Lorsqu’un chanteur d’opéra perd sa voix en pleine représentation, sa doublure se tient prête à le seconder. Une situation peu banale mais pas inédite qui s’est produite ce dimanche 19 décembre lors de la première d’Otello de Rossini, à l’Opéra Royal de Wallonie. Le ténor Sergey Romanovsky, souffrant, a très rapidement perdu sa voix. Il est donc resté sur scène pour jouer son rôle, tandis que sa doublure, le ténor russe Anton Rositskiy, interprétait la partie chantée depuis les coulisses.
La première de l’Otello de Rossini, absolue rareté, s’est déroulée ce dimanche 19 décembre à l’Opéra Royal de Wallonie dans une ambiance un peu particulière. Cette production avait été pensée par Stefano Mazzonis di Pralafera, directeur défunt de l’Opéra Royal de Wallonie, remplacé depuis par Stefano Pace. Elle devait être dirigée par le chef d’orchestre Gianluigi Gelmetti, lui aussi décédé en août dernier. Le rôle de Iago aurait dû être chanté par le ténor Maxime Melnik qui a été brutalement remercié par la nouvelle direction. Et enfin, cette représentation, qui devait être jouée devant une salle comble, a été jouée devant un parterre de 200 spectateurs, mesures sanitaires obligent.
Et cette atmosphère particulière s’est renforcée lorsqu’en début de soirée, l’Opéra a annoncé que le ténor russe Sergey Romanovsky, titulaire du rôle d’Otello, a tenu à chanter bien que malade. Après quelques minutes de représentation, il était clair que Sergey Romanovsky ne parviendrait pas au bout des trois heures de l’opéra. Mais le spectacle continue. Otello quitte la scène un instant, comme cela est prévu dans l’opéra et lorsqu’il refait son entrée, on aperçoit sur le côté de la scène un régisseur qui installe un pupitre. Arrive un ténor vêtu d’un frac, qui se met à chanter le rôle d’Otello tandis que Romanovsky mime son rôle sur scène. Ce sauveur, c’est le ténor russe Anton Rositskiy, doublure d’Otello, qui était heureusement présent dans les coulisses pour cette première représentation. Comme l’exprime Camille De Rijck dans sa chronique (à écouter ci-dessous), Anton Rostskiy fait mieux qu’assurer vocalement le remplacement au pied levé de Romanovsky et offre quelques moments de chant très excitants.