Se chauffer ou rouler grâce à nos déchets verts, c’est possible en Wallonie !

Parmi les alternatives aux énergies fossiles, on retrouve la biométhanisation. Elle consiste en la dégradation d’une biomasse, par exemple un tas de lisier et de fumier provenant d’un élevage, ou encore des déchets organiques d’une usine agro-alimentaire. On laisse cette matière, appelée "biomasse", chauffer dans une cuve pour en arriver à un "biogaz" : composé de 60% méthane et de 40% CO2. Ce "biogaz" sera purifié afin d’isoler le méthane comme énergie.

En résumé, on recycle de la matière organique pour la transformer en une source d’énergie. Sont ainsi produits : des systèmes de chauffage ou encore du CNG, un carburant pour véhicules motorisés.

Une valorisation qui fonctionne en circuit court puisqu’un agriculteur peut utiliser la matière organique produite par son élevage pour la transformer en biométhane et donc chauffer ses bâtiments ou vendre du CNG. C’est ce que fait Daniel Coulonval, un agriculteur de Viroinval, rencontré par Boukè.

Et Daniel Coulonval ne compte pas en rester à la production énergétique pour sa seule exploitation. Son envie est de développer une communauté d’énergies où il pourrait vendre sa production à ses voisins afin d’assurer leurs besoins énergétiques.

Mais il n’y a pas que les particuliers qui s’intéressent à cette source d’énergie en plein essor. Un premier site wallon de biométhanisation était inauguré en 2020 à Fleurus, comme l’illustre TéléSambre. Un premier site qui valorise déjà 100.000 tonnes d’intrants chaque année.

Et cette idée de "communauté d’énergie" germe aussi du côté de certains pouvoirs publics, comme la commune de Dour. Rencontrées par une équipe de Télé MB, les autorités douroises souhaitent, d’ici 2024, traiter les déchets de leurs concitoyens afin de les transformer en gaz.

L’équivalent d’une tonne de déchets organiques, provenant des ménages de la commune, serait converti. Un produit qui serait, soit du gaz injecté dans le réseau, soit du CNG pour véhicules. Et, dans l’idée d’un circuit court, la flotte des véhicules communaux roulerait au CNG et approvisionnée par cette centrale de biométhanisation.

En effet, la Wallonie dispose d’un potentiel élevé à hauteur de 8,7 Tw/h en matière de biométhane. D’autres études (source : Valbiom) poussent même le chiffre jusqu’à 15Tw/h par an, soit 10% de la consommation annuelle de gaz en Belgique.

Cette alternative a bel et bien un avenir sur nos terres, même si les coûts d’installation du matériel nécessaire au processus sont élevés et vont demander des investisseurs, qu’ils soient privés ou publics.

Plutôt que de penser à partir de la ferme en autoalimentation vers un élargissement aux maisons voisines, dans le village de Malempré on a décidé de s’unir pour créer un chauffage commun. Suivi par TvLux lors de son inauguration en 2014, ce village de la commune de Manhay dispose d’un chauffage communautaire.

Tout comme dans la biométhanisation, les déchets restent à la base de la production d’énergie. La chaudière commune est alimentée par des broyats de bocages ou des bois scolytés, donc ayant perdu leur valeur.

Une mutualisation qui permet d’alimenter environ 70 familles de ce village de 300 habitants, ainsi que des entreprises et installations comme la crèche. En termes d’économies, c’est 135.000 litres de mazout en moins pour le village ainsi qu’une stabilité dans le prix de revient.