Le groupe terroriste Etat islamique représente toujours une menace importante dans le nord-est de la Syrie. Au mois de janvier, des dizaines de djihadistes ont attaqué un grand établissement pénitentiaire afin de libérer des détenus et de regarnir les rangs du groupe terroriste.
Avion militaire médicalisé, hôpital pour les enfants, prison pour les mères
C’est à bord d’un avion militaire que les mères et leurs enfants ont été rapatriés. Il s’agissait d’un avion médicalisé. "Chaque enfant a pu compter sur une personne parlant sa langue et toutes et tous ont reçu une nourriture adaptée ainsi que des vêtements supplémentaires et des peluches", a expliqué Mar De Mesmaeker, Commissaire général de la Police fédérale.
A leur arrivée en Belgique, les enfants ont été pris en charge dans un hôpital pour un bilan de santé. Les mères, elles, ont pris la direction de la prison. "A leur arrivée en Belgique, le Parquet fédéral a fait procéder à la privation de liberté de toutes ces personnes majeures, en exécution des peines préventives de liberté auxquelles elles ont été condamnées. Il s’agit de peines allant jusqu’à cinq ans de prison", a expliqué Frédéric Van Leeuw, le Procureur fédéral.
Une quinzaine d’hommes belges sont toujours en Syrie, mais ne sont pas concernés par les rapatriements. Les femmes et les enfants rapatriés la nuit dernière étaient les derniers à répondre aux conditions de rapatriement, notamment celle d’avoir des liens familiaux. "Il y a eu pour tous les enfants une analyse ADN qui a été faite. Il fallait aussi que les personnes majeures renoncent, évidemment, à l’idéologie qu’elles ont embrassée en allant là-bas", a expliqué Frédéric Van Leeuw, le Procureur fédéral. "Il fallait également que le retour soit volontaire. Ce n’est pas un retour de force puisqu’il est impossible d’exercer ou d’exécuter un mandat d’arrêt en Syrie", a ajouté Frédéric Van Leeuw. C’est à leur arrivée sur le sol belge que les mandats d’arrêt ont été exécutés.
Arguments humanitaire et sécuritaire
En juillet dernier, lors d’une opération du même type ayant permis le retour de six femmes et dix enfants, Alexander De Croo avait évoqué le risque de voir les enfants présents en Syrie devenir "les terroristes de demain". "Nous ne pouvons pas le tolérer. On doit donc tout faire pour les sortir de là", insistait le Premier ministre.
"Des actions telles que le rapatriement de ressortissants belges réduisent le risque que ceux-ci ne se radicalisent davantage. Un environnement stable et sûr pour les enfants augmente leurs chances d’avoir un avenir normal dans notre société", déclare l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace (OCAM) dans un communiqué publié ce mardi en matinée.
Lors d’un reportage dans les camps du nord-est syrien de Roj et d’Al Hol en décembre 2020, la RTBF avait pu constater que des groupes de femmes faisaient régner la violence et endoctrinaient leur entourage, même les enfants.
Au total, une quarantaine d’enfants sont revenus depuis le début du conflit. Ils ont été recueillis par les services compétents en matière d’accompagnement de mineurs en Belgique. "Sur la base des informations à la disposition de l’OCAM, la plupart de ces enfants évoluent positivement", communique l’OCAM.
Depuis le début du conflit en Syrie et en Irak, un total d’environ 140 Belges sont rentrés. "Même si l’on constate, pour la plupart, des signes positifs de réintégration et d’abandon de l’idéologie extrémiste, un certain nombre d’entre eux restent encore réceptifs à cette idéologie. Ils continuent à être suivis par le biais d’une approche individualisée et sur mesure dans le cadre de la Stratégie TER, qui assure la coopération entre tous les services concernés, à tous les niveaux de pouvoir et dans le cadre de leurs compétences", communique l’OCAM.
Les personnes les plus extrémistes font l’objet d’un suivi prioritaire par les services de sécurité. D’autres bénéficient d’une approche plus socio-préventive, axée sur la réintégration dans notre société. Bien que le risque zéro n’existe pas, les risques sont considérablement réduits grâce à cette approche.