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Sexe : ils sont étudiants et travailleurs du sexe

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Par Christian Rousseau

Escort, star du porno, cam girl… Au Royaume-Uni, on estime qu’un étudiant sur 20 travaille dans l’industrie du sexe. Le phénomène est particulièrement présent aux USA et au Royaume-Uni où les études sont très coûteuses. Un documentaire plonge dans cet univers mal connu.

La plupart des étudiants anglais auront accumulé une dette dépassant les 60.000 livres à la fin de leur cursus. Ils sont d’ailleurs plus de 80% à travailler à temps partiel pour payer leurs études. Certains sont ainsi tentés de se tourner vers l’industrie du sexe

Un chiffre effarant : L’année dernière, 75.000 jeunes filles étaient enregistrées sur un site de Sugar Babbies en Angleterre. Une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente.

Au Royaume-Uni, 1 étudiant sur 20 travaille dans l’industrie du sexe pour gagner un peu d’argent.

Tom est en deuxième année à l’université. Il étudie la physique.

La question de l’argent s’est posée très vite. Il y avait le matériel, les manuels et le loyer à payer. Mais il n’avait pas beaucoup d’argent. Il a exercé quelques boulots " traditionnels " mais il avait quand même beaucoup de difficultés à nouer les deux bouts.

Je suis escort pour payer mes études. Je donne la priorité à mes études. Toujours.

Au fil des discussions, Il a découvert que c’était courant à l’université. Des cams girls engrangeaient des petites fortunes.

Je vois cela comme un jeu de rôle. Ce n’est pas le genre de choses que je ferai au quotidien.

Un engrenage ?

Jasmine étudie les sciences paramédicales. Elle a plusieurs petits boulots afin de financer ses études. Mais elle fait de la webcam érotique chez elle.

Le principe est simple. Les visiteurs peuvent la voir quelque temps gratuitement. S’ils veulent en voir plus ou s’ils ont des demandes particulières, ils doivent payer à la minute. Une occupation lucrative. Elle peut gagner jusqu’à 1000 euros en une soirée.

 

L’argent au début c’est pour approvisionner la carte de crédit. Ensuite, on prend goût aux opportunités

 

Si ce " travail " lui apporte un certain confort, ce n’est pas sans risque. On prend très vite goût au luxe. Elle s’est même inscrite sur un site de Sugar Daddies. Elle n’a aucune honte à l’avouer.

Je veux des soins de beauté pour mes ongles et mes cheveux. Je veux de l’aide pour ma voiture, mes factures, mon loyer, les vêtements, les accessoires et une allocation mensuelle.

Sa mère est inquiète mais elle n’a pas de solution : "Elle a 22 ans. Ça finance ses études de compta. Je ne peux pas l’empêcher de le faire."

Des déclarations glaçantes. Mais tout cela n’est pas sans risque. Des indiscrétions ont eu lieu sur ces occupations. Elles menacent, maintenant, son inscription à l’université.

Des chiffres à faire peur

Nos témoins l’affirment, l’industrie du sexe rapporte :

  • Entre 600 et 1300 euros par jour pour tourner des vidéos
  • Etre escort : 120 euros par heure
  • Un strip tease : entre 200 à 550 euros

C’est nettement plus pratique que d’être serveuse

D’autres y voient une solution de facilité pour gagner de l’argent sans trop se poser de questions. Rue a un petit ami. Ensemble, ils tournent des séquences pornographiques.

Au départ de leur relation, il n’y était pas destiné mais il comprend sa démarche.

Les étudiantes choisissent de travailler dans le sexe, c’est pratique. Vous pouvez travailler de chez vous et étudier pendant que vous travaillez.

C’est nettement plus pratique que d’être serveuse.

Pas facile à assumer

L’industrie du sexe, même virtuel, peut comporter des risques. On peut être stigmatisé. Les idées fausses et négatives circulent dans l’opinion. Certains pensent que toutes les filles sont des traînées et beaucoup y ont perdu des amis.

Ellen en témoigne. Elle a 23 ans et étudie le droit et la criminologie.

Son cursus universitaire est intense et coûteux. Comme beaucoup, elle a dû trouver un boulot alternatif. Très vite, elle est devenue mannequin de fessée. Elle s’est ensuite tournée vers des tournages plus hardcore.

Mais elle n’avait pas envisagé que ses camarades de classe la regarderaient en ligne.

J’ai vraiment détesté quand ça s’est su.

Les gens ont commencé à l’insulter, à la menacer. Et comme elle le dit : c’est difficile de recevoir cette haine quand on sait que l’on ne peut pas l’arrêter.

Le harcèlement s’est poursuivi sur les réseaux sociaux. Elle a dû se résoudre à suivre des cours par correspondance pour terminer son cursus.

 

Et chez nous ?

Si c’est difficile à évaluer, certaines études estiment que la prostitution touche 3 à 5% des étudiants dans les pays non-abolitionnistes comme la Belgique. On estime ainsi que dans notre pays de 3 à 10% des étudiant(e) s ont un job lié à l’industrie du sexe.

De même, le phénomène des Sugar Daddies prend de l’ampleur chez nous. Plusieurs milliers de jeunes seraient inscrits sur ces sites spécialisés.


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