Un jour dans l'histoire

'S’adapter ou mourir' : l’histoire explosive de la musique de James Bond

On estime que deux Terriens sur trois sont capables de chantonner l’air du thème du célèbre agent 007. Mais sommes-nous aussi nombreux à connaître sa genèse, ainsi que toute la richesse qui compose les bandes-son des 25 films de la saga, dont 11 sont composées par John Barry ? L’univers musical de James Bond est composé de tant d’histoires et d’anecdotes qu’il fallait bien un livre pour les rassembler toutes et les dévoiler. C’est chose faite grâce à Nicolas Buytaers !

Nicolas Buytaers, grand amateur et collectionneur des disques de la saga James Bond, publie 'Goldsinger – Les musiques de James Bond', chez Omaké Books.

Sean Connery dans Never Say Never Again
Sean Connery dans Never Say Never Again © Bob Penn/Sygma/via Getty Images

Le thème de James Bond, dès 'James Bond contre Dr No'

La saga James Bond fête ses 60 ans, puisque l’histoire commence le 5 octobre 1962.

Le thème de James Bond apparaît dès le premier épisode, James Bond contre Dr No. On le doit au compositeur Monty Norman, un proche du producteur Albert "Cubby" Broccoli. Il va d’abord s’inspirer de la musique jamaïcaine, là où se déroule le film, mais l’autre producteur Harry Saltzman juge la musique des îles trop légère pour un espion qui sauve l’empire britannique et le monde entier !

Monty Norman va alors sortir de son tiroir un titre qu’il avait écrit jadis pour une comédie musicale jamais montée, The House of Mr. Biswas, mais cela reste encore trop léger. La production fait alors venir un petit jeune. C’est John Barry, multi-instrumentiste et avant-gardiste, qui n’a encore jamais lu la moindre ligne d’Ian Fleming. Il va réorchestrer le thème de Monty Norman et en faire cette musique mythique, qui, associée à la silhouette du générique, révèle la personnalité de l’espion britannique.

Cette musique est véritablement la carte d’identité de James Bond. A chaque fois qu’il y a une action, du danger, un twist, il y a cette musique qui résonne. Elle fait partie de sa panoplie, de ses gadgets. C’est son premier gadget en fait.

James Bond contre Dr No, c’est le seul film de la saga qui ne se passe pratiquement que dans un lieu : en Jamaïque. Et là, il y a une musique qui résonne : c’est le ska que le monde va découvrir grâce à la bande originale du film et en tomber amoureux. 1962 correspond aussi à une grande vague d’immigration jamaïcaine en Angleterre, qui va y apporter sa musique. Certains grands musiciens ska, encore inconnus hors Jamaïque à l’époque, apparaissent d’ailleurs comme figurants dans le film.

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Bons baisers de Russie

En 1963, une nouveauté apparaît avec la sortie de Bons baisers de Russie, le 2e film de James Bond. C’est la chanson-titre : une chanson qui reprend le titre du film.

A ne pas confondre avec la chanson-générique, même si, par la suite, certaines chansons-titres se confondront avec les chansons-génériques.

Chaque pays va se réapproprier les musiques de ces films, dans sa propre langue, sa propre culture. Le signe que James Bond, très vite, est entré dans la culture populaire.

Et une mine pour les collectionneurs !

Goldfinger

1964 est peut-être l’une des bandes-son les plus mythiques du cinéma, avec Goldfinger.

C’est le film qui a tout révolutionné, explique Nicolas Buytaers.

"Les deux premiers étaient, non pas des films de série B, mais des petits films, à petits budgets. Avec Goldfinger, on est un cran au-dessus. Il va amener tout ce qui fait, encore aujourd’hui, l’ADN de cette saga : un héros iconique, un méchant tout aussi iconique, "gadgets, girls and guns," les 3 G en anglais."

Et il y a cette chanson-titre, qui est aussi une chanson-générique, Goldfinger, merveilleusement chantée par Shirley Bassey. Elle représente la quintessence de ce que va devenir James Bond : une explosion d’action, d’exotisme, de charme.

Des ingrédients qui se retrouveront dans les bandes-son des films suivants : On ne vit que deux fois, Au service de sa Majesté,…

Vivre et laisser mourir

Le 8e épisode de la saga, Vivre et laisser mourir, en 1973, marque une nouvelle révolution dans la bande-son de l’espion.

On change d’acteur : Roger Moore remplace Sean Connery. Ce n’est pas le même physique, le même caractère, le même charisme. On est dans les années 70, avec d’autres préoccupations. James Bond doit évoluer.

La production propose aussi un nouveau compositeur, une nouvelle approche. Ce sera George Martin, le compositeur et producteur qui a fait des Beatles ce qu’ils sont devenus. Il va redonner du souffle à la saga Bond et en même temps, aider un petit jeune qui débute, Paul McCartney, qui cherche à oublier sa période Beatles et à se lancer en solo. Ce sera Leave and let die.

'The Man with the Golden Gun' avec Roger Moore
'The Man with the Golden Gun' avec Roger Moore © Movie Poster Image Art/Getty Images

S’adapter ou mourir

La saga James Bond s’étend sur 60 ans. C’est 60 ans d’histoire. C’est s’adapter ou mourir, comme le titre d’un James Bond…

Les meilleurs instruments, les meilleurs musiciens seront choisis pour coller à l’époque, mais aussi pour devancer à chaque fois son époque.

En 1977 sort L’espion qui m’aimait, avec un nouveau compositeur, Marvin Hamlisch, qui va amener la basse typique du disco, s’adaptant ainsi au mieux à l’air du temps.

1979 : pour Moonraker, John Barry est de retour aux commandes, accompagné de Shirley Bassey à nouveau, pour la chanson-titre, Kate Bush ayant refusé.

Pour Rien que pour vos yeux, on va chercher Debbie Harris, qui va refuser car le groupe Blondie n’est pas souhaité.

La chanson proposée par Alice Cooper pour L’homme au pistolet d’or sera quant à elle refusée. Mais elle se retrouvera sur l’un de ses albums.

Dans les décennies suivantes, la musique des James Bond va continuer à s’adapter aux genres musicaux, aux changements d’acteurs, aux nouvelles techniques de diffusion.

Dans les années 2000, David Arnold va s’imposer comme le digne héritier de John Barry.

2012 verra le raz de marée de Skyfall, d’Adele, chanson-titre ravageuse et multirécompensée.
 


Mille autres choses encore à découvrir dans 'Goldsinger – Les musiques de James Bond', de Nicolas Buytaers, chez Omaké Books.


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