Il y a beaucoup de gens qui veulent reproduire des choses qu’ils voient au travers de vidéos pornographiques
L’intégration des pratiques issues de l’univers du X est répandue chez les jeunes puisque près d’un ado sur deux (45%) a déjà tenté de reproduire des scènes vues dans des films pornographiques.
C’est notamment une constatation faite par Léopold, 26 ans, qui a remarqué l’influence de la pornographie auprès de ses partenaires : "Je suis homosexuel et je vois bien que dans ce monde-là, il y a beaucoup de gens qui veulent reproduire des choses qu’ils voient au travers de vidéos pornographiques. Moi, je fonctionne plus au niveau du feeling de la personne, de comment cela se passe et dans le respect de l’un et de l’autre sans vouloir reproduire des choses que j’ai vues sur un écran."
Les jeunes, confrontés de plus en plus tôt à la pornographie
Avec la démocratisation d’internet et l’amélioration des technologies de communication, l’échange d’images et de vidéos a été grandement facilité, permettant aux jeunes d’accéder plus aisément à la pornographie. "Le porno existe depuis les années 70-80 mais à l’époque, pour y avoir accès, il fallait aller dans des endroits spécialisés, des clubs x, des vidéoclubs", explique Camille Nerac, sexologue clinicienne. "Il fallait faire une démarche alors qu’aujourd’hui, c’est facile et le porno vient même parfois aux jeunes sans qu’ils n’aient rien demandé : sur les réseaux sociaux, sur des sites de streaming, des pubs, des pop-up, etc."
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La consommation de contenu pornographique se fait d’ailleurs de plus en plus tôt puisqu’à partir de 12 ans, un jeune sur trois a déjà vu du porno. "Il y a une plus grande consommation qu’auparavant parce que le porno est là, partout, tout le temps, facile d’accès. On peut l’emmener à l’école sur son smartphone, on peut le regarder seul ou en groupe, il est très présent. Et dans les écoles, on constate qu’à 11-12-13 ans, les jeunes ont des questions qui ont attrait au porno comme par exemple : 'Pourquoi la femme crie-t-elle ?'. Ils connaissent aussi des mots assez forts mais pas les bons termes. Ils utilisent des mots assez 'trash' et tout ça, c’est en rapport avec le porno".
Une image, ça s’imprègne vite dans le cerveau.
À force de consommer de la pornographie, les jeunes peuvent développer une vision tronquée de la réalité, stéréotypant au passage leur sexualité.
Le visionnage de ce "porno mainstream", facile d’accès, n’est donc pas sans conséquence : "C’est du porno violent. Les jeunes se retrouvent à regarder du porno violent et ça va venir biaiser leur manière de voir la sexualité", note la sexologue. "Du coup, ils pensent que faire l’amour, avoir un rapport sexuel, c’est ça et ça tronque complètement leur entrée dans la vie sexuelle. Cela a un impact relativement fort parce qu’une image, ça s’imprègne vite dans le cerveau".
Une influence qui peut d’ailleurs amener à ce que des comportements inadaptés, voire condamnables, deviennent la norme dans l’esprit des jeunes.
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Pour 33% des moins de 26 ans, il est normal d’insister pour avoir des rapports sexuels.
En cause ? Les jeunes se réfèrent encore trop souvent au porno où la notion de consentement est quasiment inexistante.
Et cela a aussi une influence sur la perception de la notion de viol. En Belgique, 25% des garçons de 15 à 25 ans estiment par exemple qu’imposer une fellation n’est pas un viol (rappelons qu’en Belgique, le viol est défini comme tout acte de pénétration commis en l’absence de consentement).