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Sambreville et Sombreffe : le gaz hilarant désormais interdit sur la voie publique

Sambreville et Sombreffe : le gaz hilarant désormais interdit sur la voie publique (par O. Leherte)

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Par Odile Leherte

Les policiers de la zone de Sambreville et Sombreffe pourront dorénavant sanctionner la consommation, la détention et la vente de protoxyde d’azote, ce gaz hilarant dont vous connaissez certainement l’existence même si vous n’en avez jamais consommé : depuis quelques années, des cartouches vides en métal – mais qui ont contenu ce gaz – jonchent régulièrement le sol les lendemains de fête(s).

Le conseil communal de Sambreville l’avait déjà votée il y a quelques semaines, Sombreffe vient de lui emboîter le pas ce lundi soir en adoptant une nouvelle ordonnance de police.

"Elle consiste à ériger en infraction la consommation, la détention et la vente de protoxyde d’azote sur la voie publique", explique Jean-Paul Bourgeois, le chef de corps de la zone de police Samsom. Ce ne sont pas les premières communes à prendre de telles mesures. "La consommation de stupéfiants sous toutes ses formes est en augmentation partout, et notamment au volant."

Un gaz « récréatif » beaucoup plus dangereux que les jeunes ne le croient

Si le phénomène n’est pas neuf (dès 2017, il a essaimé dans les grandes villes européennes), à Sambreville, des traces n’en ont été remarquées que depuis 2021.

Dès que des dizaines de petites cartouches de métal sont apparues dans les rues, Jean-Paul Bourgeois s’est inquiété de cette nouvelle mode. "Les jeunes sont peu conscients du réel danger. Ils savent tous que ce n’est pas bon, comme l’alcool, la cigarette… mais ils ne sont pas conscients des séquelles que la consommation de protoxyde d’azote peut avoir."

Un problème de santé et de sécurité routière

Les effets recherchés par les jeunes consommateurs se produisent dans les cinq minutes qui suivent la prise de gaz hilarant mais leur durée s’allonge légèrement en fonction de la quantité de gaz inhalée.

En marge de l’euphorie et des effets positifs souhaités (hallucination ; les gens entendent des bruits étranges ou sentent leurs muscles qui se détendent), les effets réels parfois non ressentis persistent beaucoup plus longtemps.

"Toute une série de nuisances et de troubles peuvent être causés par la consommation de ce gaz. Par exemple : des piétons qui traversent n’importe comment sans faire attention, qui perdent l’équilibre au milieu de la rue, des cris donc des troubles en termes de tapage nocturne. Et puis, les personnes qui prennent le volant causent d’autres soucis. L’institut Vias parle d’un risque jusqu’à 200 fois plus important de faire un accident". Un jeune conducteur sur sept admet prendre le volant régulièrement après avoir consommé du gaz hilarant.

En fonction du nombre de doses, et du degré de répétition, le consommateur pourra subir des conséquences bien plus graves. "Finalement, on peut aller jusqu’au coma, voire un décès par manque d’oxygène. Et puis, sur le long terme, on peut avoir une attaque du système nerveux central, des paresthésies (sensation de pied qui dort, de picotements dans les mains et les pieds, perte de sensations), des paralysies."

Le gaz hilarant bloque en effet la métabolisation de la vitamine B12 qui joue un rôle primordial dans le fonctionnement de notre système nerveux.

Un phénomène en croissance et en mutation

"Au début, on avait essentiellement les petites cartouches métalliques qu’on utilise en cuisine. Par la suite, on a vu de plus grandes bonbonnes en vente, sur des sites et aux Pays-Bas. Ces bonbonnes représentent 100 à 600 fois la quantité d’une cartouche métallique. Cela pousse encore plus à la consommation." Les jeunes remplissent des "ballons" de ce gaz et le respirent. Comme l’effet s’estompe rapidement, ils enchaînent les ballons.

Des dealers se reconvertissent aussi dans le commerce de ce gaz.

Aux Pays-Bas, le gaz hilarant est d’ailleurs la drogue la plus consommée, après le cannabis et l’ecstasy. Ce sont les 18-30 ans, et plus spécifiquement les hommes, qui en sont les plus friands.

Une ordonnance de police pour tenter d’enrayer le phénomène

En février 2022, une loi était adoptée en Belgique pour interdire la vente de gaz hilarant aux mineurs. Elle n’interdit toutefois pas la consommation du produit. Grâce à cette décision communale, les policiers pourront dorénavant sanctionner la consommation, la détention et la vente de ce produit addictif. "Le policier va faire cesser l’infraction et l’ordonnance permet d’avoir des amendes jusqu’à 350 euros", précise Jean-Paul Bourgeois.

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