La situation de la secrétaire d’Etat en charge de l’Égalité des chances, l’Ecolo Sarah Schlitz, se complique. En difficulté avec le Parlement sur l’utilisation de ses logos personnels dans des communications officielles, ses explications peinent à convaincre. Pire, elle provoque ses adversaires.
Maladresses
Dans tous les ministres se cache un ou une militante. Mais dans tous les militants ne se cachent pas un ou une ministre. La question se pose aujourd’hui autour de Sarah Schlitz. Face aux reproches d’utilisation de son logo personnel dans des campagnes subventionnées par de l’argent public, elle semble avoir réagi d’abord comme une militante et pas d’abord comme une secrétaire d’Etat.
Cela se passe en deux temps, beaucoup de légèreté et de maladresses dans sa défense face au Parlement la semaine passée. Résultat, des partenaires de majorité qui lui donnent une semaine.
Ensuite, depuis quelques jours se succèdent des tentatives de son entourage et de membres de son parti de décrédibiliser ses adversaires. Hier, une membre de son cabinet a par exemple partagé un post sur Instagram intitulé : “l’extrême droite attaque, le patriarcat se délecte”. C’est un photomontage mêlant Sander Loones, le député N-VA à l’origine des questions parlementaires, à des militants d’extrême droite et à des photos d’une exposition subsidiée où figurent des homosexuels exterminés par les nazis. Le message est assez clair, les questions parlementaires sur l’utilisation de l’argent public seraient une attaque politique de l’extrême droite qui en veut d’abord aux droits des femmes, des homosexuels et des lesbiennes.
Fautes
C’est le post d’un membre de cabinet de Sarah Schlitz, pas la secrétaire d’Etat elle-même qui est à la manoeuvre. Mais la secrétaire d’Etat, a commenté ce post par un vibrant “merci pour le soutien”. Ce qui ne peut que laisser penser qu’elle approuve le message. (Ndlr : le cabinet Schlitz a réagi sur ce point après diffusion de la chronique. Le cabinet signale que ce n’est pas la secrétaire d’Etat qui a réagi personnellement. C’est un membre du cabinet qui l’a fait en son nom. La secrétaire d’Etat a fait supprimer le post.)
Cette défense, validée par deux membres de son cabinet au nom de la ministre est insultante, stupide et surtout dangereuse. Car au nom d’une cause, évidemment défendable, on se prémunit de toute possibilité de contrôle parlementaire. Le point Godwin n’est pas un argument valable pour éviter de rendre des comptes. Il s’agit d’une vision dévoyée de la politique, celle qui considère qu’il n’y a que des ennemis et des amis. Quand on est attaqué par des ennemis, il n’y a que le combat.
Sauf que Sarah Schlitz est secrétaire d’Etat au sein d’un gouvernement de coalition dans une monarchie parlementaire. Il faut rendre des comptes au Parlement. Il faut répondre aux questions qui sont posées, expliquer ce qu’on fait de l’argent public. Que la question soit posée par un ennemi, un adversaire ou un ami, ne compte pas. Il faut répondre, c’est la base.
Démission ?
Avec cette accumulation de fautes de la secrétaire d’Etat et/ou de son cabinet, le risque de démission ne fait qu’augmenter, même si ce n’est pas joué. Pour bien comprendre, il faut distinguer, les éléments qu’on lui reproche et son attitude devant le Parlement. Sur le fond, l’utilisation des logos personnels dans des communications officielles, elle a été sanctionnée mardi passé en commission des dépenses électorales, et elle s’est excusée. Tous les parlementaires de la majorité et de l’opposition que j’ai contactés considèrent que la gravité des faits méritait un blâme, sans plus.
Sauf qu’il s’avère que la secrétaire d’Etat à omis d’apporter des éléments importants, le fameux guide des subventions qui indique que des associations bénéficiaires de subventions devaient utiliser son logo, et surtout que ce guide a été validé par son cabinet.
La secrétaire d’Etat a admis ces éléments jeudi. Pas mardi, mais jeudi, deux jours après. Elle a signalé, à ce moment-là, qu’elle s’était excusée aussi pour ça. Sauf que dans la commission de mardi passé, j’ai réécouté chaque minute, elle ne parle pas de ce guide et se défausse totalement sur son administration, en l’occurrence sur l’Institut pour l’Égalité des femmes et des hommes, qui aurait agi seul, sans son intervention.
Il y a une contradiction manifeste entre ces deux versions. C’est ça qui dérange les parlementaires, y compris de la majorité dans cette affaire. Plus que les faits eux-mêmes, c’est l’attitude de légèreté de Sarah Schlitz qui pose problème. Elle est aujourd’hui largement désapprouvée par ses pairs. Elle avait quelques jours pour convaincre, mais pour l’instant elle s’enfonce. Elle terminera la semaine comme militante, mais peut-être pas comme secrétaire d’Etat. Elle aura fort à faire pour convaincre de sa bonne foi.