L’hypersensibilité a toujours existé, mais elle ne portait pas ce nom-là. On parlait de timidité, d’introversion, de discrétion.
Pour Charlotte Wils, psychopraticienne, c’est aujourd’hui presque 30% de la population qui est hypersensible. "Les chiffres augmentent parce qu’on se rend compte qu’il y a probablement beaucoup d’hypersensibles qui ont trop longtemps essayé de se conformer au restant de la population et ont donc dissimulé cette hypersensibilité, peut-être même après avoir été diagnostiqués dépressifs. On fait en sorte de faire taire cette sensibilité, et c’est pourquoi les chiffres étaient inférieurs à la réalité."
Le profil type de l’hypersensible
La première caractéristique, ce sont des sens beaucoup plus aiguisés : l’hypersensible va voir des choses que les autres ne voient pas, il va entendre des choses que les autres n’entendent pas, il va sentir des choses que les autres ne sentent pas.
"Ensuite, au niveau cognitif, les hypersensibles ont des connexions en arborescence, ce qui fait que les choses vont beaucoup plus vite, qu’ils ont un sentiment de décalage par rapport à des groupes de personnes, voire à leur propre famille."
Maurice Barthélémy s’est toujours senti en décalage, "comme un petit extraterrestre". Il s’auto-observait en permanence. C’est ce qu’on appelle le faux self. L’hypersensible se crée une distance avec lui-même pour ne pas prendre les choses trop à vif.
Il a connu des difficultés à l’école, par rapport à l’apprentissage et à la concentration. Il avait un grand besoin d’être très stimulé. Il y avait un malentendu entre ses professeurs et lui : non, il n’était pas dispersé et feignant, il n’était simplement pas tout à fait adapté au système scolaire, pensé plutôt pour les normo-pensants.
"Je ne suis pas favorable à une sectorisation des personnes hypersensibles"
Les enfants hypersensibles ont une grande curiosité, aiment les activités manuelles, la sociabilité, mais ils ont des difficultés au niveau des apprentissages tels qu’ils sont demandés. Ils présentent souvent des troubles associés : hyperactivité, dysgraphie, dyscalculie… Ils sont très créatifs et ont du mal à rester dans les codes de l’enseignement classique. Ils ont besoin que ce soit ludique, que cela sorte presque du cadre scolaire.
Les enseignements atypiques leur sont plus favorables, même si l’idée n’est absolument pas de les sortir de la société, souligne Charlotte Wils.
"Il est important, au contraire, qu’ils apprennent à fonctionner avec les autres, de même pour les adultes hypersensibles. Je ne suis pas favorable à une sectorisation des personnes hypersensibles. Mon travail est de les accompagner à vivre dans cette société, parce qu’on en fait partie. Il est hors de question qu’on se mette à part ou qu’on reste entre nous. Au contraire, c’est véritablement important, y compris en entreprise, de trouver la complémentarité. On est complémentaire en fait, on a besoin les uns des autres."
Les hypersensibles sont aussi beaucoup plus fatigables et donc sujets au burn out. Ils sont en effet extrêmement courageux, perfectionnistes, ils se donnent à fond, ils ont un grand niveau d’exigence vis-à-vis d’eux-mêmes. Ils ont donc besoin de 'pauses sensorielles' pour faire remonter leur niveau d’énergie.