Jusqu’à présent, les footballeuses signaient des accords privés avec les clubs et étaient rémunérées par un système d’indemnités. "Si tu tombais enceinte, personne ne te payait. Si tu te cassais le genou, il fallait avoir la chance de jouer dans un club où le président acceptait de te rémunérer, sinon tu n’avais aucun contrat pour te protéger", raconte Carolina Morace, ancienne joueuse devenue ensuite entraineuse et commentatrice.
Celle qui est encore considérée comme l’une des grandes figures du foot féminin italien "a tout sacrifié" pour le sport de haut niveau. "À l’époque je gagnais suffisamment pour pouvoir vivre mais je ne pouvais pas mettre d’argent de côté pour le futur. À presque 60 ans je me retrouve donc sans retraite, avec les genoux ruinés et aucune compensation", confie-t-elle.
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Grâce à leur nouveau statut, les footballeuses auront également droit à des salaires minimums garantis, équivalents à ceux de la Serie C masculine. Soit entre 20.200€ à 26.600€ bruts par an pour les joueuses de 19 ans et plus. "Une bonne base", estime Sara Gama, mais en aucun cas comparable aux millions que reçoivent certains de ses homologues masculins de la Serie A (pour eux, les minimums bruts vont de 30.800€ à 42.400€). "Tout le monde pense que maintenant elles vont gagner de grandes sommes mais ça n’a rien à voir. Elles auront juste la possibilité de faire du sport de haut niveau en se concentrant seulement sur ça", continue Carolina Morace.
C’est la plus grande discrimination de genre en Italie !
En effet, à cause des conditions précaires, des joueuses sont parfois contraintes de cumuler un emploi en plus de leur carrière sportive. C’était notamment le cas de certaines coéquipières de Sara Gama, il y a encore quelques années. "Maintenant, au niveau auquel nous sommes ce n’est plus possible", explique la joueuse de 33 ans, dont l’équipe vient d’être sacrée une nouvelle fois championne d’Italie. Elle-même a préféré poursuivre ses études jusqu’à obtenir un diplôme en Langues et Littératures étrangères. "Je n’ai pas toujours pensé que le football deviendrait mon métier parce que ce n’était pas possible de se l’imaginer", raconte-t-elle.