Séisme en Turquie et en Syrie

Séisme en Turquie et en Syrie : près de 20.000 morts, selon les derniers bilans qui ne cessent d'augmenter

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Par Miguel Allo, Renaud Verstraete et Grégoire Ryckmans avec agences

Le séisme qui a frappé le sud-est de la Turquie et le nord syrien au début de la semaine a fait près de 20.000 morts, selon les derniers bilans qui ne cessent d'augmenter, alors qu'un premier convoi d'aide est entré dans les zones rebelles du nord-ouest de la Syrie jeudi, au quatrième jour après la catastrophe.

Le séisme a fait au moins 19.863 morts, selon les derniers bilans officiels, dont 16.546 en Turquie et 3.317 en Syrie.

Pour la Turquie, il s’agit du pire bilan depuis le séisme de 1999, d’une magnitude de 7,4 et qui avait fait 17.000 morts dont un millier à Istanbul. Selon l’agence Fitchles, les dégâts économiques pourraient atteindre 4 milliards de dollars.

L’Organisation des Nations Unies (ONU) a appelé ce jeudi "à ne pas politiser" l’aide à la population syrienne durement frappée par les séismes du début de la semaine.

De leurs côtés, les États membres de l’UE ont exprimé leur "solidarité" avec le peuple turc. "L’UE et ses membres sont pleinement solidaires des peuples turc et syrien face à cette tragédie […] Nous sommes prêts à intensifier notre soutien en étroite coordination avec les autorités turques", indique ce courrier rédigé lors d’un sommet des Vingt-Sept à Bruxelles, au début duquel les dirigeants européens ont observé un moment de silence pour les victimes du séisme.

"Pas d'informations concernant des Belges blessés ou décédés"

Les Affaires étrangères belges n'ont à ce stade "pas d'informations concernant des Belges blessés ou décédés" à la suite des tremblements de terre qui ont touché lundi la région frontalière entre la Turquie et la Syrie, a indiqué la cheffe de la diplomatie Hadja Lahbib jeudi à la Chambre.

Dans le détail, 230 Belges inscrits à l'ambassade d'Ankara (Turquie) ont été localisés dans les régions touchées, 55 au registre consulaire de Beyrouth, compétent pour la Syrie, ainsi que 8 enregistrés via la plateforme "travellers online". Il a été possible de les joindre. Par contre, 28 Belges restent injoignables.

Les premières aides internationales

La Banque mondiale a annoncé jeudi qu'elle apportera une aide de 1,78 milliard de dollars à la Turquie Cette aide doit en premier lieu permettre d'aider les secours, a détaillé la Banque Mondiale. Mais aussi cibler les besoins en termes de reconstruction.

Peu après, Washington a annoncé à son tour une aide de 85 millions de dollars à la Turquie et à la Syrie.

La France va mettre en place une aide d'urgence à la population syrienne à hauteur de 12 millions d'euros. 

De son côté, Londres a annoncé jeudi une aide financière supplémentaire d'au moins 3,4 millions d'euros, soit un montant total de près de 4.3 millions d'euros alloués aux Casques Blancs, les secouristes opérant en zone rebelle.

Des recherches parfois sous des températures négatives

Sur le terrain, les secouristes étaient toujours occupés ce jeudi à tenter de retrouver des personnes sous les décombres.

Les 72 premières heures sont cruciales pour retrouver des survivants, plus de 90% des rescapés étant secourus au cours de cette fenêtre, rappelle Ilan Kelman, chercheur en catastrophes naturelles à l’University College de Londres (UCL).

Alors que les excavatrices s’affairent jour et nuit, la nouvelle chute des températures rend les conditions de vie infernales pour ceux des rescapés qui n’ont nulle part où aller. Dans la ville turque de Gaziantep, les températures ont chuté jeudi à -5 °C tôt dans la matinée.

Bien sûr qu’il y a des lacunes

Recep Tayyip Erdogan

Des gymnases, des mosquées, des écoles et des magasins ont accueilli des rescapés pour la nuit. Mais les lits restent rares, et des milliers de personnes passent leurs nuits blotties à l’intérieur d’une voiture ou dans des abris de fortune.

En visite dans la région, le président Recep Tayyip Erdogan a esquissé mercredi un mea culpa face à la montée des critiques. "Bien sûr qu’il y a des lacunes, il est impossible d’être préparé à un désastre pareil", a-t-il estimé.
 

Des difficultés pour acheminer l’aide humanitaire en Syrie

Un correspondant de l'AFP a vu six camions, chargés notamment de matériel pour des tentes et de produits d'entretien, entrer en territoire syrien depuis la Turquie par le poste-frontière de Bab al-Hawa.

Selon Mazen Allouch, un responsable du poste-frontière, il s'agit d'une aide qui était attendue avant le séisme d'une magnitude de 7,8, suivi de plus d'une centaine de secousses qui ont dévasté lundi la Syrie et la Turquie.

"Elle sera suivie, si Dieu le veut, comme on nous l'a promis, de convois plus importants pour aider notre peuple sinistré", a-t-il ajouté.

L'Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a indiqué dans un communiqué que ce convoi, composé de six camions transportant couvertures, matelas, tentes, matériel de secours et lampes solaires devrait couvrir les besoins d'au moins 5000 personnes.

Mercredi, un responsable onusien avait averti que le stock des Nations unies dans le nord-ouest de la Syrie permettait à peine de nourrir 100.000 personnes pendant une semaine.

Un bébé de 2 ans secouru sous les décombres après 79 heures de séisme de magnitude 7,7 à Kahramanmaras.

Des millions de personnes encore exposées

Au total, en comptant la Syrie, 23 millions de personnes sont "potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables", a mis en garde l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a annoncé jeudi sur son compte Twitter être "en route" pour la Syrie.

"Je suis en route pour la Syrie, où l'OMS soutient les soins de santé essentiels dans les zones touchées par le récent tremblement de terre, en s'appuyant sur notre travail de longue date dans le pays", a écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus.

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En Syrie, 3162 corps ont pour le moment été extraits des décombres, selon les autorités ainsi que les secouristes dans les zones rebelles.

Les organisations humanitaires s'inquiètent particulièrement de la propagation de l'épidémie de choléra, qui a fait sa réapparition en Syrie.

Dans les zones où l’aide tarde à arriver, des survivants se sentent bien seuls. A Jandairis, en zone rebelle en Syrie, "même les immeubles qui ne se sont pas effondrés ont été très endommagés", explique Hassan un de ses habitants qui veut rester anonyme. "Il y a environ 400 à 500 personnes piégées sous chaque immeuble effondré avec seulement dix personnes qui tentent de les sortir. Et il n’y a pas de machines", ajoute-t-il.

L’accès à Twitter rétabli en Turquie, sous fond de critiques

L’accès à Twitter a été rétabli jeudi en Turquie après avoir été bloqué pendant une douzaine d’heures sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile du pays, sur fond de multiplication des critiques visant la réponse du gouvernement au séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie.

La remise en service, constatée par une journaliste de l’AFP en Turquie, est intervenue peu après un tweet du patron du réseau social, Elon Musk, selon lequel "Twitter a été informé par le gouvernement turc que l’accès sera réactivé sous peu".

L’organisme de surveillance de la gouvernance de l’internet Netblocks.org, qui avait alerté sur la coupure, a confirmé le rétablissement du service.

Depuis le séisme de magnitude 7,8 qui a frappé le pays lundi, les réseaux sociaux turcs sont inondés de messages de personnes qui se plaignent de la lenteur du déploiement des secours.

Des coupures pas si inhabituelles en Turquie

Le vice-ministre turc des Infrastructures, Omer Fatih Sayan, a précisé dans un tweet jeudi s’être entretenu avec deux hauts dirigeants de Twitter, John Hughes et Ronan Costello.

"Nous leur avons rappelé leur responsabilité envers notre pays suite à ce désastre", a-t-il souligné, précisant souhaiter davantage de coopération dans la "lutte contre la désinformation".

Netblocks.org avait estimé que le filtrage risquait "d’avoir un impact sur les opérations de sauvetage" des victimes, ajoutant que la Turquie avait "une longue histoire de restrictions (dans l’usage) des réseaux sociaux lors de situations d’urgence nationale et d’incidents de sécurité". Durant la coupure, l’accès à Twitter était resté possible via des comptes VPN masquant la localisation de l’utilisateur.

Les responsables turcs ont ces dernières semaines émis à plusieurs reprises des mises en garde sur l’usage des réseaux sociaux avant les élections présidentielles et législatives du 14 mai, où M. Erdogan brigue un nouveau mandat après 20 ans au pouvoir.

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