Le 28 décembre 1895, au Grand café de Paris du boulevard des Capucines, a lieu la première séance publique et payante du cinématographe avec la projection de “La sortie des usines Lumière à Lyon”. Mais bien avant l’invention révolutionnaire des Frères Lumière, des Wallons ont apporté leur contribution au développement des arts audiovisuels. Ainsi, à la fin du XVIIIe siècle, le Liégeois Robertson dépose le brevet d’une lanterne magique, le fantascope, qui va émerveiller l’Europe entière. Né à Liège en 1763, Etienne-Gaspard Robert dit Robertson est un homme aux multiples talents à la fois peintre, dessinateur, physicien, aéronaute mécanicien, opticien, et "fantasmagorien".
La fantasmagorie, étymologiquement " l’art de faire parler les fantômes en public ", consiste à la fin du xviiie siècle à projeter et à animer sur un écran de toile ou de fumée des tableaux miniatures peints sur des plaques de verre ou bien gravés sur un support opaque.
Dans sa version achevée, le fantascope est une grosse boîte de projection mobile capable d’effectuer simultanément deux manipulations devenues banales aujourd’hui : d’une part, les fondus enchaînés, appelés aussi " vues fondantes " et, d’autre part, les travellings avant et arrière, effectués derrière la toile de projection.
Durant les fantasmagories, le fantascope et les projectionnistes étaient cachés derrière un grand écran translucide de taffetas gommé ou de toile blanche huilée. Dans la salle, de l’autre côté de l’écran, trônait le fantasmagoricien qui animait la séance au milieu du public. Les opérateurs étaient répartis en plusieurs groupes : les uns actionnaient le fantascope, tandis que d’autres s’occupaient de l’éclairage de la salle. Le fantascope n’était pas le seul appareil à assurer le spectacle : des projectionnistes étaient munis d’une petite lanterne fixée sur la poitrine par des courroies de cuir. Ils se déplaçaient ainsi de chaque côté de l’écran en actionnant leurs appareils et projetaient tantôt des décors riches en couleurs, tantôt des chauves-souris, des monstres et des diableries de toutes sortes, destinés à enrichir et à compléter le spectacle. A cela s’ajoutait en général le roulement du tonnerre ou le sifflement du vent, obtenus en agitant une feuille de tôle… Bruitage, travelling, comme on le voit, le cinéma moderne n’a pas grand-chose à envier au grand spectacle des fantasmagories.