Littérature

"Si Rome n’avait pas chuté" : quand un historien écrit son roman uchronique avec ChatGPT

Première de couverture de "Si Rome n’avait pas chuté" roman uchronique de Raphaël Doan.

© Passés/Composés / Raphaël Doan

Par Louis Thiébaut

Que serait devenu le monde si l’empire romain n’était pas tombé ? C’est la question que s’est posée le jeune historien français Raphaël Doan dans son nouveau roman paru aux éditions Passés/Composés. Et pour y répondre, c’est à ChatGPT que l’auteur a demandé de l’aide.

Photographie de l'historien Raphaël Doan.

Avec le développement sans précédent des IA, la crainte d’un remplacement par les intelligences artificielles est renforcée. Déjà capable de générer des textes, images, musiques et vidéos, l’IA ne cesse de surprendre et d’inquiéter. Raphaël Doan, jeune historien de l’Antiquité a décidé de s’approprier cette nouvelle technologie pour la mettre au service de son écriture. Passionné par l’IA, le jeune diplômé de l’ENS et de l’ENA s’est plongé dans la recherche sur l’IA générative pour en tirer le plus grand profit et comprendre comment l’histoire pourrait utiliser intelligemment ces nouveaux outils.

De ses recherches est né un roman : "Si Rome n’avait pas chuté". Une uchronie où l’empire romain aurait vécu une révolution industrielle avant l’heure. L’écrivain part d’une simple interrogation : Et si Rome avait inventé la machine à vapeur ? De ce point de départ commence un dialogue entre l’historien, qui a imaginé le scénario, et ChatGPT qui a créé les illustrations et les textes.

"Vue d’artiste de l’un des premiers chars à vapeur militaires". Légende et image générées par une IA pour le roman "Si Rome n’avait pas chuté".
"Vue d’artiste de l’un des premiers chars à vapeur militaires". Légende et image générées par une IA pour le roman "Si Rome n’avait pas chuté". © Raphaël Doan / Passés/composés

Pour l’écrivain, l’utilisation d’une IA est une base de réflexion et permet d’explorer des pistes auxquelles il n’avait pas pensé. "Le programme a spontanément mélangé l’histoire d’une figure comme Thomas Edison (1847-1931) à celle de grands personnages romains exécutés par les empereurs… L’intelligence artificielle a cette capacité de faire des rapprochements entre des choses qui n’ont pas été mises en relation auparavant" souligne Raphaël Doan.

Dans le premier chapitre de son ouvrage, l’auteur explique la façon dont il a travaillé dévoilant les points forts d’un tel processus de création mais aussi ses faiblesses. En tant qu’historien, il rencontrera très vite un problème de véracité provoqué par les "hallucinations de l’IA". Ce phénomène est dû à l’impossibilité pour de tels programmes de vérifier l’exactitude de ce qu’ils disent. De plus, le travail n’est pas limité par le simple "copié/collé" mais est le résultat de consignes soumises par l'auteur à ChatGPT. Il est donc primordiale pour l'auteur d'effectuer des vérifications nombreuses et des modifications à un texte souvent trop long. S’ajoute enfin une bienveillance naturelle de l’IA qui n’est, selon Raphaël Doan, pas véritablement en accord avec la période de l’Antiquité. Sans correction, ChatGPT aurait tendance à proposer "une version à l’eau de rose de ce qu’elle pourrait être".

Souvent critiquée pour son non-respect des droits d’auteur, l’IA est vue par Raphaël Doan comme un outil, un instrument, une autre manière de travailler. Pour l’auteur, faire travailler des IA sur différents projets sera une composante inévitable de notre avenir. Une manière d’être plus productif sans être absent du processus de création.

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