Russie : un an après l’empoisonnement d’Alexeï Navalny, que devient son combat ?

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Par J.C., avec agences

Il y a un an, le 20 août 2020, l’opposant russe Alexeï Navalny était victime d’un empoisonnement, auquel il a survécu, soigné par un hôpital en Allemagne.

Ce vendredi, il a remercié depuis sa prison, dans un message sur les réseaux sociaux, tous ceux qui lui ont sauvé la vie et affirmé qu’il poursuivrait son combat. "J’ai une deuxième chance de vivre, et de prendre toutes les décisions que j’estime justes et honnêtes", a-t-il écrit.

Il a ainsi écrit une tribune publiée jeudi par plusieurs journaux européens dans lequel il appelle à lutter plus activement contre la corruption, et Vladimir Poutine. De son côté, la Russie accuse les Occidentaux d’instrumentaliser l’affaire Navalny pour s’ingérer dans ses élections législatives.

La corruption, sujet à aborder avec Vladimir Poutine

La tribune d’Alexeï Navalny a été publiée en français dans Le Monde, en anglais dans The Guardian et en allemand dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.


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Selon Alexeï Navalny, "la corruption n’est plus depuis longtemps un problème intérieur" des pays autoritaires, parmi lesquels la Russie, mais "l’une des principales causes des défis mondiaux auxquels l’Occident aussi est confronté".

L’opposant russe a appelé les Occidentaux à évoquer la corruption comme sujet d’importance prioritaire lors des sommets internationaux et à mettre le sujet sur la table lors des rencontres avec les dirigeants autoritaires, dont Vladimir Poutine, même si c’est "embarrassant".

"Un buzz" créé par les Occidentaux

Mercredi, la Russie avait accusé les Occidentaux de vouloir s’ingérer dans les élections législatives prévues en septembre dans le pays en "créant artificiellement le buzz" autour d’Alexeï Navalny.

Dans un long communiqué fustigeant les pays occidentaux, et l’Allemagne en particulier, le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé une "ingérence dans les affaires intérieures" de Moscou, "notamment pour influencer la campagne électorale" des législatives.

De son côté, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel avait souligné que l’affaire Navalny "pèse lourdement sur la relation avec la Russie" car il "est injustement emprisonné". Le président français Emmanuel Macron est allé également -dans ce sens, demandant au téléphone jeudi à Vladimir Poutine la libération d’Alexeï Navalny.

Sujet du Journal télévisé du 5 février 2021

Alexei Navalny : Relations Moscou-UE au plus bas

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L’affaire Navalny

Le 20 août dernier, Alexeï Navalny fait un malaise dans un vol intérieur russe alors qu’il est en tournée électorale pour défendre ses candidats au scrutin local. Admis en réanimation dans un hôpital d’Omsk, il y reste deux jours avant d’être évacué vers l’Allemagne, au terme d’un bras de fer entre l’hôpital et ses proches.

A Berlin, les médecins diagnostiquent des "traces d’empoisonnement" contrairement à leurs homologues russes.

Le poison est identifié, par trois laboratoires européens, comme un agent neurotoxique de type Novitchok, une substance conçue à l’époque soviétique à des fins militaires et déjà utilisée contre l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia en 2018 en Angleterre.

Alexeï Navalny empoisonné au Novitchok

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Les Russes n’ont jamais reconnu cet empoisonnement, tout comme ils ne l’ont jamais fait dans d’autres affaires d’empoisonnement ou d’assassinats par d’autres moyens d’opposants.


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Rétabli au bout de cinq mois en Allemagne, Alexeï Navalny retourne en Russie, où il est arrêté le 17 janvier puis incarcéré. Il est condamné à plus de deux ans de détention, dans le cadre d’une ancienne affaire datant de 2014, pour laquelle il était accusé de détournement de fonds.

Alexei Navalny condamné à trois et demi de prison ferme

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En mars, Alexeï Navalny fait une grève de la faim de plus de 20 jours pour protester contre des soins médicaux insuffisants. Il se plaint en effet de fortes douleurs au dos et d’une paralysie de ses membres.

Si Alexeï Navalny est emprisonné, ses soutiens sont encore actifs. Mais les autorités russes se sont attelées ces derniers mois au démantèlement de son réseau avec notamment le classement de ses organisations comme "extrémistes" par la justice et le blocage de dizaines de sites qui lui sont liés.

Lundi, sa porte-parole, Kira Iarmych, a été condamnée à une peine d’1,5 ans de liberté surveillée. Elle était accusée d’avoir participé à l’organisation de rassemblements en soutien à Alexeï Navalny, en pleine pandémie de coronavirus. D’autres proches de l’opposant sont visés par ces accusations.

Russie : Navalny conduit dans une unité médicale pénitentiaire

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