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Serie A, AS Rome : José Mourinho, le schtroumpf grognon est-il devenu has-been ?

José Mourinho est-il devenu has-been ?

© AFP or licensors

Par Antoine Hick

La Roma est en crise. Si l’affirmation pouvait être un peu présomptueuse il y a quelques semaines, la défaite de ce week-end face au promu de Venise (3-2) ne laisse plus aucun doute. Sur une série de deux défaites consécutives et d’un indigent bilan de 4/15, la Louve navigue déjà en eaux troubles, à la 6e place de Serie A et déjà à 13 (!) points du leader, Naples.

Et même si José Mourinho, le coach des Romains, braille, à qui veut bien l’entendre, que l’objectif n’est évidemment pas le titre mais "la 4e place", force est d’avouer que, pour l’instant, ces Giallorossi ne répondent pas aux attentes.

Et comme souvent dans ces cas-là, c’est la position du coach qui se retrouve fragilisée. Un José Mourinho, arrivé sur la pointe des pieds l’été dernier (après des expériences globalement ratées à United et Tottenham) et qu’on avait senti… changé.

Le Special One semblait plus apaisé, serein, presque souriant. Comme à ses débuts, ultra-victorieux, avec Porto ou Chelsea, il avait re-pris l’habitude de se présenter à la presse tel un gladiateur, prêt à tout pour défendre ses joueurs et mettre la responsabilité d’une éventuelle défaite sur ses épaules à lui.

Malheureusement, cette façade new look s’est trop vite effritée, le vrai Mourinho ayant tendance à ressurgir au moindre accroc. Le "vrai" Mourinho, ou plutôt celui que le grand public ne connaît que trop bien, ronchon, hautain, presque désagréable. Celui qui (trop souvent) aime s’en prendre aux arbitres dès que le scénario d’un match ne tourne pas en sa faveur. "Je ne sais pas si c’est parce qu’on dispute la Conference League mais les arbitres ont vraiment été nuls", analysait-il par exemple jeudi dernier après le faux pas de ses Romains contre le Bodo Glimt, modeste formation norvégienne (2-2).

"Les arbitres sont nuls"

José Mourinho, coach de l'AS Roma.

Ce Mourinho qui, aussi fin tacticien qu’il soit, a souvent eu tendance à se mettre une partie de son noyau à dos. Cela avait été le cas à Manchester United (2016-2018), cela pourrait encore être le cas à la Roma, où ses déclarations d’après-match ce week-end, ne devraient pas plaider sa cause : "L’effectif n’est pas meilleur que l’an dernier" a-t-il entamé, comme pour lancer une dernière bouteille à la mer et justifier les récents mauvais résultats. "Hormis le gardien (NDLR : Rui Patricio) qui est arrivé suite à ma demande, Abraham et Vina ont débarqué parce qu’il fallait réagir au départ de Dzeko et à la blessure de Spinazzola. Pour le reste, c’est l’équipe de l’année dernière."

Une façon, typiquement mourinhesque, de se dédouaner des mauvais résultats antérieurs (et futurs) en pointant du doigt la qualité du noyau, la mentalité des joueurs et le mercato de la direction. En d’autres termes en remettant la responsabilité sur tout le monde… sauf lui. Une question se pose dès lors : le personnage du schtroumpf grognon José Mourinho est-il devenu has-been ?

The Fired one ?

Pour tenter d’y répondre, plongeons-nous dans les statistiques, domaine dont Mourinho raffole lui aussi. Depuis sa montée en puissance avec Porto en 2002, le Special One a coaché 8 équipes (Porto, Chelsea, l’Inter, le Real Madrid, Chelsea 2x, Manchester United, Tottenham et la Roma).

Et si en début de carrière sa moyenne de points atteignait des sommets inespérés, depuis, elle n’a fait que dégringoler. Jugez plutôt par vous-mêmes dans le tableau ci-dessous. Depuis qu’il a quitté le Real Madrid en 2013, Mourinho n’a plus jamais dépassé la barre des deux points par match. Une traversée du désert symptomatique d’un message qui a peut-être plus de mal à passer.

Porto (2002-2004) 126 matches 2,31 points/match
Chelsea (2004-2007 184 matches 2,23 points/match
Inter (2008-2010) 108 matches 2,12 points/match
Real Madrid (2010-2013) 178 matches 2,30 points/match
Chelsea (2013-2015) 136 matches 1,96 points/match
Manchester United (2016-2018) 144 matches 1,97 points/match
Tottenham (2019-2021) 86 matches 1,77 points/match
AS Rome (2021 – ?) 18 matches 1,78/match

Et si l’échantillon romain (18 matches) peut paraître trop faible (pour certains) pour tirer de vraies conclusions, force est de constater que, depuis 2005 (!), seuls deux coaches sur 11 (Enrique et Montella) présentent une pire moyenne de points à la tête de l’AS Rome que Mourinho.

Et qu’en est-il de ses trophées ? Habitué à rafler tous les lauriers partout où il passait, Mourinho est aujourd’hui sevré de médailles. Son dernier trophée ? Une Europa League glanée en 2017 avec Manchester United, quelques mois avant de quitter le club. Depuis ? Plus rien.

Récemment, Mourinho est d’ailleurs monté au créneau pour critiquer la décision de Tottenham de licencier Nuno Espirito Santo après 10 matches. Peut-être est-ce parce que, lui aussi, sent le vent tourner en sa défaveur ? Et qu’il a peur de prendre la porte romaine après… 18 rencontres ?

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