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Sexisme et courant masculiniste chez les jeunes révélés dans une étude française alarmante

« Le sexisme, on ne sait pas toujours comment ça commence, mais on sait comment ça se termine… » Voilà le slogan de la campagne nationale du HCE de lutte contre le sexisme du 23 au 27 janvier 2023.

© Getty Images

"Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent et les jeunes générations sont les plus touchées." Un constat désolant réalisé par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dans son rapport annuel sur l’état du sexisme en France publié le 23 janvier. Le HCE ajoute : "cinq ans après #MeToo", le rapport dresse le constat d’une société française qui demeure très sexiste dans toutes ses sphères : les femmes restent inégalement traitées par rapport aux hommes, et elles restent victimes d’actes et propos sexistes dans des proportions importantes. De fait, le nombre et la gravité de ces actes augmentent, dans l’espace public, professionnel, privé, numérique…"

Cette étude repose sur les résultats du "Baromètre Sexisme" mené avec l’institut Viavoice qui a interrogé un échantillon de 2500 personnes âgées de 15 ans et plus.

Si le rapport relève "des avancées incontestables en matière de droits des femmes" il évoque toutefois une "situation alarmante […] qui s’aggrave avec l’apparition de phénomènes nouveaux : violence en ligne, virulence accrue sur les réseaux sociaux, barbarie dans de très nombreuses productions de l’industrie pornographique, affirmation d’une sphère masculiniste et antiféministe."

Face aux avancées, un "mouvement réactionnaire à l’égard des femmes" apparait. C’est le phénomène du "backlash".

Sexisme et masculinisme chez les hommes jeunes

Si la perception globale des agressions sexistes et sexuelles diffère chez les femmes et les hommes (exemple : "le mansplaining n’est perçu comme problématique que par 54% des hommes contre 75% des femmes (21 points d’écart)") ces différences sont encore accentuées chez les hommes jeunes. Le HCE écrit : "Parmi les hommes de moins de 35 ans, on observe un ancrage plus important des clichés " masculinistes " […] Par exemple, 20% des 25-34 ans considèrent que pour être respecté en tant qu’homme dans la société, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis (contre 8% en moyenne) ; 32% d’entre eux considèrent que le barbecue est une affaire d’homme, soit quasiment 10 points de plus que la moyenne des hommes (23%)." Plus problématique encore : "21% considèrent qu’il faut rouler vite (9% en moyenne) et 23% qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter (11% en moyenne)".

Le rapport poursuit : "Ces jeunes hommes sont également plus nombreux à exprimer des opinions sexistes sur des situations auxquelles ils sont a priori davantage exposés que leurs aînés. Ainsi, seuls 48% des hommes entre 15 et 34 ans considèrent que l’image des femmes véhiculées par les contenus pornographiques est problématique contre 79% des hommes âgés de 65 ans et plus."

En matière de consentement sexuel, là encore les hommes "peinent à se sentir concernés": "Alors que 37% des femmes ont déjà vécu une situation de non-consentement, seuls 12% des hommes déclarent qu’ils ont déjà insisté pour avoir un rapport sexuel alors que leur partenaire n’en avait pas envie et 10% qu’ils ont déjà eu un doute sur le consentement de leur partenaire."

Le rapport indique que "les violences sexistes et sexuelles" sont minimisées par "beaucoup" : "23% des hommes considèrent qu’on en fait trop sur les agressions sexuelles."

Sexisme et renoncements quotidiens pour les femmes

Les femmes sont nombreuses à déclarer subir des situations sexistes : "80% d’entre elles ont déjà eu l’impression d’avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe, un score qui ne s’élève qu’à 37% pour les hommes."

Au-delà des violences physiques, sexuelles et psychologiques, le sexisme conduit aussi à une série de renoncements quotidiens pour les femmes : "elles renoncent à sortir et faire des activités seules (55%), à s’habiller comme elles le souhaitent (52%), veillent à ne pas parler trop fort ou hausser le ton (41%), ou encore censurent leur propos par crainte de la réaction des hommes (40%)." Les femmes sont aussi touchées dans leurs déplacements : "8 femmes sur 10 ont peur de rentrer seules chez elles le soir."

Le rapport explique : "Ces contraintes constituent comme une seconde "charge mentale" pour les femmes alors qu’elles doivent déjà subir celle, "classique ", de l’addition des tâches professionnelles, familiales et ménagères."

Le HCE, qui lance cette semaine une vaste campagne de lutte contre le sexisme, appelle à une "intervention des pouvoirs publics" et conclue : "Parce qu’il existe une continuité entre comportements sexistes et actes de violence, il faut apporter une réponse globale pour combattre le sexisme à tous les stades de ce continuum."

Si le constat n’est franchement pas encourageant en France, on peut s’interroger sur l’évolution du sexisme en Belgique. Des études sont menées et des comportements similaires peuvent y être observés notamment sur les réseaux sociaux.

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