Malya explique qu’elle se sent alors comme "une cible à abattre". "Pour moi, l’histoire était terminée. Mais j’ai été à nouveau convoquée à la crèche, comme une enfant. Mon mari était en congé, il m’a donc accompagnée. La directrice m’a demandé de ne plus interagir avec le personnel, et que seul mon mari, qui est blanc, pouvait discuter avec eux. La directrice m’a menacée ce jour-là de ne pas prendre mon futur enfant dans sa crèche. Je suis enceinte et c’est la seule crèche proche de chez nous. Je ne me vois pas reprendre le travail et devoir déposer mes bébés dans deux établissements différents. Et puis, avec le prix de l’essence…", souligne Malya.
Je découvre la violence psychologique avec cette affaire et je souffre beaucoup, au point que je m’inquiète pour l’impact sur mon fœtus. Je ne savais pas que des mots pouvaient faire aussi mal.
"Mon mari est sorti de là, choqué, car la directrice a été très condescendante. Il m’a dit : ‘C’est comme ça qu’on te parle tout le temps ?’ Moi, je ne m’en rends même plus compte, j’ai l’habitude que l’on me parle sur ce ton. Mon mari a dès lors pris la décision de reprendre notre petit garçon à la maison, du moins en attendant que la situation s’apaise. Nous avons envoyé un courrier à la crèche pour signifier que nous ne renoncions pas à sa place, mais que nous estimions qu’il fallait désescalader la situation avant qu’il ne revienne."
En octobre 2022, la crèche rompt le contrat d’accueil aux motifs d’"atteinte morale sur le personnel de la crèche", ainsi que du "non-respect du projet d’accueil et du contrat d’accueil". Malya n’a plus de solution de garde pour son fils. "Nous avons reçu une lettre recommandée nous signifiant la rupture unilatérale et arbitraire du contrat de garde de mon enfant. Tout ça sans préavis, avec effet immédiat."
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Dans des documents que nous nous sommes procurés, l’ONE, qui a été sollicité par Malya, explique que la continuité de l’accueil de l’enfant doit en effet être préservée, car la priorité doit être donnée à ses intérêts, selon l’Arrêté du 2 mai 2019.
Une réunion avec Malya, les représentant·es de la crèche, les représentant·es du CPAS et ceux de l’ONE a été proposée, une réunion qui sera déclinée par le CPAS, selon les documents que nous avons pu lire.
En novembre 2022, l’ONE met la crèche en demeure de régulariser la situation endéans les 15 jours, sous peine de suspension de leurs subventions. "Après cette mise en demeure, la réunion a pu avoir lieu en décembre 2022 et mon fils est enfin retourné à la crèche. Cela se passe bien avec les puéricultrices." Dans un mail que nous avons pu lire, Malya remercie la crèche pour cette réunion et écrit : " Mon seul désir est de renouer une relation saine, respectueuse et apaisée."