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Sauvons Bambi : des bénévoles évitent la mort de faons grâce à leurs drones

Sauvons Bambi : des bénévoles évitent la mort atroce de faons grâce à leurs drones

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Par Aurore Peignois via

En cette fin de printemps, les fauchages vont bon train chez les agriculteurs. Pour ceux dont les passerelles se trouvent à proximité de bois, des drames se jouent régulièrement sous leurs engins agricoles sans qu’ils puissent intervenir à temps. Peu craintifs et alertes, cachés dans les hautes herbes, de jeunes faons à peine nés se font alors tuer ou mutiler. Une situation qui a fait régir Cédric Petit. Avec d’autres bénévoles, ils envoient des drones équipés d’une caméra thermique pour repérer les faons, les protéger et les déplacer le court temps du travail agricole.

Il est 7h et le soleil se lève sur la Falaize, à Eghezée. Cédric Petit et son ami aussi pilote de drone, Jean-François Kindt, ne perdent pas une seconde. Plus le soleil s’élèvera dans le ciel, plus leur mission de sauvage sera compromise.

Ensemble, ils envoient dans les airs, à 70 mètres d’altitude, des drones de taille moyenne équipés d’un accessoire indispensable : une caméra thermique. " Dès l’aube on va survoler les parcelles qui seront fauchées dans la matinée. En général, on la quadrille assez rapidement et en dix minutes, un quart d’heure, on peut analyser dix hectares. Le drone va repérer une tâche de chaleur, avec l’habitude on reconnait rapidement s’il s’agit ou non d’un animal. Ensuite je guide quelqu’un de l’équipe jusqu’au petit faon pour le mettre à l’abri, à l’orée du bois, dans une boîte aérée mais fermée ", explique Cédric Petit.

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Ce matin du mois de mai, le duo a déjà repéré 4 jeunes faons sur une parcelle relativement petite. Sans l’intervention de Cédric Petit et Jean-François Kindt, leur mort dans la journée était assurée. Pour attraper l’un des petits Bambi, Sébastien utilise un énorme filet à papillons : " Vous voyez qu’il est serein, endormi, il n’a pas peur. Si nous n’étions pas intervenus, ce faon, dans une heure, aurait été attrapé par une faucheuse et n’aurait eu aucune chance de survie. Il n’aurait pas pu se rendre compte du danger. Il va terminer sa sieste dans la boite à l’orée du bois et après la fauche nous viendrons le libérer ", explique le bénévole.

Pour les agriculteurs, faucher un jeune animal sauvage ne les laisse pas sans traumatisme. " Certains doivent parfois les achever tellement ils sont mutilés et en souffrance, les agriculteurs sont très reconnaissants de nos services gratuits ", ajoute C. Petit.

Une fois la fauche terminée, Cédric et Jean-François retournent délivrer leurs protégés en prenant toutes les protections pour ne laisser aucune odeur sur le faon. Certains sont toujours en pleine sieste, pour d’autres, leurs cris permettront à leur maman de les retrouver sains et sauf quelques instants plus tard. " La mère n’est jamais loin, elle les surveille et nous surveille ".

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Pour Jean-François et Cédric, sauver des jeunes faons était une évidence.

L’asbl Sauvons Bambi est née en 2018, d’un constat tragique posé par Cédric Petit : " L’idée m’est venue parce que je suis né dans une famille d’agriculteurs. Des oncles et autres me disaient souvent que malheureusement, cette année encore, ils avaient fauché des faons et que ça les attristait énormément. Je voulais absolument trouver un moyen d’éviter cela alors je me suis renseigné sur Internet et j’ai vu qu’en Suisse, depuis 2015 déjà, ils inspectaient les champs avec des drones à caméra thermique pour repérer ces animaux à distance. Du coup j’ai acheté un drone semblable et j’en ai parlé autour de moi ".

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La première année, Cédric Petit parvient seul à sauver 20 faons d’un mort ou d’une mutilation grave certaine. " Puis on était deux, quatre… le nombre de bénévoles augmentait chaque année et de faons sauvés aussi. On a ouvert une succursale en Province de Luxembourg avec gens passionnés. Aujourd’hui, l’asbl compte 50 à 60 pilotes bénévoles. L’an dernier, c’étaient 350 faons sauvés, cette année on espère atteindre le chiffre de 500 ", se réjouit Cédric Petit.

Si les missions ont principalement lieu entre début mai et fin juin, la période du 15 mai au 15 juin est la plus intense pour les naissances… et les fauchages. Alors Cédric et de nombreux autres bénévoles multiplient les missions quotidiennement dès l’aube dont ils n’ont connaissance que la veille ou l’avant-veille. Dépendants du planning des agriculteurs et de la météo, ils restent alertes toute cette période et les appels ne manquent pas. " J’ai envie de dire aux agriculteurs et autres gestionnaires de domaines ou de chasse qu’ils n’hésitent pas à nous appeler. On ne perturbe pas leur programme, on ne leur demande pas de se déplacer sur la parcelle puisqu’on vient tôt le matin avant qu’ils ne travaillent et surtout c’est gratuit. Quant aux pilotes de drone avec une licence et une caméra thermique, n’hésitez pas à nous contacter sur notre site web afin de devenir pilote pour nous. Vous verrez, on vous formera gratuitement et vous allez vivre des moments fabuleux ", ajoute Cédric Petit.

" Ce que ça me procure un bien fou, nous sommes vraiment privilégiés de faire ça, on ne peut pas refuser de sauver des petits faons ", conclut Jean-François.

Pour se financer, Sauvons Bambi s’appuie sur quelques subsides mais surtout de nombreux dons de particulier pour s’équiper notamment en batterie, en drones etc. L’ASBL a d’ailleurs lancé un nouvel appel.

Plus d’infos : https://sauvonsbambi.be/

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