"Je condamne ce genre de pratique de la part des écoles", déclare Delphine Chabbert (PS), députée au Parlement francophone bruxellois. "Qu’il y ait une attention à ce que tout élève ait une tenue correcte dans l’école, c’est important. Mais très souvent, les règlements d’ordre intérieur datent ou sont reproduits de ROI antérieurs : un temps où on n’autorisait pas aux garçons de porter des shorts, aux jeunes de porter des joggings. On attendait des filles qu’elles aient des jupes en dessous du genou pour s’agenouiller pour la prière. Les temps ont changé. La communauté éducative de l’école doit travailler main dans la main avec les élèves pour définir ensemble les règles que chacun.e doit respecter. Elles doivent être les mêmes pour les filles et les garçons. Il n’est plus admissible qu’il y ait des règlements sexistes", continue-t-elle.
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Même opinion pour la Secrétaire d’État à l’Égalité des Chances et des Genres et à la Diversité, Sarah Schlitz (Ecolo), qui ajoute : "Le fait de justifier les règles pour dire que ça distrairait les garçons, c’est très réducteur. Envoyer comme message aux jeunes femmes que leur corps est un problème vis-à-vis des garçons qui ne savent pas se tenir, c’est problématique pour la construction des jeunes adultes qui est en cours".
Elle rappelle qu’il est possible de faire des dépôts de signalement à l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes qui est habitué à faire de la médiation quand il y a des cas de discrimination sur base du genre.
Interrogé sur l’affaire, le cabinet de la ministre de l’Éducation Caroline Désir (PS) nous explique ne pas pouvoir intervenir directement, les ROI relevant des prérogatives du pouvoir organisateur (PO). "C’est inadmissible, nous ne tolérons et ne cautionnons évidemment pas ces actes et interpellerons le PO de l’établissement", commente Jean-François Mahieu, porte-parole de la ministre.
De leur côté, le pouvoir organisateur de Wallonie-Bruxelles Enseignement dont fait partie l’Athénée Royal Air Pur, dit vouloir mener une enquête pour vérifier les faits. Ils soulignent néanmoins qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, les établissements sont autonomes dans l’élaboration de leur ROI qui est donc propre à chacun d’eux. "Dans ce ROI, l’établissement peut préciser ses règles en matière de tenue vestimentaire adaptée à la scolarité (sécurité, hygiène, uniforme, etc.). Il lui revient donc d’envisager des adaptations, de façon à ce que toutes les parties puissent cohabiter de façon harmonieuse", souligne Géraldine Kamps, porte-parole de Wallonie-Bruxelles Enseignement en insistant sur le fait que la retenue ne portait pas uniquement sur la tenue vestimentaire de l’élève.