Cinéma

Scrooge 2021 et vive 2022 !

Un Jim Carrey volant en capture motion pour un Scrooge plus vrai que nature

© Walt Disney Pictures

S’il y a un récit qui magnifie à merveille l’esprit de Noël et celui des fêtes de fin d’année, c’est bel et bien le "Christmas Carol" de Charles Dickens. Un récit adapté au cinéma et en télévision à de nombreuses reprises. Le temps d’un article, laissez venir à vous les fantômes du Passé, du Présent et du Futur. "Sottise !", dirait le vieux Scrooge. Pas vraiment…

Un gai Noël ! Quel droit avez-vous d’être gai ? Quelle raison auriez-vous de vous livrer à des gaietés ruineuses ? Vous êtes déjà bien assez pauvre !

On ne va pas se mentir, on a hâte que l’année 2021 se termine. Malgré tout, dans le sprint final de cette dernière journée, alors qu’il faut encore aller chercher le dessert et que le champagne n’est toujours pas au frais, prenons le temps de nous poser un instant. Se poser pour réfléchir à l’esprit des fêtes de fin d’année et ce aux côtés de Scrooge, le plus grincheux des héros à qui l’on doit cette punchline. Pour les Anglo-Saxons, il existe une histoire qui traduit on ne peut mieux cet esprit. Et cette histoire n'est autre que celle d’Ebenezer Scrooge. Une histoire à (re)découvrir dans ce classique de la Littérature "A Christmas Carol" ou en français dans le texte "Un chant de Noël". Publié en 1843 par le romancier anglais Charles Dickens, ce chant poétique et fantastique a tout de suite plu à la critique et au public. Pour les uns, il s’agit de l’œuvre la plus parfaite de Dickens, pour les autres, c’est avec ce livre que sont nées les fêtes de fin d’année telles que nous les connaissons et que nous les préparons encore aujourd’hui…

Aucun souffle de vent n’était plus âpre que lui… Le mauvais temps ne savait pour où trouver prise sur lui. Quant aux ardeurs de l’été, elles ne pouvaient le réchauffer…

Mais de quoi ça parle ? Le caractère de Scrooge est aussi glacial que la température de ce 24 décembre. Ce vieux prêteur sur gages n’aime rien ni personne et encore moins les fêtes de fin d’année. L’avarice reste sa plus belle qualité, entre son aigreur et sa solitude. Ce soir-là, il reçoit la visite du fantôme de Marley, son ex-associé, qui lui annonce l’arrivée des Esprits de Noël du Passé, du présent et du Futur. Des esprits qui lui montreront qui il est réellement, tout le mal qui transpire de lui, et surtout qu’il n’est jamais trop tard pour changer et pour faire le bien autour de soi !

L’oncle Piscou a aussi tenu le rôle de Scrooge
L’oncle Piscou a aussi tenu le rôle de Scrooge © Walt Disney Pictures

Très vite, ce roman a été adapté au théâtre. On raconte même que seulement deux mois après sa publication, on comptait déjà 8 versions sur les planches de théâtres anglais. Au cinéma, il faudra attendre 1901 pour voir Scrooge et ses fantômes sur grand écran (je vous rappelle quand même que le Cinématographe a été inventé en 1895) dans "Scrooge ou le fantôme de Marley" de Walter R. Booth.

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La première version parlante des mésaventures de Scrooge date de 1935. Ensuite, les plus grands acteurs ont enfilé le costume usé par la radinerie du héros comme Albert Finney, George C. Scott, Lionel Barrymore, Picsou (dans la version animée des Studios Disney) ou Jim Carrey dans une version des plus étonnantes. Réalisé par Robert Zemeckis, ce Scrooge-là est en images de synthèse. Mieux encore, en capture motion ! Vous savez cette technique mise au point, entre autres, pour animer le Gollum de la saga du "Seigneur des Anneaux" ! ? Vous prenez un acteur dont le corps est rempli de capteurs ; vous le faites évoluer devant un fond vert ; des caméras reliées à des ordinateurs enregistrent tout ; et ces ordinateurs replacent ces mouvements dans un décor virtuel. Tadam, le tour est joué et le film mis en scène !

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L’autre version étonnante, on la doit à Kermit la grenouille. Oui, même le Muppet Show s’est emparé de cette histoire pour notre plus grand plaisir avec Michael Caine dans le rôle de Scrooge. C’était en 1992.

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Dans l’histoire de Dickens, il y a de l’émotion, du rire, de la critique sociale aussi un peu, du fantastique, du cynisme, de la magie, de la rédemption, du changement, de bons sentiments, de l’amour… beaucoup, de l’amitié, du partage et du pardon. Sans oublier quelques bons petits plats…

Ce n’était pas seulement les parfums mélangés du thé et du café si agréables à l’odorat, les raisins secs si beaux et si abondants, les amandes d’une si éclatante blancheur, les bâtons de cannelle si longs et si droits, les autres épices si délicieuses, les fruits confits si bien glacés que leur vue seule bouleversait les spectateurs les plus indifférents et les faisait sécher d’envie… c’était l’état d’agitation hébétée des épiciers qui donnait l’eau à la bouche !

La télévision s’est aussi emparée de cette histoire à travers de nombreux épisodes inédits de nos séries préférées. Comme "Les routes du paradis", "Xena la guerrière princesse", "Code Quantum", "Les Simpson", "L’Homme qui valait trois milliards", "Sauvés par le gong", "Roseanne", "Sacrée famille" (avec Michael J. Fox) et même "Star Trek, The next generation"

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Et s’il ne fallait en retenir qu’un… de Chant de Noël ou qu’une de ces adaptations, ce serait le/la/quel/le ? Celle proposée par Richard Donner ("Les Goonies", "L’arme fatale") en 1988 avec le grand Bill Murray bien entendu. Intitulée "Scrooged" ou "Fantômes en fête", dans cette version, on suit Franck Cross (un Scrooge moderne), un directeur de chaîne de télé odieux, sadique (il veut qu’on agrafe des bois de rennes sur la tête de petites souris mignonnes) et arriviste. Outre une magnifique critique des dérives de la télévision (encore et toujours d’actualité), Donner réinvente la magie des fêtes de fin d’année avec un brin de folie !

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