Belgique

Semaine de 4 jours de travail : pourquoi n'avons-nous pas réduit le temps de travail ?

Semaine de travail : même nombre d heures mais sur 4 jours

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La Californie l’envisage, l’Islande est séduite : la réduction du temps de travail sans perte de salaire semble être LA solution pour améliorer l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle des travailleurs ainsi que sa motivation et son bien-être.

En Belgique, on a également réfléchi à la semaine de 4 jours sans réduction de salaire… et sans réduction du temps de travail. Et oui, en juin 2022, le gouvernement approuvait définitivement le "deal pour l’emploi" dans l’espoir d’améliorer l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée des travailleurs et dans l’espoir de porter le taux d’emploi à 80% d’ici 2030 plutôt qu’à 71% actuellement.

Et depuis ce lundi 21 novembre, les travailleurs du secteur privé et du secteur public (soins de santé, prophylaxie, hygiène, industrie et commerce uniquement) sont autorisés à demander à ne travailler que quatre jours par semaine au lieu de cinq pour une période de six mois. Mais il s’agira bien d’une semaine compressée, le travailleur prestera autant d’heures sur quatre jours que s’il en avait travaillé 5. La demande sera soit validée via une modification du règlement de travail (si le travailleur s'engage à prester 9h30 par jour ou 38h par semaine), soit via une convention collective de travail (si l'employeur s'engage à prester plus de 9h30 par jour ou un maximum de 40h par semaine.) 

"Nous avons également pensé aux parents séparés qui auront la possibilité de réduire leur temps de travail une semaine et de l’augmenter la semaine qui suit, pour s’adapter à la garde alternée de leurs enfants", complète le ministre de l’Economie et du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS). "Dans les deux cas, c’est toujours le salarié qui prend l’initiative."

Le rêve d’une réduction du temps de travail

Pourquoi organiser une semaine de quatre jours de travail sans perte de salaire comme en Islande était-il impossible en Belgique ? A l’image des Islandais, le PS, le PTB et Ecolo souhaitaient en 2017 proposer aux travailleurs intéressés de prester 32h par semaine en étant payés pour 38h. Mais pour le MR et le cdH (aujourd’hui Les Engagés), il n’en était pas question. "Nos idées heurtent les conceptions de la droite", explique le cabinet Dermagne toujours désireux de faire passer son idée.

En effet, le cdH prônait un modèle similaire à la semaine de 4 jours actuelle ainsi que du télétravail. Le MR, lui, s'y opposait tout simplement.

Le gouvernement a donc trouvé un compromis.

Le travailleur perdant ?

Le travailleur ne perd donc pas un euro de son salaire (ni du montant de sa pension, d'ailleurs), mais il ne lui sera plus possible de récupérer ses heures supplémentaires pour une raison très simple : "Les heures supplémentaires seront maintenant interdites si le travailleur opte pour la semaine de quatre jours", nous renseigne le cabinet Dermagne. "Il en va de même pour les heures supplémentaires pendant la semaine alternée où le travailleur réduit son temps de travail. Le but de ces mesures étant de favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée, il aurait été absurde de les autoriser."

Toutefois selon la FGTB, les travailleurs qui choisissent de concentrer leur temps plein en 4 jours de travail et dont les chèques-repas sont payés par jour de travail perdront un titre-repas par semaine. Ceux dont les chèques-repas sot payés par heure par exemple ne sont pas concernés.

Les crédits-temps d'un cinquième seront également refusés puisqu'ils ne sont octroyés qu'aux salariés qui prestent cinq jours par semaine. 

Le nombre de congés payés ne change pas.

La FGTB peu convaincue

Pour la FGTB, la semaine de 4 jours telle qu’elle existe actuellement n’est pas sans faille. "L’employeur peut refuser à son employer de travailler 4 jours", indique Estelle Ceulemans, secrétaire générale à la FGTB Bruxelles. "Il doit motiver sa décision mais les critères pris en compte ne sont pas clairs."

Mais la secrétaire a trois autres craintes : "Les travailleurs à temps plein devront prester 9h30 par jour. La conciliation vie privée-vie professionnelle ne risque donc pas de s’améliorer pour les femmes, surtout pour celles qui vivent dans une famille monoparentale", déplore-t-elle. Le temps de travail pourrait même être allongé pour les personnes qui opteraient pour la semaine de 4 jours… pour se lancer dans une activité complémentaire le cinquième jour. "Ils y seraient peut-être tentés par les temps qui courent pour boucler leur fin de mois."

Enfin, "la semaine de quatre jours" pourrait davantage "creuser le schisme entre ceux qui ont accès au télétravail et les autres. Toutes les catégories professionnelles ne sont pas concernées par la mesure."

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