liberté", a indiqué l’équipe d’Iachine dans un message publié sur les réseaux sociaux.
Le militant, âgé de 39 ans et arrêté en juin, est accusé d’avoir "diffusé de fausses informations" sur les actions de l’armée russe en Ukraine avec "incitation à la haine", un crime passible de 10 ans de prison. Il lui est reproché d’avoir dénoncé lors d’une intervention en direct sur YouTube "le meurtre de civils" dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où l’armée russe a été accusée d’exactions, ce que nie Moscou.
Son arrestation ne l’a pas empêché de continuer à critiquer les autorités de façon acerbe et à dénoncer l’intervention militaire en Ukraine. Début novembre, il avait accusé les juges russes d’être des "serviteurs" du pouvoir et de donner à Poutine un "sentiment d’impunité". Il est poursuivi sur la base d’articles du code pénal introduits peu après le début de l’offensive en Ukraine et qui punissent ceux qui "discréditent" l’armée ou "publient de fausses informations" à son sujet.
Ces textes sont vagues et leur champ d’application très large, les détracteurs du Kremlin y voyant un outil "fourre-tout" pour poursuivre toutes les voix critiques.
Iachine, qui a commencé à militer très jeune dans les années 2000, était un proche de l’opposant Boris Nemtsov, assassiné en 2015, mais aussi du militant anti-corruption Alexeï Navalny, emprisonné depuis début 2021 après avoir survécu à un empoisonnement qu’il attribue au Kremlin.