US Open

Serena Williams, la surpuissance de la décontraction

Pour son dernier US Open, Serena Williams a été fêtée comme jamais aucune tenniswoman n’avait été fêtée auparavant. Un accueil, venu de travées américaines parsemées de stars du showbizz, dont même certaines rockstars auraient rêvé.

C’est bien simple, en débarquant sur le sol de l’Arthur Ashe Stadium en début de semaine, l’Américaine est arrivée chez elle, en terrain conquis. Sourire aux lèvres, visiblement détendue malgré la ferveur inimaginable qui entoure le moindre de ses gestes, Serena a visiblement décidé de faire durer le plaisir.


"Je pense qu’il est temps et que d’autres chapitres vont s’ouvrir. Ce sera Serena 2.0."

Encore émue par l’accueil trois étoiles dont elle a bénéficié à son arrivée, Serena Williams contemple le public d’un air absent après son premier tour. Comme si elle s’imaginait déjà au chaud, enfouie, seule, sous un essuie dans son vestiaire, loin du tumulte ambiant du stade Arthur Ashe.

Quelques minutes plus tôt pourtant, c’est ce même tumulte et ces encouragements déchaînés qui lui ont permis de se surpasser pour signer un (dernier ?) fait d’armes en Grand-Chelem et dompter la Monténégrine Danka Kovinic pour se qualifier pour le deuxième tour de son US Open.

Un match maîtrisé (6-3, 6-3), dans le fond comme dans la forme, qui prouve que, malgré un corps chancelant et une carrière qui connaît ses derniers soubresauts, elle en a encore sous le capot. Pourtant, au moment de prendre la parole, c’est vers son rôle de future retraitée qu’elle se projette déjà, pas vers un second tour pourtant imminent : "La décision a été très difficile à prendre. Il est toujours difficile d’arrêter quelque chose qu’on aime faire" confie-t-elle, avant de rentrer au vestiaire pour profiter de cette dernière danse endiablée. Avant de se focaliser sur son 2e tour, périlleux, face à la 2e mondiale, Anett Kontaveit.

Serena Williams, le chant du cygne
Serena Williams, le chant du cygne © AFP or licensors

Un chant du cygne face à la 2e mondiale

Un 2e tour que Serena n’aborde donc pas dans la peau de la favorite, une fois n’est pas coutume. Mais elle n’en a, sans doute, cure. Ce qu’elle veut, elle, c’est profiter une dernière fois devant son public. Et tant mieux si elle gagne.

Décontractée au possible, Serena fait donc du Serena. En d’autres termes, balancer parpaing sur parpaing depuis le fond du court, cogner fort et défendre comme une lionne. Sa marque de fabrique depuis son avènement, il y a plus de vingt ans, en 1999 sur ce même court.

Mais en face, Kontaveit tient bon, malgré les clameurs presque hostiles d’un stade évidemment acquis à la cause de son adversaire. Jeu après jeu, set après set, les deux joueuses nous emmènent dans un véritable thriller. Et là où on aurait pu penser que Williams allait faiblir physiquement au gré des heures qui défilent, l’Américaine tient le choc.

D’un dernier revers pas forcément bien placé mais diablement puissant, elle renvoie finalement l’Estonienne à ses études, fait chavirer tout un stade et s’adjuge un match haletant qu’elle ne s’imaginait sans doute pas gagner (7-6, 2-6, 6-2).

Au moment de célébrer, pas de démonstration de joie démesurée, un simple poing serré, un signe de remerciement vers le public et (enfin) un discret sourire.

Serena est au 3e tour de son dernier US Open. Elle peut savourer. Comme elle savoure chaque instant depuis son retour, là où tout a commencé : ""J’ai l’impression que tout n’est que du bonus. J’ai l’impression d’avoir une grande croix rouge dans le dos depuis que j’ai gagné l’US Open en 99. Elle a été là toute ma carrière, parce que j’ai gagné mon premier Grand Chelem très vite. Mais ici, c’est différent. J’ai l’impression d’avoir déjà gagné mentalement. Ce soir, j’étais juste genre 'Serena, tu as déjà gagné, juste joue, sois Serena'."

Et quand Serena est Serena, elle est capable de renverser les plus hautes montagnes. Malgré ses 40 ans et les centaines de kilomètres accumulés dans les pattes depuis plus de 20 ans. La surpuissance de la décontraction pour un chant du cygne inespéré.

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