SD Worx est l’une des dernières à "résister". Pendant que la plupart de ses concurrentes s’associent à des structures masculines, la formation néerlandaise cultive sa spécificité et continuer de dominer.
"We spark succes" ("nous suscitons le succès", ndlr), martèle l’équipe sur ses réseaux sociaux. Les coureuses traduisent ce slogan sur la route en accumulant les victoires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la formule 100% féminine fonctionne. Et plus que bien. Depuis la mise sur pied du World Tour en 2016, SD Worx (précédemment Boels-Dolmans) a remporté le classement par équipes à cinq reprises. Seule exception : 2020, l’année du Covid.
Plus de diffusion, un intérêt grandissant, le cyclisme féminin est en plein boom. … L’Union cycliste internationale incite les équipes masculines à inclure un volet féminin à leur projet. Certains sponsors sont aussi demandeurs d’une représentation féminine. En 2023, 12 des 15 équipes du World Tour féminin sont ainsi liées avec une formation de l’élite masculine. Seuls Liv Racing, Canyon-Sram et SD Worx continuent de faire cavalier seul.
"Ce n’est pas comme si une équipe féminine ne pouvait pas exister sans une équipe masculine", réplique Anna van der Breggen, ancienne championne du monde, devenue directrice sportive la saison dernière. "Nous voulons, en tant qu’équipe, être aussi bons que possible. Et pour le moment cela fonctionne très bien avec l’équipe féminine que nous sommes. Naturellement, si vous avez des liens avec une équipe masculine vous avez peut-être plus de possibilités au niveau du matériel, du budget. Mais notre situation a aussi des avantages. En étant une équipe uniquement féminine, nous constituons la priorité. Nous ne voulons pas être associées à une équipe masculine. Ce n’est pas quelque chose que l’on recherche. Nous sommes une équipe féminine. Et tant que l’on peut prolonger la situation actuelle, c’est très beau".
Continuer d’être compétitive sur la route pour rester attractive
L’ancienne coureuse néerlandaise ne souhaite pas toucher à l’ADN de l’équipe. Mais on le comprend à demi-mot, pour cela il faut rester compétitive. Tant sur le plan sportif que financier. L’équipe continue de suivre sa route et reste attractive. La venue de Lorena Wiebes, la meilleure sprinteuse du monde, en est la preuve.
La championne d’Europe de Munich est bien placée pour comparer puisque son employeur précédent est actif tant chez les hommes que chez les femmes. "L’organisation est plus petite que chez DSM. Mais elle est seulement focalisée sur les femmes. J’ai dans l’idée qu’il y a plus de liberté au sein de l’équipe. C’est tout aussi professionnel et il y a en plus ce sentiment de faire partie d’une famille. J’ai déjà connu une équipe très familiale chez Parkhotel. J’ai ensuite été chez DSM qui était très pro et où j’ai beaucoup appris là-bas. J’espère trouver chez SD Worx la combinaison idéale".
"C’est aussi chouette d’être une équipe autonome et d’être la meilleure équipe du monde"
Lotte Kopecky, la cycliste belge N.1, a rejoint SD Worx en 2022, justement avec l’ambition de franchir un palier sportif. Le choix s’est avéré payant avec des victoires aux Strade Bianche et au Ronde, mais aussi des deuxièmes places à Roubaix et aux championnats du monde. "L’équipe SD Worx a suffisamment prouvé par le passé qu’elle pouvait se débrouiller seule. L’équipe fonctionne très bien sans être associée à une formation masculine. Si les dirigeants devaient unir ses forces avec une équipe masculine, cela serait leur choix. Mais je suis contente de la manière dont les choses se déroulent actuellement. C’est aussi sympa d’être une équipe autonome et d’être la meilleure équipe du monde".
Au final, les résultats constituent le meilleur étalon de la valeur d’une équipe. Et sur cette échelle-là, SD Worx fait toujours figure de référence. Alors pourquoi changer une formule qui a fait ses preuves ?