Belgique

Séance plénière à la Chambre : plusieurs groupes politiques demandent de revenir sur les décisions du Codeco

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C’est un feu nourri de questions que le Premier ministre, Alexander De Croo a fait face, ce jeudi après-midi à la Chambre, lors de la séance de questions orales. Les décisions du Codeco de ce 22 décembre n’ont pas laissé les députés de marbre, en particulier celle de fermer une grande partie du secteur culturel, dont les théâtres, salles de spectacles, cinémas.

Même dans la majorité, une remise en question

Pour la députée cdH Catherine Fonck, dans l’opposition, au lendemain du Comité de concertation, "c’est l’incompréhension totale des citoyens, après la décision de fermer la culture". A propos des acteurs de la culture, "en quoi les fermer va-t-il freiner l’Omicron", s’interroge la députée pour qui cette décision relève du "marchandage politique" et du "vogelpik". La députée cdH demande au Premier ministre de revoir cette décision.

Et le cdH de déposer une motion d’ordre pour que le Premier ministre convoque un nouveau Codeco dans les 24 heures", espérant obtenir le soutien des parlementaires PS, Ecolo et MR de la majorité. Motion finalement rejetée, jugée irrecevable. Le cdH a alors déposé une demande d'interpellation du Premier ministre en urgence.  Le Premier ministre est attendu dans l'hémicycle en début de soirée pour y répondre.  

Opposition aussi à cette décision du côté de Défi, la demande au Premier ministre est la même. "Revoyez votre décision et rouvrez la culture", a demandé la députée Sophie Rohonyi. Elle rappelle que les experts du GEMS, ceux qui conseillent le gouvernement, "misaient sur des mesures graduelles".

Toujours dans l’opposition, le député ostendais Jean-Marie Dedecker critique la décision. Il s’étonne qu’on laisse circuler des personnes dans les artères commerçantes ou sur la digue, à la Côte, alors qu’on empêche du public d’assister à des compétitions sportives, comme un cyclo-cross organisé dans les dunes.

Au PTB, Raoul Hedebouw estime que le gouvernement d’Alexander De Croo a "décidé de tuer la culture". Et de demander au Premier ministre "Comment avez-vous pu prendre cette décision ?" Pour lui, si l’on a décidé de fermer le secteur culturel plutôt qu’un autre, c’est "parce qu’il ne rapporte pas du fric, du fric, du fric". Alors qu’il constate que dans l’hémicycle de la Chambre, "il n’y a pas de majorité pour dette décision", il demande, lui aussi, au Premier ministre de "retirer cette décision de fermeture du monde culturel".

"Revoyez ces décisions" demande Ecolo

En effet, même dans le camp de la majorité, des députés remettent en question la décision du Codeco.

Ainsi, le MR et sa députée Florence Reuter se posent aussi des questions sur la décision du Comité de concertation. "Pourquoi et en quoi le cinéma, les salles de spectacles et les théâtres sont-ils plus dangereux que d’autres secteurs ?", se demande Florence Reuter.

Chez Ecolo-Groen, Marie-Colline Leroy se demande ce qu’il s’est passé au Codeco. Elle parle d’une décision "arbitraire" et de "marchandage". Pour elle, la décision ne fait pas preuve de "proportionnalité et de cohérence". Dès lors, pour la députée Ecolo-Groen, "le courage, c’est aussi parfois de reconnaître qu’on n’a pas fait les bons choix". "Monsieur le Premier ministre, revoyez ces décisions de fermeture", ajoute-t-elle.

Toujours dans la majorité, le PS, en la personne de la députée Leslie Leoni se demande "qu’est-ce qui a changé en trois semaines ?", alors que des protocoles stricts ont été mis en place et que "rien n’a démontré que le variant Omicron circule plus là (dans la culture) qu’ailleurs ?".

Au CD&V, Jan Briers s’interroge. "Pourquoi dans le café du centre culturel du Vooruit, on peut boire un verre avec 200 personnes ? Mais pourquoi ne peut-on pas aller dans la salle de spectacle ?", se demande-t-il.

Et même dans les rangs de l’Open VLD, le parti du Premier ministre, Robby De Caluwé interpelle Alexander De Croo. "Pourquoi a-t-on décidé de fermer le secteur culturel ? Il est important de communiquer clairement sur ces mesures", estime-t-il

Alexander De Croo justifie la décision et ne compte pas changer

En réponse aux interpellations des députés, le Premier ministre a justifié les décisions du Codeco. Elles reposent, selon lui, sur les avis des experts. D’une part, les recommandations du GEMS. Selon Alexander De Croo, les experts préconisaient des mesures de fermeture en cas de forte augmentation des contaminations. D’autre part, une étude du Laboratoire national de référence qui s’attend à une forte augmentation des contaminations à partir de Noël. Les deux recommandations mises ensemble ont alimenté la décision du Comité de concertation. "La décision du Codeco se base à 100% sur les avis scientifiques, on sait déjà que le nombre de contaminations va augmenter", précise le Premier ministre.

Pour le Premier ministre, il s’agissait aussi d’éviter ce qui s’est produit en novembre et début décembre, à savoir trois Comités de concertation successifs pour, à chaque fois, rectifier le tir. "Ce n’était pas la bonne méthode", reconnaît le Premier ministre.

Alexander De Croo concède que la décision du Codeco de ce mercredi 22 décembre "n’était pas une décision simple".

Le Premier ministre n’envisage pas de faire marche arrière.

Mais, en réponse aux demandes de plusieurs groupes parlementaires, de revoir la copie du Codeco, Alexander De Croo s’est montré catégorique. "Quand on prend une décision, même si c’est une décision difficile, je pense qu’il faut maintenir cette décision", a-t-il déclaré.

De son côté, le ministre de la Santé, Franck Vandenbroucke a expliqué que "nous sommes face à un danger en partie inconnu". Faisant la comparaison avec la météo et un baromètre, "il y aura un type d’orage que l’on ne connaît pas encore", a-t-il déclaré, reconnaissant qu’on ne savait pas, à l’heure actuelle, si la situation serait grave ou pas. Il s’agit donc, pour le ministre d’agir avec "précaution" en raison de cette "incertitude".

Franck Vandenbroucke rappelle aussi que "si la situation s’aggrave, il faudra un confinement total", selon les recommandations des experts.

Quant à la fermeture du secteur culturel, "on le regrette", a expliqué Franck Vandenbroucke, reconnaissant les efforts faits par le secteur. Le ministre recevra une délégation des acteurs de la Culture, mardi prochain à 10 heures. Il annonce, si la situation le permet, début janvier, qu’on pourrait "passer à un dispositif plus nuancé", à décider au prochain Codeco. Mais, ajoute-t-il dans la foulée, "si la situation se détériore, il faudra fermer beaucoup plus !".

 

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