"Une fois que tu es en prison, tu ne t’appartiens plus. Tu n’es plus à toi", dit Valérie, ancienne détenue de la maison d’arrêt de Berkendael.
Le système carcéral s’immisce dans l’intimité des détenues, pour la contrôler. Que faire quand son propre corps file entre ses doigts ? Prendre sur soi, oublier, se résigner, accepter, accepter de ne plus être maître de son corps. Quel est l’impact de la surveillance sur l’intimité de ces femmes en prison ?
"Le rapport et le contact entre codétenues sont interdits, sous peine de rapport disciplinaire. Tu n’as plus de visite, tu n’as plus de cantine, tu n’as plus droit à rien. Tu n’as déjà rien, mais tu n’as plus droit au moins que rien. […] Le règne de la terreur, c’est ça en fait. Pas de contact. Parce que là, on parle de sexualité, mais la sexualité, c’est un contact. Même si tu prenais la main à une codétenue, hop, hop, hop, hop, elles arrivaient, à 4, 5, 6 : non ! C’est vraiment : le bonheur, non, sous aucun prétexte !"
Les yeux de la prison ne dorment jamais. Ils voient tout. C’est une présence qui poursuit les détenues jusque dans leur cellule. Ces yeux, c’est un judas, un oeilleton, un guichet, une fenêtre, peu importe comment on décide de l’appeler. C’est un moyen d’être surveillée qui est incontrôlable pour les détenues.
"En prison, toutes les heures, on contrôle. On allume la lumière, on lève le judas. Donc, même l’autoplaisir, c’est hyper compliqué."
Ce contrôle permanent, ces regards incessants à travers l’oeilleton, Valérie et d’autres détenues les perçoivent comme une violence de l’intime. Mais parfois, ce sont les murs qui ont des oreilles.
"Tu as un boîtier dans ta cellule avec une sorte d’alarme, où tu peux appuyer sur un bouton en cas de danger. En fait, tu communiquais avec la tour de contrôle et on savait que les gardiens pouvaient aussi appuyer sur le bouton et écouter ce qu’il se passait dans les cellules."