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Shanghai cultive sa robe qipao, icône des années folles

Shanghai cultive sa robe qipao, icône des années folles.

© Jessica Wang/AFP

Par RTBF avec AFP

C'est une tenue pour toujours associée au Shanghai des années 1920, lorsque la métropole chinoise se prenait pour "le Paris de l'Orient". Cent ans plus tard, la robe traditionnelle qipao se cherche une nouvelle jeunesse sur les bords du Huangpu.

La pièce "bourgeoise et décadente" remonte sur les podiums

L'élégante tenue au col montant et jupon fendu peut facilement coûter 4.500 euros lorsqu'elle sort de l'atelier de Zhou Zhuguang, co-fondateur d'Hanart, une maison spécialisée dans la qipao haut de gamme. "Même moi je préfèrerais qu'elles soient moins chères", admet le couturier. "Mais c'est tout un art... certaines de nos tailleuses passent une vie entière à apprendre à fabriquer les qipao."

La robe étroite avait incarné la libération des femmes dans le trépidant Shanghai des années 1920, après la fin de l'empire mandchou et des pieds bandés.

Elle ne survivra pas à l'arrivée au pouvoir des prudes communistes en 1949. Considérée comme "bourgeoise et décadente", la qipao doit se cacher.

Elle remontera sur le devant de la scène à la faveur des réformes et de l'enrichissement phénoménal de la capitale économique chinoise à la fin du XXe siècle.

Produite à la chaîne, elle est parfois vendue dans la grande distribution pour à peine 100 yuans (15 euros). On la croise couramment à l'occasion de mariages ou de réceptions officielles.

Les créateurs ciblent la jeune génération

Mais M. Zhou a trouvé un débouché du côté du luxe en recourant à des matériaux coûteux et des dessins recherchés. Lors d'un défilé à la fin de l'an dernier, il a présenté des versions modernisées de la robe traditionnelle en leur ajoutant des éléments d'importation tels que dentelle, franges, velours, paillettes ou broderie. "Ce que je veux, c'est que davantage de jeunes femmes portent la qipao", explique le styliste de 59 ans.

Depuis sa boutique spécialisée, Yang Zhenzhen, 28 ans, tente d'intéresser les gens de sa génération à l'habit traditionnel via son site de vente en ligne, où elle joue le rôle "d'influenceuse". Sa boutique vise les 25-45 ans avec des modèles qui démarrent aux alentours de 550 euros. "Les jeunes apportent une nouvelle vie et de l'énergie", explique Mme Yang, qui est tombée amoureuse des qipao dans son enfance et a commencé à les collectionner il y a cinq ans. "Si les jeunes ne les portent pas aujourd'hui, plus personne n'en portera quand elles seront vieilles", s'alarme-t-elle.

Or la qipao souffre d'un préjugé selon lequel elle serait avant tout une robe de vieille dame. "Il y a des idées fausses bien enracinées. Ce que j'essaie de faire, c'est de convaincre les gens du vrai sens de la qipao" et toute la liberté qui l'accompagnait dans les années 1920.

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