Sur l’île de Curieuse, les touristes sont de retour. A quelques mètres de la plage de sable blanc sur laquelle ils sont autorisés à débarquer : les premières réfugiées climatiques des Seychelles. Des tortues géantes endémiques de l’archipel, qui portent leur énorme carapace. Les doyennes pèsent plus de 250 kilos, et cela ne les empêche pas de quémander des caresses auprès de leurs visiteurs d’un jour.
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Émeline Ravaux a décollé de Paris. Cette rencontre très concrète avec des réfugiées climatiques d’une autre espèce est l’une des surprises de son séjour aux Seychelles. Comme tous les candidats au voyage pour Curieuse, elle s’est acquittée d’une écotaxe qui finance le travail de conservation des espèces sur l’île. " Je n’ai aucun problème à payer si c’est pour que mon argent serve à des réserves comme celle-ci ", commente la jeune Française en caressant la tête de l’une d’entre elles.
Comme la plupart de ses congénères, le reptile centenaire a été transféré de son atoll natal pour échapper à la montée des eaux. "Les tortues terrestres qui vous voyez ici, viennent de l’atoll corallien d’Aldabra ", explique un guide touristique face à un groupe de touristes germanophones.
Trésor universel
Aldabra, c’est quatre grandes îles de corail qui enferment une lagune peu profonde. C’est aussi l’un des plus grands atolls du monde. Il abrite l’un des habitats naturels les plus importants de la planète. L’ensemble est entouré d’un récif de corail, préservé de l’influence humaine, en tout cas de manière directe. Un site de valeur universelle exceptionnelle menacé par les émissions de gaz à effet de serre.
Les premiers transferts de tortues géantes remontent aux années 1970. Aujourd’hui, ces déplacées sont près de 250 à Curieuse, bien ancrées à leur port d’adoption. " Celle-ci est la plus vieille des déplacées d’Aldabra, elle a 110 ans ", affirme Derek, un ranger du Parc Marin des Seychelles. Ce garde pose le pied à terre entre deux patrouilles en bateau. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la menace pour ces îles coralliennes, l’océan, est aussi sa plus précieuse réserve de biodiversité. " Cela arrive de plus en plus souvent que la côte s’érode sur ce littoral, surtout pendant la saison cyclonique ", explique Derek, à bord de son " speedboat " qu’il ne pousse jamais à pleine vitesse pour ne pas déranger la faune marine, et surtout avoir le temps de relever les infractions dans le Parc Marin.