La Belgique va-t-elle vivre le cauchemar d’une quatrième vague de Covid-19 cet automne ? C’est la question que beaucoup se posent à la lecture des tableaux de chiffres de l’épidémie de Sciensano : tous les indicateurs y sont en effet à la hausse, une hausse qui semble toujours en train de s’accélérer.
Les épidémiologistes Emmanuel André et Sophie Lucas faisaient le point dans "le Parti Pris" de Matin Première sur cette évolution, ses conséquences et les conclusions à en tirer.
"Cela fait plusieurs semaines qu’on voit les chiffres qui augmentent dans certaines poches de la population, analyse Emmanuel André. Ici on a une hausse plus générale des contaminations, qui inévitablement passe par une augmentation des admissions. Que ce soit une vraie vague ou une marée, il y a en tout cas quelque chose qui est en train de se passer, et c’est donc le moment de resserrer certaines mesures de protection".
A quoi attribuer cette vague, vaguelette ou marée ?
"Il y a plusieurs facteurs, estime Emmanuel André, mais le plus évident c’est le froid. On aère moins, on reste à l’intérieur, on a tendance à côtoyer plus de gens dans de petits espaces fermés."
"On a aussi rouvert toute une série de secteurs, comme le monde de la nuit, et on sait que le virus se répand plus facilement dans ce genre de circonstances avec un grand nombre de personnes dans des espaces fermés. Je ne veux pas du tout pointer ce secteur en particulier, et il y a une série de mesures de prévention qui ont été prises, mais il faut se rendre compte que ce que le Covid Safe Ticket garantit, c’est de protéger si vous êtes vacciné contre une forme grave. L’avantage est beaucoup plus limité sur la transmission, il ne suffit en tout cas pas dans un endroit bondé".
Parmi les patients hospitalisés, on retrouve à nouveau des personnes plus âgées, et pourtant vaccinées. "On s’y attendait : plus il y a une grande part de vaccinés, plus une petite partie d’entre eux peuvent se retrouver parmi les hospitalisés, note Sophie Lucas. Ce qu’on constate, c’est que ce sont à nouveau les plus fragiles qui sont touchés. Ce sont celles qui ont été vaccinées les premières, celles aussi chez qui l’immunité peut diminuer le plus vite".
La situation n’en est pas nécessairement inquiétante pour autant, "d’autant qu’on a instauré la troisième dose pour ces personnes vaccinées en premier lieu. Ça va donc progressivement se corriger avec l’administration de cette troisième dose".
La Flandre, où les chiffres montent encore plus vite que dans le reste du pays, devrait-elle aussi adopter un pass sanitaire ? "Plus de 90% de la population est vaccinée" rappelle Emmanuel André, qui estime dès lors que l’avantage d’un Covid Safe Ticket serait assez faible. Il préconise par contre deux choses :
- "Si on n’est pas encore vacciné, il faut se dépêcher de le faire, car on va être encore plus exposé que les autres aux formes sévères de l’infection, et ce pour toutes les tranches d’âge".
- "Par rapport à toutes les mesures qu’on peut prendre, le plus efficace est d’appliquer tout ce qu’on a appris avec un peu plus de rigueur, pour éviter que la transmission se fasse de façon trop rapide. Ça veut dire mettre le masque quand il y a beaucoup de monde en intérieur, ventiler, et garder certaines distances quand c’est nécessaire".